Je trainais un peu des palmes pour aller à cette conférence organisée par l’UES : « Pour une gestion publique et une eau de qualité », ça m’inspirait pas trop. J’avais même été un peu persiffleur dans le dernier Libres Commères. Et puis, Laurence Bernier m’appelle, elle me donne le contact de l’intervenant, un élu PCF, le Progrès accepte une annonce, Christophe Lime accepte l’interview. On s’appelle et bing ! Ça matche tout de suite avec le camarade. L’entretien est plié en moins de dix minutes, c’est carré, sans chichi ni élément de langage, direct, et on se dit à mardi. Mais que s’est-il passé dans ma tête ?
La gestion de l’eau n’est pas ma préoccupation majeure du moment : je ne cherche pas à convertir qui que ce soit à la douche froide intégrale chaque matin. Non, mais Christophe Lime m’a dit trois ou quatre choses qui m’ont sans doute banderillé. Christophe Lime est vice-président chargé de l’eau et de l’assainissement à Grand Besançon Métropole depuis 2001et il est aussi président de France Eau Publique, un réseau d’une centaines de structures (SPL et régies principalement) qui gèrent la flotte aussi bien dans des grandes villes que dans des comcom rurales. Et donc qu’est-ce qu’il m’a dit, le camarade Lime ?
D’une part, la gestion de l’eau en France est dans un processus de reprise en main par le service public. Depuis la fin du XIXe, la Lyonnaise des eaux et la CGE avaient mis la main sur le marché alors qu’en Allemagne et en Belgique par exemple, c’est 100% public. En Suisse, c’est même inscrit dans la constitution : « Tu ne confieras pas l’eau à un opérateur privé ! » La France est donc une anomalie. Mais depuis 20 ans, on est passé d’un 30/70 en faveur du privé à un surprenant 50/50. Diantre ! A l’heure où le service public se fait défoncer par les néolibéraux et les conservateurs, c’est une bonne nouvelle. Un bon point pour Christophe Lime.
D’autre part, l’élu bisontin m’a parlé de patrimoine public géré par le service public mais sous le contrôle des usagers, des salariés et des associations environnementales. Le soviet a parlé en moi. C’est le communisme comme je l’aime, ça. Le tout à l’État entraine des dérives et le peuple doit par conséquent garder la main. Ça ne peut que me plaire, ça !
Enfin, on a parlé SEMOP. Pour mémoire, c’est le régime sous lequel le 6 octobre 2015, Jean-Marie Sermier, alors député-maire de Dole, et SUEZ ont signé la création de Doléa Eau et Doléa Assainissement, les deux premières SemOp en France pour les services d’Eau et d’Assainissement, après appel d’offres tout de même (même si, si j’ai bonne mémoire, Franck Gagnard et JMS se tutoyaient à l’époque). Doléa est détenue à 49 % par la ville de Dole et à 51 % par le groupe SUEZ. Christophe Lime s’est montré très critique sur la société d’économie mixte à opération unique, le pire selon lui. On pourra d’ailleurs lui redemander la différence entre la SPL et la SemOp et on comprendra pourquoi JMS avait choisi de faire un joli cadeau à Suez peut-être pas dans l’intérêt général. Bref, tout ça fait de bonnes raisons d’assister à cette présentation et on pourra (se) poser des questions. Notamment celle de savoir si l’eau doit être ou pas être au programme de la ou les listes qui se présenteront contre la clique à Gagnoux (tiens, ça sonne bien ça, la « clicagagnou » !) Le sujet est chaud et vaut le coup d’être discuté.
Conférence « Pour une gestion publique et une eau de qualité », salle Malet, mardi 3 juin, 18h30, entrée libre.
En lien ici, une très bonne et complète interview de Christophe Lime parue dans Aquagir.

À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.