Des chiffres qui nous assomment
Chaque soir, Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, fait son petit bulletin spécial coronavirus à la télé. Le point du bon docteur Salomon est suivi avec une attention toute religieuse par les lèche-cul des plateaux télé vu que c’est avant tout de la comm ‘ gouvernementale. Le mec est toubib de formation mais il a dû suivre un recyclage en statistiques et embrouilles au passage. Sur un ton qui déclencherait le bordel dans une classe de troisième en moins de deux minutes, il égraine sa litanie de chiffres, entrecoupée de conseils qu’on n’en peut plus d’entendre et de lire partout. Salomon noie dans un verbiage technocratique qui se donne des airs faussement rassurants, d’genre on maitrise parfaitement la situation, annonçant les victimes de pays qui s’en prennent encore plus dans la gueule que nous, il noie, disais-je, dans un tour du monde des ravages de la pandémie, le chiffre que tout le monde attend : le nombre de morts du COVID-19 en France, le chiffre qui révèle son incompétence de sous-fifre gouvernemental, qui, comme tous les autres, a alerté ses supérieurs sans être entendu. Et même là, Salomon n’est pas capable d’être honnête. On a longtemps planqué les morts dans les EHPAD soit disant parce qu’on n’en avait pas le nombre et puis d’un coup, voilà qu’ils déboulent le 7 avril, par milliers, les anciens qui clamsent en silence, loins des caméras et de leurs proches, c’est tellement énorme qu’on en est resté sur le cul, avant de disparaitre le jour d’après, le chiffre, pour des problèmes informatiques pour réapparaitre le jour suivant. Pas facile de s’y retrouver. On atteindrait un palier dans les cas qui se déclarent. Le confinement porte ses fruits. Ouf, on peut commencer à souffler. Mais, non, on va en reprendre pour une quinzaine, et peut-être plus, mais bravo à tous nos soignants ! Quand je vous aurai dit que c’est Jérôme Salomon qui a écrit la partie santé du programme de Macron, vous saurez tout du croquemort.
À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.
Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès
Retrouvez tous les articles de Christophe Martin