Quand les capitalistes font du social
Photo d'illustration : LOIC VENANCE / AFP
(EDIT: J'ai corrigé quelques montants, l'offre c'est : 20€ = un bon d'achat de 10€ à partir de 30€ d'achat).
Ces derniers temps, on parle beaucoup des étudiants en galère, et à juste titre. Je ne suis pas personnellement en difficulté (merci de vous inquiéter!) mais je comprends parfaitement le bordel dans lequel certains de mes collègues se trouvent. En fait, c’est tellement la merde pour les plus précaires, que ça en est devenu un sujet de premier ordre au niveau national, forçant le gouvernement à réagir et communiquer maladroitement, en nous expliquant qu’évidemment, ils étaient sur le coup depuis bien longtemps et qu’ils assurent comme dans tous les domaines d’ailleurs. Ils assurent tellement que tout va aller mieux sans qu’ils ne prennent aucune réelle mesure, et alors qu’on s’est retrouvé dans cette situation à l’insu de leur plein-gré.
Bref, les repas à 1€ pour tous, qu’on demande depuis le début de l’année, je dois bien avouer que pour moi, non boursier, c’est vraiment quelque chose de bien et de rassurant, mais les boursiers précaires, ils n’ont rien de concret, à part leur chèque cadeau pour 2 séances de psy, sachant qu’il y a un psychologue (équivalent temps plein) pour 30,000 étudiants, ce qui se résume à plus ou moins du gros foutage de gueule ! Et voilà qu’en début de semaine, le groupe Intermarché rentre dans le game et nous offre un bon d’achat de 10€ pour 20€ de courses sur présentation de la carte étudiante. Incroyable ! 1/5 de mes courses financées par un groupe de grande-distribution, comment refuser… Alors, c’est pas la soupe populaire non plus, déjà, c’est une grande campagne de com’, mais surtout, il faut d’abord faire 20€ de courses, puis revenir dans le mois qui suit pour refaire 30€ de courses, et ne payer que 20€. Sans déconner, c’est une bonne chose, mais le fait que ce soit des entreprises privées qui prennent des mesures d’aide aux étudiants, ça en dit long sur l’inaction complète de notre gouvernement. La jeunesse, la force de demain, en dépression et qui n’a plus rien à bouffer, va gratter des bons d’achats chez Intermarché pendant que le gouvernement donne 7 milliards d’€ à Air France, distribue 40 milliards d’€ par an de CICE à des entreprises comme Carrefour qui licencient, tout ça sans contre-parties, pendant que ce gouvernement supprime l’ISF, …
En tant qu’étudiant, j’attendrai donc les nouvelles directives concernant mes études à l’accueil de l’intermarché Super au 116 Avenue Jean Jaurès à Dijon, et en attendant des nouvelles de notre ministre, VIVE LES CHEQUES CADEAUX ! (et les numéros verts).
À propos de l'auteur(e) :
Lucien Puget
J'ai toujours été intéressé par la politique et le fonctionnement de notre société. Au cœur des luttes sociales à mes heures perdues, j'aime me faire témoin des bribes de vie de vous autres les humains, et j'en tire mes doctrines de vie et quelques anecdotes amusantes...
Étudiant en informatique