Mode sombre

On a autre chose à faire que de tomber à tout bout de champ dans les pièges du pouvoir bourgeois. Les soi-disant élites ne doivent pas nous dicter notre agenda. Je vais donc faire une proposition pour reprendre la main: à Libres Commères, les rois mages arrivent par conséquent avec un mois d’avance. C’est-à-dire en ce moment même. On ne sait pas trop comment ils ont fait leur coup mais ils ont franchi tous les check-points sans problème et ils sont déjà tous les trois à Bethléem, les mains dans le cambouis parce que tout ne s’est pas passé comme d’habitude. 

D’habitude, Marie est enceinte par la grâce du Saint-Esprit et un petit coup de pouce de l’archange Gabriel. D’habitude, Joseph ferme les yeux sur cette naissance qui n’est pas franchement de son fait et va mettre sa petite famille au vert en Égypte le temps qu’Hérode se calme. D’habitude, les rois mages suivent une étoile et arrivent sans GPS droit sur l’étable avec de l’or, de l’encens et une tarte aux myrtilles. Oui… mais ça, c’était avant!

Aujourd’hui, grâce à Libres Commères, on fait le ménage et on reprend notre histoire en main. 

D’après nos sources qu’on garde au secret comme le permet la Charte de Munich, Melchior est le roi des Perses, un Farsi, un Iranien, quoi! Probablement pas francophone à l’époque parce que Mireille Mathieu n’avait pas encore entamé son tour de chant au Japon. Balthazar est le roi des Arabes, eh oui, car Balthazar est l’anagramme d’araBzthla qui ne veut rien dire du tout, même en verlan. Quant à Gaspard, on le décrit comme rouge de peau dans le Guide du Routard, ce qui laisse à penser que c’est un chef indien, peut-être de Calcutta, peut-être de Kansas City. 

Toujours est-il qu’ils ont bien fait d’arriver en avance et avec leurs épouses respectives qui vont pratiquer une césarienne pour sauver Marie qui attendait des triplés, rien que ça! Joseph va ainsi les baptiser: Jésus, Josette et Jean-Claude. Encore un coup de la Trinité car toc, toc, toc, la Trinité frappe toujours trois fois. Pour des raisons sanitaires évidentes, cet édito ne fait pas mention d’animaux dans la crèche: on ne peut déjà pas y envoyer un gamin avec la varicelle. C’est pas pour y faire entrer un âne avec des punaises de lit!

Avant de repartir, Melchior et Gaspard adoptent chacun un des bambins: c’est ainsi, et on le sait peu, qu’il existe en Iran un nombre non négligeable de Josette et, de manière plus remarquable encore, une poignée de Jean-Claude à Calcutta… ou à Kansas City en fait. Balthazar lui non plus ne repart pas les mains vides. En fait, il ne repart pas du tout. Il s’installe avec le couple pour apprendre la charpente avec Joseph, tout en enseignant quelque petits trucs à Jésus: comment fabriquer des boules antimites, modeler des abris anti-missiles en pâte à sel et multiplier les pains sans calculette. 

On ne va pas vous faire croire qu’ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Non, nous n’irons pas jusque là. Vous savez, l’amitié entre les peuples, ça va, ça vient… Pour le moment, on ne peut pas dire que ça va fort. C’est même un poil tendu entre Dupond et Moretti…

Et on n’a pas parlé d’antisémitisme? Ben, non! Vous n’avez pas lu le titre?

 

Post-partum: Joyeux Noël!


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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