Politique

Je ne veux voir qu’une seule tête !!!

Publié le 15 juin 2025 à 10:25 | Écrit par
Christophe Martin
| Temps de lecture : 04m31s

Dans une interview avec le journal à parution quotidienne le Progrès-Les Dépêches, le maire conservateur de Dole, JB Gagnoux, peut-être un peu pressé par les questions pourtant conciliantes du journaliste Matthieu Lambert, trahit à un moment donné sa pensée profonde, ou plus exactement le fond de sa pensée, ce qui ne revient pas au même. Je cite :

Question : Que vous inspirent les autres candidats potentiels ?

Réponse : Les élus de gauche jouent leur rôle d’opposants.  

Re-question : Vous avez le temps, eux ne l’ont pas : ils doivent désigner un candidat, question de visibilité.

Re-réponse : Cela tient à la culture dans laquelle ils ont toujours été : celle du groupe. Les Dolois savent qui est leur maire. Si le maire doit changer, ils veulent connaître l’identité de son successeur. À ce stade, pour le candidat de gauche, chacun y va de sa pièce… 

Sans nous étendre là-dessus, JB Gagnoux réduit d’office l’adversaire à « Dole naturellement ! ». Adieu LO ! Si le RN ne sort pas son candidat qui pourtant m’a demandé comme ami sur Facebook (je n’ai pas fait suite, j’ai horreur des mecs qui posent à côté de leur bagnole !), on en conclura que le maire sortant est suffisamment « retailleauté » pour ne pas se laisser déborder sur sa droite : il n’y a pas assez de place pour y glisser un candidat entier à moins de le tailler dans du papier à cigarette. Mais ce n’est pas là qu’on veut en venir parce que pour les Municipales de 2026, si vous voulez mon avis…

Ce que dit JB Gagnoux (mais l’intervieweur le lui a presque soufflé), c’est qu’il faut un chef de rang qui incarne le pouvoir. La visibilité, c’est la tronche sur l’affiche. Ils n’ont sans doute pas tort si on s’en tient à ceci : « Les Dolois savent qui est leur maire ». Elle sonne étrangement, cette phrase ! Les Dolois savent qui est leur maître, ça irait tout aussi bien !

Cherchons donc « Dolois » dans l’encyclopédie délirante de Martial Schwob. Je cite (page 218, tome 7) : « Le Dolois est un électeur à double pelage, composé d'un sous-poil dense et d'une couche extérieure imperméable, qui agit comme un isolant naturel efficace. Ce compagnon dévoué manifeste un tempérament équilibré, alliant douceur et vigilance : il peut se montrer enjoué lors d’une mascarade mais sait demeurer en alerte au conseil municipal. Faudra pas compter sur lui pour inventer l’eau chaude mais dans l’isoloir, ce mastiff loyal saura reconnaitre la main qui le nourrit. » 

Pour cette pensée de droite, l’identité de la ville se condense donc dans la personnalité de son élu : les Dolois veulent une tête de gondole, une seule, pour mener leur barque. C’est peut-être réaliste mais ça réduit la population à un troupeau à contenter. Le clientélisme y est roi et bas du front.

Je vous avais prévenus, l’élu à sortir est conservateur : il n’a pas une très haute idée de l’homme de la rue en général et du Général, il n’a gardé que cette condescendance envers ses compatriotes. Rappelez-vous : « Les Français sont des veaux ! » (de 1940 à 1968). Peut-on leur donner tort ? Pourquoi s’en priver ? Puisque ça marche depuis que JM Sermier a cédé le volant à son poulain.

Quant à l’esprit d’équipe de l’opposition dont semble se gausser le retailliste Gagnoux, il est tout à fait louable. D’ailleurs le maire actuel est très ambigu sur la question dans le même entretien. Un coup, il la joue collectif, recrutement de coéquipiers et liste à composer. Plus loin, on sent bien que c’est lui qui compte et que derrière, son électorat prendra le tout venant. 

Lorsque JB Gagnoux balance « à ce stade, pour le candidat de gauche,

chacun y va de sa pièce », il fait sans aucun doute référence à sa gauche à lui, aux manoeuvres enjôleuses de Rim El-Mez…, à la prochaine peau de banane de Jean-Claude Ben… et aux errances de Timothée Dru… Mais c’est en contradiction avec la culture du groupe dont il parle juste avant. D’ailleurs à relire cette interview, j’ai l’impression que JB Gagnoux dit un peu n’importe quoi pour occuper le terrain. L’ensemble est approximatif et ne relève que de la com’ évasive de pré-campagne.

Toutefois, cette petite déclaration qui semble frappée au sceau du bon sens (mon dieu, quel cliché !) est révélatrice de l’état d’esprit dans lequel on va baigner. D’un côté, « Dole naturellement ! », un collectif social et écolo qui sonde la population à tour de bras pour trouver des pitons (joli anagramme de points) de contestation du bilan que JB Gagnoux ne manquera pas de nous ressasser et des idées à faire germer pour se démarquer du candidat sus-mentionné.  

De l’autre, un individu qui a acquis ces dernières années une haute opinion de lui-même (le melon autrement dit) et qui pense incarner l’autorité pour une majorité de votants (soit 3526 voix sur 15829 inscrits en 2020 et par conséquent à peine plus d’1 Dolois majeur sur 5). JB Gagnoux a une conception de la gouvernance à l’ancienne, celle du chef sachant et indiscutable : ça l’oblige à être partout, ou du moins à faire croire qu’il est partout, qu’il maitrise tous les dossiers, qu’il sait de quoi il retourne à la moindre question posée et ça exige qu’il ait une répartie tout prête à la moindre objection soulevée. JB Gagnoux a tout intérêt à entretenir cette illusion du « super bourgmestre » parce qu’en face, personne ne prétend à lui seul pourvoir porter un tel costume.

Or, si les élections municipales se jouent toujours sur cette image de l’individu semi-providentiel et totalement investi au service de sa ville, cela privilégie les célibataires déchargés de famille, les ambitieux égocentrés et les no-life workaholic, ou si vous préférez les bourreaux de travail compulsifs. Pas sûr que l’opposition municipale ait ça en rayon. En face, ils ont le candidat qui coche toutes les cases vu que c’est lui qui a dessiné la fiche de poste.



À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.

Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès
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