Mode sombre

Et voila, en même temps qu’un paquet de lecteurs courageux, mais pas téméraires, j'ai fini par perdre le fil de ma pensée. Désolé. Madame moins est toujours en rendez-vous au bout du monde, elle ne pourra pas m’aider, ce n’est pas grave, je ne vais pas vous niaiser. On reviendra au plus et au moins plus tard. Une fois n’est pas coutume, je me permet de mettre la charrue avant les bœufs.

Enfin, c’est surtout que je ne peux plus attendre pour rendre à César ce qui est à César :
Je n'ai pas inventé l'histoire du rêve de l'animérotique ! Elle est issue de l’imagination fertile de ma compagne. Souvent dans l'Histoire des hommes se sont accaparés l’œuvre de femmes, je n'en donne qu’un exemple célèbre, celui du mari de Margaret Keane.

Si j’appuie sur ce détail, qui n’est pas qu’un détail, ce n’est pas qu’une façon capillotractée de souligner l'importance de mentionner ses sources, afin de permettre au lecteur de vérifier les informations contenues dans un article. Car pour bien faire cela, je devrais développer les problématiques de la propriété intellectuelle, voir de la propriété en générale… Devrait-on mettre un drapeau sur un concept ? Devrait-on mettre un drapeau sur le vivant ? Devrait-on mettre un drapeau sur un territoire ?

Pour la culture une piste de réponse serait : celle ou celui qui travaille une terre serait le mieux placé à y prétendre, mais la terre se travaillant à plusieurs, cela nous oriente vers les communs.
Et justement pour l’autre culture il existe les creative commons.
Par exemple, quel sens cela a pour un journal alternatif de mettre son contenu sous copyright?

Une autre piste, serait de scinder le piratage : Editeurs et GAFA qui s’accaparent les contenus pour leurs bénéfices, d’un coté et de l’autre, le partage : explorateurs qui échantillonnent pour recomposer des œuvres libres et éducateurs qui diffusent des œuvres oubliées ou méconnues, sans en tirer de profit.

Par contre la citation systématique d’auteurs, telle qu’enseignée par l’éducation nationale, me semble aussi aberrante que pour le vivant. Être ou ne pas être, par exemple, comme tout concept est susceptible d’être découvert par n’importe qui. Qui est arrivé le premier sur telle terre ? Alors qu’en plus souvent elle a déjà été visitée par d’autres avant, ce genre d’idolâtrie devrait-être réservée aux livres d’Histoire.

Cependant n’ayant pas l’intention d’écrire un livre, je te renvoie à l’étude des ruines d’un article sur le monde libre qui date peut être pas de Mathusalem, mais au moins de Lamech, que je n’aurai sans doute pas le loisir de mettre à jour durant cette vie, surtout que c’est le genre de sujet qui évolue tellement vite, que j’aurais toutes les chances de me retrouver, à l’instar de Philip K. Dick et son exégèse, face à quelque chose qui ne pourrait jamais être terminé.

Bref, ce détail devait principalement servir à attirer l’attention sûr « à quel point nous sommes des êtresynthétiques dans un universynthétique ». Et montrer que tout créateur est aussi un catalyseur, ou comme dirait Jean Cocteau s’adressant aux jeunes de l’an 2000. « Le poète n’est qu’un schizophrène » https://www.youtube.com/watch?v=3-t1Wo8JEdQ

Maintenant, alors qu’il est plus que temps de revenir au plus et moins, afin d’avoir une idée du conflit entre le copyleft et le copyright, on va faire plus simple, il y a le coté obscure de la force et la résistance.

Parce que le principe d'une équation, c'est souvent de passer à la trappe un certain nombre de choses dites « insignifiantes », pour faciliter la démonstration. Un peu comme on peut décoller les autocollants des facettes d’un Rubik’s Cube ou encore sacrifier une minorité au bénéfice du plus grand nombre... Sans oublier de préciser, avant d'entendre les cris des orfraies assiégeant mon château de carte en Espagne, que je parle d’une équation de mathématiques oniriques, une science imparfaite qui n'a pas peur d'afficher ses limites. Alors pseudo science ? Art d'emberlificoter ? Virus mutant de la peste pataphysique ? On peut se poser ces questions :

1. Peu importe le flacon, tant qu'on éprouve l'ivresse ?

2. Le charlatan qui n'a rien à gagner, mérite-t-il de gagner le titre de chercheur ?

3. Si rien ne se créé, comment ne pas reproduire les erreurs du passé ?

Autre source, que je me dois de mentionner avant d’aller plus loin : Mescalibur. S’il ne m’avait pas rappeler l’importance de l'échange épistolaire, tradition balayée par le raz de marée du tout numérique, Madame moins n’aurait jamais eu l’occasion de m’écrire. Même s’il convient de préciser que c’est à une correspondance musicale qu’il m’a invité. Et si cette mystérieuse personne cachée sous le nom de Madame moins, c’était lui ? La virtualité change les certitudes en croyances. Dernière source, mais pas des moindres, Gino Favotti, j’espère qu’il ne m’en voudra pas de le citer, c’est grâce à sa correspondance que j’ai pu découvrir le concept de « fixisme ».

Après, ce bref aperçu de la diversité de mes sources, voila un aperçu du développement non linéaire d’une pensée créative.

Tout à l'heure, j’ai improvisé le texte d’un morceau de PIRATE Tapes, créé pour un projet du netlabel Camembert électrique sur les origines de la musique. Quand j'ai commencé à parler, le plus et le moins se sont invités ! Mais peut-être est-ce comme les spirales dans le film Uzumaki, si on commence à les regarder, on voit ces polarités apparaître partout. Des petits signes, des petits signes, je suis le collectionneur des petits signes, fredonne celui qui les butine. Pourtant, il y a un chemin et si tu me suis toujours, soit certain que tu t'y perdras, que tu y laissera ta peau : Muer. C'est ce qui se produit, quand on poursuit son chemin intérieur. Mais ne plus en finir d'éclore, cela n'a pas de sens. Imagine celui qui mettrait toutes les pages d'un livre coté à côte pour n’en lire qu’une seule. Cela n'a pas de sens ? A moins que ce ne soit un clin d’œil au Cut-up de Brion Gysin, c’est éclairer plus que de besoin. Si l’on ne veux pas se consumer à la tache, il me semble préférable d'adapter sa conscience au présent. Exemple pratique : ne discourir que sur un sujet à la fois ?

Dans l’improvisation à propos des origines, si l'on retire le vernis mystique sur le libre arbitre, ce qu'il reste c'est surtout l'importance de développer une stratégie au lieu d'une réaction. C’est une évidence que toute personne qui a fait l’expérience de jouer aux Échecs pourra vous confirmer. Comment expliquer que les partisans d’une réaction frontale soient toujours si nombreux ? Peut-être car la base d’une propagande et de faire croire que vous êtes plus et que nous sommes moins. Faire croire qu’il n’y a que deux camps, alors qu’il y en a trois, le plus et le moins sont des signes, mais il y la main en haut qui dessine les équations, qui écrit les story-telling, qui collectionne les nombres et s’en met plein les poches. Que les poches appartiennent à la tête ne lui frappe pas les yeux, c’est normal, elle n’en a pas plus que de cœur. J’ai peur que cela devienne un peu confus... Les maths vont nous aider :
Il y a d’un coté, une infinité de camps, et de l’autre le fermier. Je n’invente rien, c’est dans la Ferme des Animaux, le livre de chevet de tout écolothentique (1).

Comme je l’ai dit lors de ma plongée dans la grève : Beaucoup de personnes en ont rencontrés d’autres et se sont rendues compte que le plus et le moins sont des mythes et qu’elles ont plus en commun entre elles, qu’avec leurs exploitants (tant bien même ils seraient des fermiers bio industriels, histoire de viser l’ambulance de la croissance verte). Heureusement, sinon comme dirait Gino la lutte actuelle risquerait d’être le terreau d’une révolution fasciste. Désolé si je nous ai un peu égaré en chemin et bravo si tu as poursuivis la lecture, tu fais preuve d’une persévérance qui portera ses fruits... Ou d’une curiosité à même de te faire découvrir des mystères insoupçonnés. Enfin, je suis heureux du temps que nous passons ensemble et j’espère que je serai à la hauteur de ta confiance. Je n’ai pas de meilleure cerise à t’offrir que cette citation de Marguerite Duras :
« Qui que tu sois qui me lit je t’aime ».

Quand un jeu cesse de nous amuser, quand un clown ne nous fait plus rire, quand on remise la môme kaléidoscope parmi les vieux tas d’invendus, alors on approche de la fin. Pour récapituler, je pense que l’on a mis le doigt sur un des mécanismes les plus utilisés pour nous manipuler : la division. Et que l’on soupçonne désormais, à quel point le langage porte l’empreinte de ce stratagème. Il est donc indispensable, pour ne plus être sous contrôle, de déprogrammer le langage. L’expérience des buffets à volonté, nous apprend que ce n’est pas parce qu’il semble ne pas y avoir de limite, que l’on peut manger tout et n’importe quoi. La forme explose. Faux exemple de double sens. Plus et Moins, Oui et Non, dépouillés de leurs oripeaux, ils se regardent dans un miroir. Oui tire quand même une drôle de bouille. La façon dont il regarde Non, montre qu’il y a quand même quelque chose qui le turlupine. Dans mon concept de non dualité, ce qui est troublant, c’est qu’Oui ne semble exister que quand il se regarde d’ici, dans le miroir il voit Non.
Et inversement, Non ne se reconnaît que quand il se regarde d’où il est, dans le miroir il voit Oui.

Ce que j’essaie laborieusement de dire, c’est l’importance de la libre focalisation, pouvoir se décentrer. Cela mettra du temps à ce qu’ils cessent de se juger, pour pouvoir cohabiter et désamorcer le clivage du pouvoir. Il n’y a pas une vérité mais des vérités, la polarité est aisément résolue dans un schéma : celui du Ying et du Yang.

Parfois on croit débusquer un lièvre et on se retrouve nez à nez avec un dragon.

Et si toutes les frontières n’étaient là que pour asseoir une domination ? Borner un territoire sous l’emprise d’un prédateur.

A force d’analogies et en me basant sur mon expérience de l’apprentissage, principalement autodidacte, sur ma confrontation à des enseignants utilisant des pédagogies directives et aussi mon expérience de l’enseignement, je me demande si, en définitive, les connaissances de l’enseignant ont la moindre importance ? Est-ce que ce qui compte dans l’apprentissage n’est pas avant tout la démarche d’apprentissage ? Le maître n’obtenant l’illusion d’enseigner, que par la soumission envers son autorité. Quelque soit le ressort, qu’il utilise, l’amour ou la peur. Que ce soit envers sa personne ou sa fonction dans la société.

Cela mériterait d’être creusé, qu’il existe des faits mesurables, quantifiables, n’empêche pas la relativité, que tout ne soit qu’un système de croyance. Si on tire le fil, l’empereur est nu... non ?

Oui, je t’ai promis la panacée. Elle a tout d’une lettre volée. Sortir de la polarité en établissant des ponts. S’évader du linéaire en tissant des liens. Esquiver la binarité en multipliant les alternatives. Rechercher l’autonomie... Quand le jeu est truqué c’est se condamner que de poursuivre la partie. Autant que rester pacifiste face à un état de guerre. Cependant résister peut se faire, tout en développant sa singularité. La lutte est protéiforme « à chacun selon ses moyens...» même si l’adage ici est tronqué et détourné du sens popularisé par Marx. C’est la conclusion à laquelle, je suis parvenu après la lecture de la Zone du Dehors. Comme le dirait tout bon psychologue : il n’y a pas de mauvaise façon de faire : seul compte que nos actes soient en accord avec nos choix. A condition que quelque soit notre degré de radicalité notre intégrité soit préservée. C’est-à-dire que l’on refuse d’utiliser les méthodes des oppresseurs : on ne lutte pas en devenant son propre ennemi !

La norme naît de la comparaison, la recherche de conformité, l’imitation, le fameux contrôle qualité de la société industrielle est un vice terriblement patriarcal : La quête de l’approbation du père !
Et on ne peut être adulte, responsable tant qu’on n’est pas capable de s’accorder soi-même cette validation. Tant que l’on cherche à l’extérieur, ce qui ne peut venir que de nous. Ni dieu, ni maître, nos libertés sont des contraintes apprivoisées, mon autorité ne s’applique qu’à moi.

Avoir su rester enfant n’est pas être un adulte avorté.

De la même façon que cette plongée intérieure, plus l’on restreint son attention, à ce qui est local, plus l’on peut évoluer avec une liberté élevée: On échappe, ou au moins, limite la comparaison. Être « horsnorme » ce n’est pas qu’il n’y ait plus la norme, plus de styles, de modèles, c’est juste s’en affranchir. Pour les retirer de l’équation, se retirer de l’équation. Exemple dans mon interview par Christophe Martin, quand je prétend refuser la pratique de l’exclusion et qu’ensuite je dis « tant pis pour eux, ils n’ont qu’à aller voir ailleurs », ce pas un paradoxe, en réalité, je ne les exclus pas, je m’exclus de leur jeu.

Et pour terminer sur une possible origine oubliée, je suis retombé sur le détournement du site de propagande On nous Manipule, que nous avions faite il y a déjà 4 ans avec Jérome Le Garrec. J'avais presque oublié cette quasi version Alpha des libres commères. Ainsi en guise de dernier échonirique, je t’invite à visiter ce prototype https://ontemanipule-blog.tumblr.com/ et la nouvelle auquel il est lié qui nous manipule ?



Un martien débarquant dans le couloir du C.M.P n’aurait pas été plus surprenant que ce qui se produisit alors. La porte s’ouvrit sur la chevelure noire de madame Moins, qui sortit à reculons, accompagnée de son psy et vint se rasseoir à mes cotés. Le psy retourna dans son bureau. Et comme si rien de particulier ne s’était passé madame Moins me fit remarquer :
- Quand je t’ai lu, j’ai essayé de mettre un nom sur ce que je lisais, j’ai pensé, c’est de la fiction cryptique (2) ! Merci, aussi pour le respect de mon anonymat. J'aurais aimé ne pas sembler être un simple faire valoir féminin, mais je comprends que le format des articles ne t'a pas permis de me laisser un peu plus la parole.

Monsieur Plus :
- Merci toi, au moins de m’avoir permis de montrer que cela n’a aucune importance d’être homme, femme ou toutes les variantes possibles, que ce qui se joue, n’est que la domination des prédateurs, qui érigent des lois pour légitimer leurs prédations. Savoir que je ne suis pas seul à vouloir sortir de ma zone de confort, me conforte à poursuivre notre exploration par l’expérimentation, quels qu’en soient les dangers. Pour la fiction, je préfère ne pas être forcé à rentrer dans une case, je me sens très bien en dehors. Quant à l’anonymat, pas d’inquiétude cela fait partie du jeu, tu sais, je ne suis aussi pas non plus réellement monsieur Plus, loin de là, je m’appelle Robot Meyrat. J’ai rédigé cet article le lundi 17 Février 2020 à Dole.

En guise de conclusion madame Moins rétablit le volume de la Radio Libre Albemuthorsnorme,
et je souffle la chandelle.


Mon Lexique Revisité :
1. Ecolothentiques : A l’opposé de l’écologie politique, qui oublie trop souvent la culture et le social, ils cherchent réellement comment vivre tous ensemble en harmonie sur cette planète.

Un élément de littérature :
2. La fiction cryptique : Genre voisin du réalisme magique et de la fiction psychotique, qui consiste à brouiller les frontières entre réel et imaginaire. On peut dire qu’à l’inverse de cette dernière, c’est la fiction qui émerge au sein d’un essai.

3 outils clefs présentés dans l’ensemble du Glissement sémantique.
1. La flexibilité (action alternative) pouvoir changer de façon d’agir ou de penser. Ne pas être rigide.
2. La perméabilité (libre échange) pouvoir donner/recevoir sans système de classement. Ne pas être imperméable.
3. La mobilité (libre focalisation) pouvoir changer de point de vue sans en privilégier un. Ne pas être autocentré.

Article diffusé sous licence libre https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/deed.fr
Reproduction encouragée avec source et sans modification.
Photographie « L’éclat des marches » de la fontaine des lépreux de Dole par Alexis Kolesnikoff.
https://www.flickr.com/photos/maudit_estuaire/1377984431/

 

(Cet article n'est donc pas régi par les règles habituelles de diffusion consultable ici.)


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À propos de l'auteur(e) :

Robot Meyrat

Éternel débutant, Chercheur de singularités, Créateur de chimères, Expérimentateur d’inédits. Inscrit dès la naissance à l’école de la Vie. Il m’arrive d’être drôle à mon insu. Je suis mon chemin. Résister au courant principal jusqu’à la Mort et au-delà.


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