Jules Grévy, un sacré coquinou

Publié le 26/11/2023 à 19:00 | Écrit par Léandre | Temps de lecture : 01m52s

Vous connaissez tous Jules Grévy, unique président de la République jurassien (1879-1887) et donc figure locale de premier plan (après Pasteur bien-sûr, faut pas déconner). À Dole, il a notamment droit à son parking sa place et en 2021 il a donné son nom à une agréable voie verte, la voie Grévy. Mais saviez-vous que ce natif de Mont-sous-Vaudrey n’a pas achevé son second mandat ? Revenons sur l’un des scandales politico-financiers majeur du XIXe siècle. 

Pour dresser le tableau, il convient dans un premier de temps de s’intéresser aux deux frère et sœur de la famille Wilson, riches industriels d’origine britannique. La sœur, Marguerite, épouse un médecin Eugène Pelouze. Le frère Daniel, épouse quant-à lui une certaine Alice Grévy, qui, vous l’aurez compris, n’est autre que la fille de notre Président-jurassien-bien-aimé Jules Grévy. Hélas, pour d’obscures raisons, Eugène Pelouze demande le divorce et laisse Marguerite seule et éplorée. Qui la consolera  ? Le beau-père de son frère pardi  ! Eh oui, d’après la rumeur, le président Grévy en personne devient son amant. Mais vous me direz, «  CELA NE NOUS REGARDE PAS ». Fermons donc cette page people et venons-en à notre scandale. Daniel Wilson devient député et va profiter de la situation avantageuse de son beau-père pour se lancer dans un lucratif commerce de décorations, notamment la Légion d'honneur, à des personnalités politiques et à d’autres membres de la haute société en échange de faveurs politiques ou financières. Les négociations se déroulais dans une maison-close parisienne et la combine est révélée à la police par une prostituée en bisbille avec ses deux mères-maquerelles. L'affaire est d’abord étouffée, mais la presse finit par s’en emparer. Le scandale éclate au grand jour et un paquet de notables s’avèrent impliqués dans le magouille. Notre jurassien-préféré-après-Pasteur en prend plein la gueule, ses soutiens politiques le lâchent les uns après les autres et ça commence à parler de destitution. Les institutions de la République s’en trouvent lourdement entachées. Jules Grévy finit par céder à la pression et démissionne de la présidence en décembre 1887. Âgé de 80 ans, il se retire à Mont-sous-Vaudrey et ne sera pas jugé, contrairement à Daniel Wilson qui aura droit à son procès. Mais en l'absence de loi interdisant ce type de trafic, ce dernier est acquitté en appel et une incrimination spécifique permettant de réprimer ce type d’affaire est créée   : le trafic d'influence. 




À propos de l'auteur(e) :

Léandre

Néo-dolois radicalisé. Je dessine des personnages avec des gros yeux.


Dessinateur de presse

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