10/18 : même combat ?
10 septembre 2025 vs 18 septembre 2025. Comparons.
10 : appel parti des limbes d’Internet, mais repris par tout un tas de gens qui en ont marre du merdier dans lequel on patauge tous depuis des années. 18 : appel national classique de l’intersyndicale qui semble craindre de se faire déborder comme avec les gilets jaunes.
10 : mot d’ordre initial appelant à tout bloquer, entendable comme un appel à la grève générale reconductible. 18 : aucun appel à une grève générale reconductible.
10 : mouvement citoyen atypique et spontané. 18 : mouvement syndical classique, conforme aux habitudes.
10 : mouvement offensif, prise d’initiative. 18 : mouvement défensif, attentisme face au pouvoir.
10 : patchwork d’initiatives locales plus ou moins créatives. 18 : mouvement national structuré, cadré.
10 : désorganisation malgré des velléités d’autogestion. 18 : organisation solide à la main des directions syndicales nationales et de leurs relais locaux.
10 : citoyens lambda, une minorité de syndiqués. 18 : large majorité de syndiqués et de sympathisants de syndicats.
10 : mouvement politique réclamant le départ de Macron et de sa clique, aspirant à une vraie démocratie et à la refonte des institutions. 18 : mouvement revendicatif demandant au pouvoir en place de bien vouloir accéder aux revendications habituelles (pouvoir d’achat, salaires, retraite, services publics…) sans remettre en cause le cadre institutionnel.
10 : obtention de la chute du gouvernement avant même de commencer. 18 : demande à être écouté et considéré par le nouveau gouvernement.
10 : on ne cherche pas à parler à des murs. 18 : on veut encore croire au “dialogue social”.
10 : on ne veut plus jouer à un jeu de dupes. 18 : on attend que le gouvernement joue le jeu et renvoie la balle.
10 : on veut créer un vrai rapport de force pour chasser les dirigeants. 18 : on veut juste montrer ses muscles pour attirer l’attention des dirigeants.
10 : on tente des trucs même si on ne sait pas trop comment faire. 18 : on fait ce qu’on a toujours fait même si on sait que ça ne sert à rien.
Le lien entre les deux mouvements ? Pas clair.
Est-ce bien le même mouvement ? Pas sûr.
Les objectifs sont-ils seulement les mêmes ? Pas évident.
L’avenir de ce double mouvement ? Difficile à voir. Toujours en mouvement est le futur. Mais le passé est un phare.
Il est plus que probable que la stratégie éculée du saute-mouton (des journées de mobilisation par-ci par-là entrecoupées de plusieurs semaines d’inaction) donnera le même résultat que d’habitude depuis près de 20 ans, à savoir rien du tout.
On commence déjà à voir un schéma trop bien connu : au lendemain du 18, les syndicats fixent un ultimatum au gouvernement, qui les reçoit pour leur jouer de la flûte, s’ensuit un appel à une nouvelle journée de mobilisation le 2 octobre… Soupir.
Folie que de faire toujours la même chose en s’attendant à des résultats différents. Les syndicats sont-ils fous ? Ou bien luttent-ils avant tout pour la conservation de leur monopole sur les mouvements sociaux et finalement pour leur propre survie ?
Marylise Léon, taulière de la CFDT, nous en donne un bon indice sur BFMTV : “J’ai envie de leur dire [à la gauche et à tous les responsables politiques] : les spécialistes des mouvements sociaux, c’est les organisations syndicales. Chacun son métier ! […] Ça n’est pas aux organisations politiques de décider comment le mouvement social doit s’organiser.” Sous-entendu : c’est le rôle des syndicats ? Encore une différence entre le 10 et le 18 ?
Les connaisseurs sentent bien que je brûle de lancer ici un débat sur la famosa Charte d’Amiens et ses apories, mais je n’en ferai rien… Par contre, si vous voulez vous lancer sur le sujet, n’hésitez surtout pas à nous écrire ! À bon entendeur…

À propos de l'auteur(e) :
Uhm
Noir comme la liberté des anarchistes. Rouge comme l’égalité des communistes. Vert comme la fraternité des humanistes. Énervé comme un homme de gauche dans un monde ravagé par le capitalisme. Misanthrope de désespoir.