Rencontre avec un héritier europeinard
J'ai fait la connaissance du petit-fils de Jean Monnet. Sur YouTube. Le brave garçon ne tarit pas d'éloge sur son grand-père. On ne peut pas lui en vouloir : quand, pendant toute votre enfance, on vous a répété que le projet européen de Papy était un projet humaniste, impossible de ne pas y croire et de ne pas se lancer soi-même sur les traces du négociant en cognac que fut Jean Monnet avant d'entreprendre une carrière d'intrigant politique international. Et comme on ne tue pas la poule aux œufs d'or, on retrouve la trace de l'héritier génétique et spirituel du « banquier américain » comme le surnommait De Gaulle, à la présidence de l'Institut Jean Monnet où je suis allé pêcher cette bio qui démontre, s'il en était besoin, qu'il existe un gène du commerce et du lobbying, à moins que ce ne soit un capital social à la Bourdieu : « Jean-Marc Lieberherr est un des quatre petits-enfants de Jean Monnet. Il a commencé sa carrière en 1991 chez LVMH au Japon puis à Taiwan avant de rejoindre Unilever en 1999 où il a exercé des fonctions de direction marketing et de direction générale. De 2005 à 2015 il a pris la direction marketing puis la direction générale de la division de Rio Tinto en charge de l’extraction et de la commercialisation des diamants bruts d’Australie, du Canada, du Zimbabwe et d’Inde. En 2016 il a fondé et pris la direction du Natural Diamond Council, une association professionnelle agissant au nom des sociétés d’extraction de diamant parmi lesquelles De Beers, Rio Tinto et Alrosa, pour promouvoir la catégorie et défendre les intérêts du secteur diamantaire. Depuis 2020, il se consacre à ses projets personnels et familiaux, dont la création de l’Institut Jean Monnet. Il est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, titulaire d’une maîtrise d’économétrie (Université Paris I – Panthéon-Sorbonne) et d’un MBA de l’INSEAD. » Sacré parcours, le JML (attention les dyslexiques!). LVMH, Unilever, Rio Tinto, tout cela fleure bon l'humanisme du Papy de l'UE. L'entretien ne dure que 11 minutes. C'est un sommet de roublardise bien pensante, la preuve édifiante que chez les Monnet, on hérite de tout, pognon et opinion.
À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.
Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès
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