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Obstination déraisonnable

Publié le 08 déc. 2024 à 10:44 | Écrit par
Stéphane Haslé
| Temps de lecture : 03m19s

Louis a écouté, entre accablement et écœurement, l’allocution du Président, ce jeudi 5 décembre. Accablement devant les arguments déployés par un Macron égal à lui-même : aveugle face à l’échec de sa politique, sourd à la voix du peuple, reportant les erreurs commises sur les « extrêmes ». Comment peut-il oser dire que la motion de censure a été adoptée par un front antirépublicain alors que déposer (et voter) une motion de censure est un droit inscrit dans la Constitution de la Ve république ? Qui décide de ce qui est républicain et de ce qui ne l’est pas, dès lors que les textes juridiques sont parfaitement respectés ? Opposer la responsabilité du gouvernement à l’irresponsabilité des censeurs relève de la même logique : les responsables sont ceux qui suivent la ligne macroniste, les irresponsables, ceux qui s’y opposent. Se justifier en considérant qu’un gouvernement est, ipso facto, responsable, est un argument d’autorité et nullement une démonstration politique.

Écœurement devant ce qui s’annonce : la continuation d’un gouvernement de droite, soucieux avant tout de protéger les intérêts des dominants et ignorant les souffrances de la majorité. Écœurement devant le mépris à l’égard de la souveraineté populaire. Faire comme si les fameux « extrêmes » étaient des entités différentes des autres partis, ceux dits « responsables », c’est oublier que la source politique de ces « extrêmes », de leurs représentants et de leurs revendications est, identiquement, le vote populaire, c’est donc introduire une différence de nature entre les citoyens, les uns méritant d’être entendus, les autres ne valant pas un kopeck. Voilà une étrange conception de la démocratie.

La stratégie de Macron est d’un simplisme consternant. Il s’agit de pousser le PS à quitter le NFP, de l’entraîner à se compromettre avec la droite et, ainsi, de rendre impossible l’unité de la gauche, pour rejouer la farce sinistre de « tous contre Le Pen » (ou Bardella, selon les condamnations à venir) au second tour des prochaines présidentielles, convaincu qu’il est qu’aucun candidat de gauche, si celle-ci est dispersée, ne pourra atteindre le second tour. Les socialistes sont pris dans un étau, soit ils restent dans le NFP, mais sont tributaires de LFI, soit ils s’allient, même du bout les lèvres, à la droite, dans les deux cas, leur sort est réglé. Pour sauver ce qui leur reste d’identité, ils doivent se déterminer sur des critères politiques en non électoraux. Le « gouvernement d’intérêt général », dernière trouvaille macronienne, sera le gouvernement d’intérêt général de la droite, qui peut encore en douter ?

Tout le monde aura noté, dans la brève allocution du 5, les allusions à la rénovation de Notre-Dame et à l’organisation des Jeux Olympiques. Ces deux épisodes sont présentés par Macron comme des paradigmes de la vie collective, s’y dessine une sorte de société idéale, où chacun, avec sens du travail, dévouement et bonne volonté, se consacre à un objectif commun et, grâce à cela, triomphe des obstacles et des oppositions. Dans ce schéma, les relations humaines sont pensées comme la conséquence d’options morales individuelles. Chacun doit s’engager pour les autres et tout ira bien. C’est faire comme si les ressorts de la société humaine aujourd’hui n’étaient pas établis sur des rapports sociaux capitalistes, c’est-à-dire, puisqu’il faut le rappeler sans cesse, sur l’exploitation économique de la majorité par une minorité, c’est-à-dire encore, pour aller au bout de l’idée, sur une lutte des classes entre ceux qui possèdent le capital et les moyens de production, matériels et\ou financiers, et ceux qui doivent vendre leur force de travail, plus ou moins bien, pour subsister. La question que Louis poserait à Macron est : Qu’est-ce que la reconstruction de ND et l’organisation des JO a changé dans la vie réelle des Français ? Sont-ils moins pauvres, le système scolaire est-il plus égalitaire, leur santé est-elle davantage garantie, les injustices sont-elles moins démesurées, etc. ? Bien sûr que non. La priorité de Macron et des siens est de perpétuer le système capitaliste, de lui permettre de surmonter les crises qu’il provoque lui-même et d’étouffer toute velléité d’opposition sérieuse à son développement. Pour ce but, tous les moyens sont bons, de la violence répressive de l’État à la manipulation des institutions, rien ne le freine quand il s’agit de sauver le monde qui est le sien.



À propos de l'auteur(e) :

Stéphane Haslé

Convaincu que l’universalisme est une particularité nationale, je me considère comme un citoyen français du monde (intellectuel), définition possible du philosophe. Agressé chaque jour par les broyeurs à idées qui nous environnent, je pense que la résistance, même désespérée, ne doit pas être désespérante.

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