Société Politique

Que peut-on attendre des hommes à gauche  ?

Publié le 28 nov. 2025 à 20:53 | Écrit par
La Rédac'
| Temps de lecture : 03m53s

"C'est un article qui a provoqué des remous, et il y aura des réponses dans le numéro de décembre. Libres Commères ne publie pas que des choses qui font plaisir à son rédac'chef. " Signé les copains et moi.

Par où commencer pour articuler les combats pour l’émancipation des femmes et les combats de classe historiques à gauche ? Faut-il commencer en 45 quand les femmes finissent par avoir le droit de vote alors que le parti radical (de gauche) était contre ? Faut-il remonter à la misogynie crasse d’un Proudhon ou d’un Karl Marx ? Ou seulement dans les années 70 ou (encore une fois) le combat pour l’émancipation est laissé au second plan par les organisations syndicales.

« C’est pas la peine ma petite, dit le chef de section grisonnant, puisque ça sera résolu mécaniquement par la Révolution » (dommage que l’écrit ne rendent pas le ton méprisant, la sensation visqueuse de la petite tape sur l’épaule (si c’est pas sur la fesse), et l’odeur d’alcool, j’ai pas trouvé de majuscule plus grande pour Révolution, mais celle-là elle s’entend à l’oral...).

Certes, le blason est légèrement redoré par l’adoption grâce à une majorité de gauche en 1974 de la loi Veil (ouverture du droit à l’avortement et à la contraception). Mais ce blason a un revers, un revers bien moche, bien pourri, qui sent le sperme pas frais, celui de la liberté sexuelle (des hommes) qui débouche sur les théories du type « inceste heureux » développées par… des militants de gauche. 

Un pas en avant… trois pas en arrière….

En bref, que faire des hommes de gauche, que faire de toi, petit mec hétéro, avec ta conscience bien propre ? Doit-on, en tant que femmes, comme le suggère Houria Boutelja pour le combat antiraciste, continuer à soutenir « nos » hommes car la Lutte est prioritaire ? Non, faut pas déconner, on est plus en temps de guerre. 

Doit-on donc, en tant que femme de gauche, ne rien pouvoir exiger de « nos » hommes ? Sont-ils si nuls, si fragiles ? qu’on ne puisse rien leur demander de plus que d’être ce qu’ils sont ?

C’est-à-dire toi, petit mec hétéro, aveugle aux questions de genre, capable de réciter du Chiappa dans le texte, mais incapable de te rendre compte qu’ils sont sur un escalator de verre entre couillidés ?

Heureusement que les homos sont là pour relever le niveau, comme Baptiste Beaulieu ; la première fois que j’ai entendu une de ses chroniques, j’ai pleuré. J’ai pleuré parce qu’il a mis des mots sur une certaine nausée, un mélange de dépit et de colère larvée. 

Il disait : «  Être une femme hétérosexuelle, c’est quand même devoir choisir parmi un cageot rempli de fruits pourris celui qui vous pèsera le moins sur l’estomac. Alors oui, je sais on va me dire "pas tous les hommes", eh bien je m’en fous  : tant qu’il en restera un seul de pourri, il en sera de la responsabilité des autres de l’écarter le temps qu’on lui inculque ce qu’il faut de respect et de dignité. » C’était en 2020. 

Qu’est ce qui a changé? Rien, je ne compte plus les copines qui pleurent. Et les copains qui relativisent : «  Nan, mais on peut pas savoir ce qui s’est passé, puis elle aussi, elle est pas facile non plus. De toute façon, c’est des histoires privées. »

Le privé, c’est politique, ça fait 50  ans qu’on le dit. Et personne n’écoute. Va falloir que ça change. Va falloir que TU changes, petit mec hétéro, va falloir te laver les oreilles, parce qu’on le voit ton casque anti bruit. 

En ce moment, je pense beaucoup au livre et au film qui en a été tiré : « Ce qu’elles disent ».  C’est l’histoire d’un village mennonite, les femmes sont illettrées, les hommes sont à la ville pour payer la caution de ceux qui ont été enfermés pour avoir violé collectivement la moitié d’entre elles en leur faisant croire que c’était l’œuvre du malin. 

Alors elles cherchent un consensus, elles ont trois choix  : 

- rester et pardonner

- rester et se battre

- partir

Je crois que comme elles, nous sommes trop restées et nous avons trop pardonné. 

Alors, on va se lever et on va se casser. On va se faire des communautés de filles, où il y aura du thé, des sucreries, des enfants, des coussins, des mains tendues, autant de place pour les larmes que pour les rires. Il y aura du pain, et des roses. 

On est déjà plusieurs, si tu en veux une preuve, je t’invite à lire « La chaire est triste hélas ».

Alors réfléchis bien, petit mec hétéro, t’as envie d’être de quel côté ? T’as envie d’être tout seul avec les autres couillidés, à boire de la bière tiède et à faire des concours de quéquettes ? Est-ce que ta vie sera plus belle dans la culture des mâles ?

Et oui. C’est un ULTIMATUM (en majuscules, ça s’entend mieux, si t’endends pas, recommence sans le casque, vas y). 

Les copines, et moi. 



À propos de l'auteur(e) :

La Rédac'

Donner la parole à ceux qui ne l'ont pas, voilà une noble cause ! Les articles de la Rédac' donnent le plus souvent la parole à des gens que l'on croise, des amis, des personnalités locales, des gens qui n'ont pas l'habitude d'écrire, mais que l'on veut entendre...

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