Au Cercle de Silence de Dole, le 14 juin dernier, Claude Charbonnier a livré quelques témoignages que nous retranscrivons ici.

Des personnes résidant en France depuis plus de 10 ans sont de plus en plus souvent arrêtées  et, envoyées en CRA, centre de rétention administrative.  Ainsi, un homme  de 67 ans, en fauteuil roulant électrique, arrivé en France en 1959 à l'âge de 1 an, a été arrêté, puis transféré au CRA  de Cornebarrieu  près de Toulouse début mai, alors qu’il résidait à Avignon.  Après trois jours, le médecin a déclaré que le CRA n’était pas adapté à recevoir des personnes ayant un tel handicap... et cet homme a été libéré. Mais à lui  d'organiser son retour à Avignon !

Autre situation : une sénatrice écologiste de Paris, est venue visiter le CRA 2 de Lyon, situé aux abords de l’aéroport Saint-Exupéry, le lundi 26 mai après-midi.

Ce CRA comporte 140 places. De ce CRA, les gens à l’extérieur ne savent pratiquement rien : en effet, « les CRA fonctionnent dans l’opacité la plus totale ». 

Ce CRA est « quasiment toujours plein ». « La prison c’est mieux  que ce CRA », disent des détenus. Avec ses 185 caméras de vidéosurveillance, son architecture carcérale et son organisation très rigide, le centre présente tous les aspects d’une prison, même s’il n’est pas censé en être une. Les retenus sont enfermés 22 heures par jour et ne disposent que d’une heure pour se rendre dans les bureaux des associations. Très peu d’activités sont proposées, aucun exercice physique ou sportif.  Dans ce centre, les conditions sont particulièrement dégradantes : des lieux sales ; des « espaces détentes » dégradés et se résumant à une table ; des chambres qui ne se ferment pas, des toilettes sans portes (et donc sans intimité), un accès aux soins limités... « On sent que tout est fait pour humilier les personnes », dénonce  la sénatrice après sa visite. 

 Des visites qu’elle pourrait bientôt ne plus pouvoir effectuer. Car une décision du 29 avril 2025 du Conseil constitutionnel remet en cause le principe du droit de visite parlementaire dans les lieux de rétention. « Sans ces visites et sans les associations, il n’y a plus de regard neutre, qui ne soit pas celui de l’administration », assure cette sénatrice.  

Et la situation risque de s’aggraver encore. En effet, le 12 mai 2025, le Sénat a voté une proposition de loi des Républicains visant à évincer les associations qui accompagnent les étrangers dans les CRA ; proposition encouragée par le ministre de l’Intérieur.

Pour terminer je vous invite fortement à lire les Lettres aux Cercles de Silence  de Michel Girard  et en particulier la dernière Lettre (n°108), où le Cercle de Silence de Lyon affirme sa  raison d’être : Je vous en donne un petit passage.

« À quoi sert ce cercle de vieux ?

C’est vrai que nous sommes majoritairement des vieux. Plus jeunes, nous avons milité, agi pour ce qui nous semblait un meilleur, un plus juste fonctionnement de notre société. Nous n’en n’avons plus la force. Mais il nous reste des convictions et tant que nous tenons debout, nous tenons à les affirmer.

Notre âge et notre expérience nous ont appris des choses essentielles….

Les vieux que nous sommes sont conscients que leurs convictions ne sont pas dans l’air du temps, mais ils n’y renoncent pas et s’obstinent à les affirmer en lien avec toutes les forces disséminées à travers tout le pays qui les partagent et défendent… « On défend la dignité des plus pauvres, mais en même temps, on défend notre dignité. » (Antoine, 93 ans, assidu des Cercles de silence de Lyon, le 06 juin 2025)

Note de Christophe Martin : je participe très régulièrement au Cercle de Silence de Dole. J’en profite pour penser dans le calme à pas mal de choses. Et je préfère être là statique à m’opposer à des conditions de détention indignes de la France que d’être dans le flot de tous ces Dolois qui font mine de s’occuper pour ne pas regarder ce qui les dérange. Il ne s’agit pas d’ouvrir les vannes de l’immigration massive et de faire profiter de notre système social tous ces gens qui seraient attirés par celui-ci comme semble le craindre la députée Gruet qui veille ainsi à ce que le RN ne prolifère pas dans le coin. Il s’agit seulement de traiter humainement des personnes qui cherchent à vivre avec nous et, pourquoi pas, à intégrer la nation. Sinon, je ne suis pas un fan des vieux mais je préfère être aux côtés de Claude, de Chantal ou du Père Lulu : ils me paraissent plus jeunes de coeur que pas mal d’adeptes de la salle de sport.