Des brèves qui débordent de la corbeille

Alors que le numéro papier de mai sort de l’imprimerie, voici quelques extras qui n’ont pas trouvé place dans nos colonnes.

ALLEZ HOP, AU MASSACRE.- L’État français doit-il renvoyer les « déserteurs » ukrainiens au front? Ah ah, on fait moins les malins, Messieurs Lecornu et Darmanin, hein! Maintenant que les États-Unis fournissent à nouveau des armes, il va bien bien falloir qu’on trouve des bidasses pour les faire fonctionner! Et les volontaires en âge de se battre, c’est bien ce qui manque sur le front de l’est. Alors on continue d’accueillir sur notre sol des réfugiés ukrainiens, que dis-je des planqués de l’arrière, ou on les livre à Zelensky pour en faire de la chair à canon comme on reconduit des Kurdes dans les geôles de Erdogan? Avant de jouer les va-t-en-guerre, Messieurs les cravatés, allez voir à quoi ça ressemble un champ de bataille. Ensuite revenez dire aux quelques dizaines de milliers d’Ukrainiens en âge de se faire trouer la peau, qu’on n’a pas vraiment de place pour eux en France et que leur devoir de patriotes, c’est là-bas dans les bourbiers dans le Donbass où les attendent la souffrance et la mort. Albert Rambo.

SOLIDAIRES AVEC LES KURDES.- Les Kurdes ont beau avoir donné plus qu’un sérieux coup de main pour vaincre Daech en Syrie, l’administration française semble se ranger derrière le régime d’Erdogan qui détient le leader de l’opposition kurde Abdullah Öcalan depuis 25 ans sur l’île-prison d’Imrali dans la mer de Marmara et dont on est sans nouvelles depuis trois ans maintenant. La France remet donc docilement des opposants au régime aux autorités turques réputées pour leur clémence et leur douceur. Si l’ingérence dans les affaires intérieures d’Ankara serait mal venue de la part du Quai d’Orsay, le ministre Séjourné des Affaires étrangères pourrait quand même se distinguer en attirant les yeux du monde sur les violations de frontières dans le Rojava par l’armée turque. Mais non ! le pays de la liberté et des Droits de l’Homme (mon cul!) continue à distribuer des OQTF aux militants kurdes qu’on n’a plus envie de voir dans le paysage. Rosalie Avoua-Haute.

WORK, POP ET HIT.- Le dernier single de Fat White Family s’intitule « Work ». C’est sans conteste l’un des groupes britanniques les plus déjantés du moment et les plus talentueux. « Work » a été inspiré à Nathan Saoudi par Rocky IV, le genre d’assez mauvais film qu’on regarde en famille à Noël chez les Saoudi. En résulte une chanson pour le moins déstabilisante mais que les fans adorent déjà. Quant au clip, soigné, décapant et décadent, comme d’habitude, il oscille entre Fight Club, Brazil, Querelle et Rocky. Lias Saoudi, le frère de l’autre et le chanteur exhibi du groupe, s’y livre a un véritable entrainement de boxe, d’où le titre. Ce single est sorti le 23 avril alors que nous bouclions le canard. Hasard ou coïncidence? Je ne pense pas. CM

RAPPORT DE GORCE.-Xavier Gorce dessine des petits personnages qui ressemblent à des pingouins mais qui n’en ont pas l’esprit collectif. L’un de ses derniers dessins en date fait preuve d’un esprit réactionnaire rare mais finalement à la hauteur de ce que peut penser ce dessinateur fielleux, payé à la pièce et très vraisemblablement exploité, mais toujours très critique envers le syndicalisme et les revendications en général. Dans le dessin ci-dessous sa charge contre le rapport de force dans les négociations salariales est ni plus ni moins digne du MEDEF. Attention donc à ne pas sourire sans saisir avant le fond de la pensée du dit-Gorce qui, s’il n’est plus au Monde, bénéficie d’une certaine diffusion sur les réseaux sociaux. Mélanie Zétofret.