Depuis quelques temps, j’ai l’impression que nous sommes collectivement empêtrés dans une forme de sidération face aux dérapages de plus en plus inquiétants et fréquents du monde. En deux mois, Trump a plongé l’Amérique dans un régime fasciste, les attaques contre les minorités ont été ultra-violentes et son administration fait disparaître progressivement toutes les références wokistes des différents sites gouvernementaux (serait-ce finalement ça, la cancel culture ?). Sans parler du DOGE, l’officine dirigée par Elon Musk dans le flou absolu qui coupe à tout bout de champ les financements accordés aux organisations d’aides sociales (aides médicales, aides aux enfants malades, établissements de santé, de culture, …). Pendant ce temps-là, Poutine profite de son influence sur Trump pour compliquer encore la situation en Ukraine, forçant l’Europe à acter une position défensive dangereuse pour nous tous. Les va-t’en-guerre (de Glucksmann à Macron) s’en réjouissent et certains y voient probablement un contre-feu idéal à la situation politique catastrophique de la France.

Car nous ne sommes pas en reste, en terme de dérive fasciste. Macron, qui n’était clairement pas un fervent défenseur de la démocratie depuis son premier mandat et qui a multiplié les attaques envers notre système démocratique a encore passé une nouvelle étape depuis la dissolution, refusant de reconnaître le NFP comme force politique arrivée en tête et donc légitime à tenter un gouvernement. Ne nous voilons pas la face non plus, un gouvernement NFP n’aurait pas tenu longtemps, mais il aurait peut-être pu passer quelques mesures qui aurait soulagé les plus précaires et aurait démontré notre sérieux. Nous nous retrouvons donc avec Retailleau ministre de l’Intérieur, qui, dès son arrivée a multiplié les attaques ad-hominem contre l’état de droit, en plus de donner constamment des gages au RN quant à sa volonté d’appliquer son programme fasciste et raciste. L’immonde Darmanin quant à lui s’occupe de la justice, qu’il connaît bien puisqu’il est empêtré dans un affaire de chantage sexuel. Et voilà depuis un mois qu’on apprend que le catho intégriste et réactionnaire qui nous sert de premier ministre aurait étouffé (à plusieurs reprises) une affaire de viols sur mineurs dans l’école de ses enfants (et où bossait sa femme). En bref, l’atmosphère est nauséabonde et c’est à ces gens-là que les salopards du PS ont décidé de donner carte blanche, trahissant au passage les engagements qu’ils avaient donné auprès de leurs électeur(trice)s, et plus globalement des électeur(trice)s du nouveau front populaire. Léon Blum doit être en train de faire la toupie Beyblade dans sa tombe devant tous ces fossoyeurs du socialisme.

Alors que faisons-nous ? Je crois qu’il va falloir rapidement prendre le recul nécessaire pour comprendre que nous ne réglerons probablement pas cette situation en nous opposant gentiment aux fascistes qui se liguent, en France, en Europe et dans le monde pour réduire en miettes les acquis sociaux pour lesquels nos anciens se sont battus. Il va falloir comprendre que nous sommes dans une situation équivalente à celle des années 30, aux prémices d’un grand dérapage généralisé.

Nous devons saboter.

Au-delà de glisser un bulletin de gauche (au passage, plus jamais PS pour ma part) toutes les X années, nous devons passer à l’action, dénoncer publiquement chaque dérapage, mettre en place des alternatives locales (-faire sans « eux »-), saboter les décisions fascistes, et demander des comptes à ceux qui les soutiennent et/ou laissent faire. Je pense d’ailleurs qu’il va falloir pour cela sortir du carcan des partis et des syndicats, dont la réponse est toujours en retard, et trop faible.

Cette fois, ce sera peut-être la bonne ?

Image d'illustration par Niek Verlaan de Pixabay