Mode sombre

Hélène Genetet va être en résidence à la médiathèque de l’Hôtel-Dieu pendant la Semaine de la presse. Elle n’a pas de carte de presse puisque le journalisme qu’elle pratique ne constitue pas sa principale activité. Néanmoins les podcasts qu’elle réalise sont d’excellente facture (y a des jours où je m’écoute écrire…) et comme on aura l’occasion de la rencontrer ce samedi 19 mars à Dole, je vous encourage à suivre ce lien. Hélène Genetet a deux grands-pères, ce qui est à peu près le cas de tout le monde. Ils étaient tous deux ouvriers. L’un à la Peuge sur Montbéliard, l’autre à Orchamps dans une usine textile. 

C’étaient des taiseux, de ces ouvriers d’après-guerre qui ne la ramenaient pas trop et qui du coup n’ont pas toujours transmis leur vie quotidienne de travailleurs à leurs descendants. Il y avait donc pour Hélène un trou dans le récit familial, un vide qu’elle avait jusqu’à ces jours-ci auréolé d’un certain héroïsme comme les militants ont tendance à le faire. Il faudra qu’un jour je vous raconte ce dont je me souviens du Tonton Le Tonnelier, cheminot sur une locomotive qui fumait autant qu’elle. D’ailleurs ce même samedi mais à 18h00, la MJC de Dole a invité Jean-Gabriel Périot qui va présenter son documentaire « Retour à Reims (fragments) », une histoire intime et politique du monde ouvrier français du début des années 50 à aujourd’hui. Ça promet également mais ce sera un peu chaud au niveau du timing: je vais en toucher un mot aux intéressés pour voir comment on pourra assister aux deux.

Pour en revenir au travail d’Hélène Genetet, elle a retrouvé de nombreuses personnes qui ont connu ses deux grands-pères. A Dole, c’est celui d’Orchamps qui nous intéressera un peu plus. Elle a déjà rassemblé pas mal de témoignages et je lui souhaite bon courage pour gérer ces heures d’enregistrement dont elle fait de subtils montages vraiment agréables à écouter. 

« Garde-le pour toi! », ce sont des portraits sonores de personnalités qui ont évité de tomber dans le moule. Avec « Ouvriers » (titre provisoire), Hélène Genetet s’est lancée dans un projet plus complexe puisque les personnages-thèmes de ces podcasts ont disparu et qu’elle ne réside pas dans la région. Il lui faut donc investiguer auprès de tous ceux qui de loin ou de près ont pu fréquenter ses grands-pères mais également auprès de tous les témoins de la vie ouvrière à Montbéliard ou à Orchamps. Bref, c’est une démarche passionnante d’enquêtrice et ses podcasts rendent compte de cette procédure d’investigation. On est assez prêt de ce que nous appelons à Libres Commères le journalisme gonzo. En fait, c’est ce que je suis en train de faire avec vous. 

Toujours est-il la rencontre avec Hélène Genetet est prometteuse puisqu’on y parlera de la vie ouvrière des 30 Glorieuses dans le Jura (Peugeot, ce sera pour une autre fois) et plus particulièrement de René Genetet qui travaillait pour la société des tissages mécaniques d’Orchamps. Elle expliquera également sa démarche et sa manière de concevoir ce travail de fourmi sonore. 

A présent, je vous confie une mission: si vous entendez parler, durant les quelques jours qui nous séparent du rendez-vous avec Hélène Genetet, de personnes sans doute pas toutes jeunes qui auraient connu René ou l’usine où il travaillait, mais également des personnes qui auraient traversé toute cette période et qui auraient des choses à dire à ce propos, eh bien, venez à la rencontre (samedi 19 mars, 16h30, médiathèque de l’Hôtel-Dieu) ou faites-le-nous avoir à Libres Commères: on transmettra. Comme Hélène Genetet est en résidence pour une dizaine de jours à partir du 19 mars, elle avisera. 


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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