Chronique de la musique libre pour auditeurs en bonne voie de se libérer.
Ce qu'il y a de bien avec le numéro double de l'été, c'est que cela me permet de faire la rentrée avec une chronique de musique libre. (Tu ne rêves pas, ce n'est pas l'été en hiver, juste un article de la version papier qui a été oublié quelques mois.)
Sinon, au lieu d'écrire un article, j'aurais surement demandé à glisser un sac en plastique dans les pages de l'édition de septembre, histoire que tu puisses poser une gerbe en l'honneur du méprisant de l’extrême centre, qui ne veut pas prêter ses jouets, sans risquer de te tacher. Alors, pourquoi j'ai choisi ce split album entre Kingdom Scum & Buffalomckee au nom imprononçable "AD D dth EA brth D DE" parmi toutes les pépites de ce mois ? Je mettrais ma main à couper que c'est parce que j'apprécie autant le télescopage que permet cette forme d'album, que le style Weirdcore, défriché et popularisé par The Residents, auquel il appartient. En plus, je venais d'écouter la sélection de morceaux réalisée par Earsheltering pour le Netlabel Day, qui se terminait de façon très similaire. Kesako le Netlabel Day ? Juste le jour où les netlabels sortent tels des morts-vivants, pour montrer au monde de l'internet désormais commercial jusqu'au bout des ongles, qu'ils sont toujours là. Google est ton ami, ha ha. Quand mes oreilles se sont posées sur cet exercice de haute voltige, qui intègre à la perfection des éléments plunderphonics, mes yeux étaient au bord des larmes de joie. Les deux projets se rejoignaient parfaitement dans leur art à être là, où on ne les attend pas. Quelle délicieuse sensation que de prendre une main inconnue et de faire l'expérience de se retrouver embarqué dans une autre univers. Pour être plus précis, si Félix avait eu une pochette surprise, au lieu d'un sac, ça aurait été aussi satisfaisant de l'ouvrir que d'écouter la partie du royaume du sperme. En trois mots : Exubérant, Sauvage, Généreux. Même dans leur approche de la mort, ils ne pouvaient résister à convier la résurrection, c'est dire. Quant à Buffalomckee, il nous emporte dans la spirale noire qui se cache mal sous la surface de la vie. En apparence plus noise, mais en réalité surtout un poil plus immersif, il leur renvoie la balle avec brio. On voit alors défiler toute sa vie, à la façon un peu folle dont nos boules de billard se rencontrent sur le billard des multiversalités. C'est-à-dire, qu'on se retrouve à jouer dans le film maudit que se projette en boucle dans la tête une trop grande partie de l'humanité. En trois mots : Corruption, Chaos, Effondrement. Quand l'amusique est bonne, aucun mot ne peut la circonscrire. Viens goutter cette gourmandise sonore bigoût ici >>> https://radiofreealbemut.tumblr.com/post/758769379350577152/lf131mp3-kingdom-scum-and-buffalomckee-ad-d
ps. Si cette musique n'est pas assez extrême, va faire un tour sur Radio Free Albemuth. Ou si c'est trop extrême pour tes oreilles, essaye Multimorphonie sur Cannibal Canniche, le mardi de 17h à 19h & le vendredi de 23h à 1h.
À propos de l'auteur(e) :
Robot Meyrat
Éternel débutant, Chercheur de singularités, Créateur de chimères, Expérimentateur d’inédits. Inscrit dès la naissance à l’école de la Vie. Il m’arrive d’être drôle à mon insu. Je suis mon chemin. Résister au courant principal jusqu’à la Mort et au-delà.