Mode sombre

L'Humanité disparaîtra, bon débarras ! C’est le titre qu’a donné Yves Paccalet à son pamphlet philosophique paru en 2007. C’est également une citation que nous a retorquée un des intervenants présents à la journée Atelier philo du Samedi 22 mai, à Fertans, à une petite demi-heure de Besançon et à une bonne heure de Dole, une journée dont nous avions rapidement parlé dans une brève parue sur Facebook, et où j’avais été sympathiquement invité par le président de l’association Voyons où la philo mène… qui n’est autre que mon ancien professeur de philosophie de lycée.

 

Philippe Roy, donc, m’avait sympathiquement invité à cet atelier pas comme les autres car on fêtait les 10 ans de l’association sur la thématique « ÉcologieS : changer de monde pour le sauver ? » il y a déjà de cela un certain temps, en 2020 même, c’est vous dire ! l’atelier ayant été repoussé deux fois à cause du covid. J’en ai dans la foulée parlé à Juliette, mon acolyte de philosophie de comptoir, et nous étions tous les deux partants.

 

On s’est donc retrouvé à Fertans ce samedi 22 mai au matin, pour commencer aux alentours de 9h20 par une intervention de Marco dont la thématique était «Temps du vertige : l’écologie, éthique et philo-politique d’un combat révolutionnaire ». Alors dit comme ça, ça fait pompeux (c’est un truc de prof de philo!) mais c’est tout à fait abordable. Marco a commencé par nous dépeindre le paysage politique et philosophique en France et plus généralement dans le monde, à différencier des écologies, notamment le concept d’écofascisme dont je vous mets ci-dessous une courte explication :

 

Selon ceux qui décrivent l’écofascisme, les menaces que les activités humaines font peser sur la planète Terre seraient telles que les peuples occidentaux seraient prêts à suivre des dictateurs promettant de préserver leur mode de vie en échange de leur liberté, au prix de l’aggravation des injustices planétaires et de la liquidation d’une part notable des 7,125 milliards d'êtres humains.

 

Bref, de la matière à réflexion quoi, ce qui par ces temps de confusion générale, fait du bien.

J’avais d’ailleurs griffonné sur ma feuille durant l’intervention quelques phrases :

Le constat est celui-ci : la fable du libéralisme ne tient plus, alors comment faire du collectif à l’échelle macro ? Vers quel modèle de société voulons-nous aller ? Et surtout comment en décider ? Dans le gloubi-boulga médiatique actuel, ou à travers une réflexion sérieuse basée sur des savoirs généralisés.

De quoi philosopher de votre côté si vous avez raté ce rendez-vous !

S’en est suivi une période de débat constructif ou chacun pouvait librement sur-enchérir ou remettre en question les propos de l’intervenant, en l’occurrence Marco.

Puis vint la seconde intervention, à 11h30. « Comment mobiliser la population aux enjeux de la transition écologique et citoyenne sur un territoire rural ? » Daniel Hincelin & Gérard Mamet du Collectif Loue Lison. Une problématique qui résonne plutôt bien avec les objectifs de notre média, j’ai donc porté une oreille attentive à ces deux témoignages de luttes, malgré tout bien différent l’un de l’autre. Je ne m’étale pas car il est bien difficile de résumer l’engagement de ces deux personnes, et je commencerais à vous saouler avec mes textes à rallonge.

 

La 3ème intervention, après un apéro et un bon repas, fut celle de Emmanuel Cretin, maire de Nans-sous-Sainte-Anne dont la thématique était « Un exemple de résistance locale : mobilisation citoyenne contre les pesticides ».

L’histoire d’un maire qui n'avait pas vraiment prévu de l’être, qui a toujours bossé dans le domaine de l’environnement notamment pour Natura 2000, et qui par conviction a passé un arrêté anti-pesticide sur sa commune, suivant l’initiative du maire de Langouët. Bon, c’est vrai qu’il ne lui restait plus qu’un seul agriculteur sur la commune et qu’il s’était déjà converti au bio, mais le côté symbolique valait la peine. Emmanuel s’est donc vu suspendre son arrêté par le préfet au titre d’une menace urgente. Puis s’en est suivi un passage au tribunal administratif. Emmanuel était le seul des cinq élus à avoir passé un arrêté similaire et convoqué au tribunal ce jour là à s’être présenté à la barre, sans avocat car ayant préparé sa défense seul. Aujourd’hui il dénonce la toute puissance du ministère de l’écologie sur ce domaine particulier, le laissant démuni, comme tous les autres maires et mairesses. L'Humanité disparaîtra, bon débarras ! C’est comme ça qu’il nous dira qu’il n’a malheureusement que peu d’espoir vis à vis d’un changement de paradigme. Encore une fois, s’en est suivi un long débat, réanimant les souvenirs des insurgés en passant par Nuit Debout et les Gilets jaunes, mais finalement, la question à laquelle il ne reste toujours pas de réponse c’est Comment faire rejoindre cette lutte à des gens qui n’y sont pas sensibilisé…

 

La journée se dirigeait vers sa fin quand le dernier temps de cette journée philosophique pointa le bout de son nez. La projection du film Lettre à G - Repenser notre société avec André Gortz qui mériterait un article à lui tout seul…

 

Vous trouverez plus d’infos sur l’association et l’atelier du 22 mai sur http://reseau.philoplebe.lautre.net/


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À propos de l'auteur(e) :

Lucien Puget

J'ai toujours été intéressé par la politique et le fonctionnement de notre société. Au cœur des luttes sociales à mes heures perdues, j'aime me faire témoin des bribes de vie de vous autres les humains, et j'en tire mes doctrines de vie et quelques anecdotes amusantes...


Étudiant en informatique

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