Éducation

Déménagement d’école : l’intendance suivra

Publié le 31/08/2024 à 21:29 | Écrit par Nicolas Gomet | Temps de lecture : 03m47s

(NDLR: C’est la rentrée sous peu. Un moment propice pour se replonger dans les petits détails qui fâchent. Finis Laroche Valmont et son look ringard! Au boulot! Ce papier date de juillet et on peut espérer que depuis, la municipalité a fait le nécessaire. On n’en doute pas une minute.)

Délaissées pendant 40 ans pour la plupart, la rénovation des écoles de la ville de Dole était attendue. Le plan « nouvelles générations » est le nom de ce vaste chantier, il a été lancé en 2021. Le constat de baisse d’effectifs des écoles n‘a pas eu pour effet de chercher à attirer de nouvelles familles (on construit surtout à Dole des logements destinés aux seniors et aux CSP+ de plus de 50 ans) mais d’optimiser les locaux en regroupant des écoles. C’est le cas des écoles maternelles et élémentaires du Poiset qui se regroupent sur le site des écoles de la Bedugue à la rentrée de septembre 2024. Ces écoles, entre lotissements et petite cité HLM, ont la particularité, outre la mixité sociale, que la majorité des élèves venaient à pied ou à vélo. L’inquiétude des parents du Poiset était légitime quant à savoir comment leurs enfants se rendront dans leur nouvelle école, éloignée de près d’un kilomètre sans qu'ils l'aient demandé. 

Le Grand Dole a alors dégainé le projet Moby, qui a pour but de favoriser les mobilités douces. Trois écoles étaient concernées pour tout le Grand Dole, et le site internet de la CPIE Bresse Jura précise que « le Poiset et la Bedugue bénéficient d’un statut particulier du fait de leur prochain regroupement prévu pour la rentrée 2024 ». Le projet qui devait s’achever en juillet 2024 a connu sa dernière réunion en octobre 2023, celle de décembre ayant été annulée faute de personnes disponibles et repoussée en janvier 2024 à une date pour laquelle on attend encore l’invitation. Ce travail est donc inachevé et on ne peut guère en tirer de conclusions.

Devant ces incertitudes, une pétition a été initiée par l’association des parents et amis de l’école du Poiset en février 2024. Elle demandait une navette de bus, ou au moins que les horaires de la ligne régulière s’adaptent à ceux de l’école (de quelques minutes), la gratuité des bus pour les enfants et les accompagnants (pour les moins de 7 ans), ainsi qu’une compensation financière pour celles et ceux qui ne pourraient plus faire l’aller-retour le temps de midi et devraient être pris en charge par le périscolaire. Elle demandait enfin que soit réalisée une étude sur les intentions des parents selon plusieurs scénario afin d’évaluer les besoins : bus matin et soir, bus matin midi et soir ou pas de bus. Leurs enfants iraient-ils bien dans la future école ? Les inscriraient-ils à l’école privée plus proche ? Leurs enfants mangeraient-ils le midi à la cantine ?

La réponse de la mairie fut indigente : le projet Moby aurait conclu qu’il fallait modifier les horaires de la future école pour les adapter aux horaires des bus de ville (les repousser d’1/4 le matin, raccourcir la pause du midi d’autant), et les enfants ne paieraient pas (mais le conseil d’école révélera ensuite que les accompagnants, eux, paieraient). Pas un mot sur tout le reste, sinon se défendre du manque de concertation, en accusant les représentants de parents et les enseignants de ne pas avoir transmis les informations. Les réunions d'information dans lesquelles la future école leur était présentée et où toute demande de modification était jugée hors budget, étant ainsi assimilées à de la concertation...

Avec cette seule alternative laissée par la mairie, il était proposé aux conseils d’écoles, et donc aux représentants de parents d’élèves, de modifier les horaires de la future école pour les faire coïncider avec ceux des bus. Les conseils d’écoles de la Bedugue, dont les enfants ne sont pas concernés par les problèmes de transport, devaient également valider ou invalider ce changement, avec une issue de vote prévisible. Les représentants de parents d'élèves du Poiset ont fait circuler un sondage en urgence fin juin pour savoir dans quelle mesure ce changement, ou son refus, impacterait les familles. D’un côté, 30 % d’enfants, 10 % de maternels, ont déclaré qu’ils prendraient régulièrement le bus (si les horaires étaient décalés et le permettaient) et de l’autre, beaucoup de parents qui devront payer du périscolaire le matin pour quelques minutes en attendant le début des cours en cas de changement d'horaires. Et pour les uns comme les autres, un forfait du midi de 2 heures pour un temps réel de périscolaire de 1h45. Le vote a consacré le statu quo horaire favorable à la majorité des familles. Quant à la minorité, si elle est mécontente, la municipalité pourra encore une fois rejeter la faute sur les représentants de parents d’élèves et des enseignants. Pour la mairie, se féliciter des rénovations, oui ; anticiper et assumer les problèmes, non. Ne vous demandez pas pourquoi la démographie des écoles est en chute libre à Dole.

Nicolas Gomet.




À propos de l'auteur(e) :

Nicolas Gomet

Scientifique polyvalent et explorateur des institutions locales.


Élu écologiste au conseil municipal de Dole

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