Mode sombre

On l’appelle Mïkaël (prononcez à l’américaine) dans les couloirs de l’hôpital Louis Pasteur à Dole où il est brancardier. Sur sa Ducati jaune ou dans les manifs, c’est plutôt Toutoune. Michel Gerbod a le franc-parler des types généreux, le ton du mec avec qui tu as bien envie de causer pendant une heure ou deux tellement il a de choses à te raconter. Et c’est ce que le Miradole a fait tout en branchant le micro. Magnéto pour le ptiot branc de l’hosto !

LE MIRADOLE.- Tu es dolois?

MICHEL GERBOD.- Non, je suis né à Besançon où j’ai vécu les sept premières années de ma vie, où mon père était masseur-kinésithérapeute… aveugle… aveugle de guerre… une belle personne. Mon père, ça a toujours été un exemple pour moi.

LE MIRADOLE.- On parle de la deuxième Guerre mondiale…

MICHEL GERBOD.- Oui, il était originaire de Poissy, il était démineur et en fin de compte, il a explosé sur une mine à Vermondans, c’est où? «vers mon cul» comme il disait… 

LE MIRADOLE.- Ah ben, c’est de famille vos conneries!

MICHEL GERBOD.- J’ai quand même gardé des gènes. Ça fait partie de la culture Gerbod avec un D. Et donc, il s’est fait hospitaliser à Bellevaux, à Besançon. C’est ma grand-mère qui allait lui donner les premiers soins et il a connu Maman qui est venue aussi comme aide. C’était pendant la guerre. Ils ont fait connaissance et il s’est marié aveugle.

LE MIRADOLE.- C’est une grande histoire d’hôpital, tout ça, dis donc…

MICHEL GERBOD.- Et de là, sont nés cinq enfants. Mon père est allé à l’école à Paris (UAG) et il a appris son métier de masseur-kinésithérapeute et le braille. Il a ouvert son cabinet à Besançon et après, il s’est installé à Orchamps. J’ai vécu là jusqu’à 25 ans environ.

LE MIRADOLE.- Bon, qu’est-ce que tu as fait après ton bac ?

MICHEL GERBOD.- Déjà je ne suis pas allé jusque là. J’ai fait deux troisièmes parce que j’aimais ça. Après, je suis allé faire un apprentissage à Gevingey. J’ai été embauché par mon beau-frère, la maison Griffon à Orchamps où j’ai passé mon CAP cycle et moto. J’ai travaillé sept ans dans la mécanique, les tondeuses, les vélos, les mobylettes…Après, Madame Ortelli, des meubles Ortelli de Brevans, cherchait quelqu’un de confiance. Je sortais avec ses enfants et elle me connaissait. Elle cherchait un adjoint de direction pour monter une Foir’Fouille. Et j’ai travaillé sept ans à la Foir’Fouille.

LE MIRADOLE.- Celle de Dole?

MICHEL GERBOD.- Oui, celle de Choisey. Je fus tout seul les 15 premiers jours, il n’y avait que les quatre murs, avec les employés, et Madame Ortelli partait en vacances avec son mari. C’était moi qui étais tout seul dans le truc, quoi! J’ai dit à Monsieur Ortelli avant qu’ils partent: j’ai un problème. Il me tape sur l’épaule et il me répond: Toutoune, ici, y a pas de problème, il n’y a que des cons qui savent pas les résoudre. Bon, bein bonnes vacances Monsieur Ortelli ! J’ai passé quinze jours presque sans dormir, à tout gérer et j’y suis arrivé mais c’était trop.

LE MIRADOLE.- On t’appelait déjà Toutoune?

MICHEL GERBOD.- Oui, ça vient de mon enfance, de mes frangins et frangines. Quand y a quelqu’un qui sonnait à la porte, ça faisait toun toun.

LE MIRADOLE.- Tu quittes la Foir’Fouille à quel âge?

MICHEL GERBOD.- 32 ans, il me semble. J’ai travaillé sept ans dans c’te belle boite avec une belle équipe et une super patronne, Josette Ortelli. Je ne parlerai pas de même de son mari  !!!. On formait une belle équipe. En même temps qu’on étiquetait, j’apprenais le français aux salariés cambodgiens. En un mois, ils avaient tout capté.

LE MIRADOLE.- Même avec toi?

MICHEL GERBOD.- Ouais, même avec un franc-comtois comme moi. Pour le reste, avec les Ortelli, c’était Dallas. Et qui c’est qui était devenu le premier devant tous les magasins de la holding Ortelli ? C’était nous, la Foir’Fouille, qui ne faisait pas partie de la holding du groupe. Quand Madame Ortelli est tombée malade, Monsieur Ortelli est revenu et là, ça a changé! C’était plus pareil!

LE MIRADOLE.- Toun! Toun!

MICHEL GERBOD.- J’ai dit à Madame Ortelli: «  Votre mari, j’en peux plus  ». J’ai rendu les clés et je me suis barré. De là, plus de boulot mais j’avais négocié un licenciement à l’amiable. J’aurais pu rester deux ans au chômage.

LE MIRADOLE.- C’était quand?

MICHEL GERBOD.- Fin 94, je crois. J’avais le chômage. Je n’avais pas de soucis parce que j’avais bien négocié mon salaire à l’époque. On avait un treizième et un quatorzième mois et c’était en francs  !!. Vraiment, la patronne était en or. Et je me levais le matin et je me disais: qu’est-ce que je fais? Je ne fais rien, puis je gagne des sous. Ce n’était pas dans ma nature. Et je n’étais pas habitué. Ça faisait quinze ans que je bossais. Ce n’était pas normal pour moi. Et donc, j’avais un pote, un petit Réunionnais Simon, un mec en or aussi que j’ai connu au ski dans un resto d’altitude, qui me dit : « Toutoune, tu viens bosser à Argelès. Tu viens faire la saison avec moi ». J’étais un fana de foot et on jouait la montée avec Fraisans pour la division d’honneur. J’ai fait trainer et puis j’y suis allé. Tu vois, j’étais adjoint de direction avant et là, j’arrive et il me dit: bon, allez, à la plonge! Le sud, c’est déjà un autre monde et me voilà à nettoyer des assiettes, à Argelès, vers la plage. Il m’a mis à la plonge, après à la plaque et puis on a fait la saison ensemble, de juin à septembre, sept jours sur sept, quinze à seize heures par jour et parfois des 24h!!!

LE MIRADOLE.- Et tu découvres le vrai travail…

MICHEL GERBOD.- Non, non, j’avais toujours bossé sauf que là, tu fais le boulot d’un an en quatre mois. C’était bien payé au niveau du liquide!!! Et puis, c’était  largement mérité vu ce que tous ces politiques se mettent dans la poche. Il y a des fois même quand je dormais, je montais encore des hamburgers dans mon lit. C’était un truc de ouf! La saison s’était bien passée. J’avais fait descendre la moto par un copain et je m’étais dit que j’allais pouvoir visiter la région pendant un petit mois. Et puis, on a baissé le rideau, PLUIE ! Tu travailles quatre mois sous le soleil, PLUIE ! Un jour, deux jours, trois jours… sept jours. Je me suis dit : c’est bon ! Je remonte. Je suis remonté sous la pluie. J’ai retrouvé la famille et il y a une place qui s’est libérée à l’hôpital de Dole. J’avais des amis Jean-Marc, Cath, qui y travaillaient. Ils m’ont dit : tiens, ils cherchent un brancardier. J’ai fait ma demande et puis voila ça fait 25 ans que je suis brancardier grâce à eux.

LE MIRADOLE.- Tu n’avais donc pas le profil pour le job?

MICHEL GERBOD.- Pas du tout. On m’aurait dit à vingt piges que je serais parti travailler dans un hôpital, je t’aurais répondu : mais jamais de la vie !

LE MIRADOLE.- Du coup, tu commences à quel âge à l’hôpital?

MICHEL GERBOD.- A 32 ans.

LE MIRADOLE.- On est donc en 1995. C’était comment?

MICHEL GERBOD.- Quand je suis arrivé, c’est simple, je me suis dit: c’est la belle vie, on voulait du matériel et de l’aide, on l’avait! Sauf le premier jour. Je m’en souviendrai toujours parce qu’il y avait la belle-sœur d’un collègue que je ne connaissais pas encore qui s’était tuée avec son enfant en voiture. Quand je suis arrivé, ça allait dans tous les sens. Là, j’ai eu peur. Mais c’est parce que je suis arrivé dans un moment de crise. Je me suis demandé: j’arrive dans quel monde ? Après, j’ai bien été pris en charge. A cette époque-là, brancardier, c’était bien parce que je suis resté six mois en radio. Ce qui ne se fait plus maintenant. Pour apprendre ton métier de brancardier, c’est intéressant en radio parce que tu ne vas pas tout de suite sur les urgences. Tu as le temps de t’adapter et de prendre le climat et les odeurs de l’hôpital, on n'est est pas chez Peugeot là  !!. Tandis que,  maintenant en une semaine, il faut qu’ils sachent pratiquement tout. Et ça pour des jeunes, c’est très compliqué. La preuve: on en a douze qui sont passés en un an et demi dernièrement, du jamais vu. Là, ils viennent d’en reprendre trois en un rien de temps. Mais ils passent tout de suite aux urgences, à la morgue, au bloc. En fin de compte, on travaille sur quatre postes : radio, cardio, bloc opératoire et urgences. Et comme je dis, on a le cadeau final : la MORGUE !!! (l’endroit que pratiquement personne ne connait et ne veut pas voir!!!).  

LE MIRADOLE.- Le brancardier, c’est donc pas le mec de l’ambulance?

MICHEL GERBOD.- On n’est pas ambulancier du tout. C’est souvent là que les gens font l’erreur. Nous recevons l’ambulancier qui nous donne son patient. C’est ça le truc. Nous après, on installe le patient sur notre brancard.

LE MIRADOLE.- Et vous commenciez donc par la radio?

MICHEL GERBOD.- Oui, pour que tu connaisses les services. On était doublé quand même plus longtemps. On avait plus de temps. C’était plus humain. Il y avait beaucoup plus de relationnel. Maintenant, en fin de compte, une cadre ou faisant fonction ou une référente fait une croix sur un planning et puis hop…. la direction est tranquille. Mais on n’arrête pas de former maintenant. Alors qu’avant, on avait notre équipe (j’en suis triste). Ils ont réussi à tout diviser mais ce n’est pas que dans les équipes de brancardiers, c’est dans tout l’hôpital. Maintenant, tout le monde doit avoir une polyvalence. Comme je dis, chez nous, c’est les PFG. Tu connais les PFG?

LE MIRADOLE.- Non.

MICHEL GERBOD.- C’est les Pompes Funèbres Générales. Pour nous, c’est PFG aussi Polyvalence, Flux tendu et Glissement de tâches. On travaille comme des PFG. Donc c’est la mort pour nous. Tandis qu’avant, on était bien et on faisait du bon travail  !

LE MIRADOLE.- A ce moment-là, ça allait encore?

MICHEL GERBOD.-Donc j’ai eu ma formation en radio, et après aux urgences, on était plus solidaires entre nous ou je vieillis mal  !! Je trouve qu’on fait à peu près le même nombre d’entrées de patients. Ils disent qu’on en faisait moins!!! mais je crois qu’on en fait bien autant mais en clients  maintenant, il faut que ça rapporte!!! En 2000, l’hôpital envoyait un brancardier à l’école d’aide-soignant comme on se tape la morgue, l’endroit sympa et oui là, le directeur avait de la reconnaissance encore !!! (plus maintenant, eh oui économie!!!) Disons que les quinze premières années ont été bonnes. Après les 35 heures sont arrivées en 2001-2002 et c’est là que ça a commencé à se détériorer parce qu’ils n’ont pas réembauché après les 35 heures.  

LE MIRADOLE.- Et il y avait moins de monde.

MICHEL GERBOD.- C’est là que ça a commencé à tirer.

LE MIRADOLE.- Mais les 35 heures, c’était aussi fait pour embaucher des gens, non?

MICHEL GERBOD.- A la base, oui. Mais ils ont réduit notre temps de travail, ils nous ont enlevé la demi-heure de bouffe alors qu’elle était incluse dans le temps de travail.

LE MIRADOLE.- Il y avait déjà une logique de rendement.

MICHEL GERBOD.- Ça commençait. Après il y eu la T2A qui est arrivée. La tarification à l’acte.  

LE MIRADOLE.- C’est quand ça?

MICHEL GERBOD.- Avec les mères Bachelot, Touraine, les années Sarko et Flamby !!! Là, on n’est plus dans le soin. Il faut qu’on rapporte. Chaque infirmière, chaque aide-soignant doivent marquer ce qu’ils font, pendant qu’ils marquent tout ça, c’est du temps qu’on ne passe pas avec le patient. C’est du temps administratif que doivent faire des soignants. Et les médecins aussi. Tout l’hôpital le fait, il faut que l’argent rentre, maintenant le patient est devenu client, sauf nous, les brancardiers. Par contre, on nous a refilé d’autres tâches, on fait plus de choses (polyvalence en route!). Par exemple, quand je suis arrivé, on avait un «  beau  » boulot : aussi, on se tapait les autopsies. Et puis la morgue.

LE MIRADOLE.- Sans formation ?

MICHEL GERBOD.- Jeune, à Orchamps, j’étais pompier. Donc je fus un petit peu préparé avec la mort. Mais, là-bas, c’était le brancardier qui assistait le médecin légiste. Je me rappellerai toujours de ma première autopsie. Je n’avais pas eu de formation. Tu y vas en live. Heureusement, c’était un bon médecin légiste Dr Robert. Il mettait un peu d’humour pendant cet acte. Quand tu as fait ça, tu peux tout faire après, tu ne peux pas voir pire : c’est la guerre en fin de compte.

(NDLR: là, Toutoune se lève pour mimer la scène et vous échappez au pire)

LE MIRADOLE.- Et tu n’avais pas signé pour ça ?

MICHEL GERBOD.- Si, si, on le savait. Ça faisait partie de notre paquetage ou contrat oral surtout mais c’était inimaginable. j’ai tout fait, des déterrés, des noyés, des brûlés, des bébés…. comme tous les anciens pratiquement. Et en plus avant, les anciens avaient même les corps des accidentés qui arrivaient à l’hôpital et il fallait retaper un peu le corps avec des photos que la famille amenait. Eux, les anciens, ils n’en parlent pratiquement pas de ça. Du coup, c’est un truc que personne ne sait. La morgue, c’est banni à l’hôpital ; T’es mort et puis voila. J’ai dû mettre 700, 800 coprs (25,30 corps/an)  à la morgue. Ben oui, depuis 25 ans, ça doit être à peu près ça… Donc, c’est la guerre. Oui, nous sommes des brancardiers de guerre. Y a toujours de la vie dans l’hôpital. Mais en bas, on est tout seul. Le corps et nous ou la famille. Donc, il faut gérer les familles dans ces moments là . Avec un téléphone dans la poche qui sonne. On t’appelle: ah mais qu’est-ce tu fais? Je me fends la gueule, je suis à la morgue (au château comme on dit  !  !!). A Dole quand je te dis PFG, polyvalence, flux tendu et glissement de tâches, on fait tout. Dans les autres hôpitaux, ils sont brancardiers ou gardien d’amphi (morgue) mais pas les deux !

LE MIRADOLE.- C’est exceptionnel à Dole alors?

MICHEL GERBOD.- Oui, oui, bien entendu. On n’a pas de lits, d’aides électriques pour manutentionner les lits. Normalement, il faudrait être deux pour brancarder. A force, les lits, ils ne vont plus. J’ai des troubles musculo-squelettiques. Je suis cassé de partout. J’ai le dos, un coude, une épaule en vrac. On se déglingue, le matin c’est marrant quand je sors du lit  !!. tu vois, j’arrive à 57 ans, c’est bon, j’en peux plus et puis, il faut que je travaille encore comme un mec de 20 piges. Ça, je le croyais pas quand je suis arrivé mais maintenant, il faut qu’on travaille pareil et la pénibilité dans tout ça, Mme Buzyn?... On en était où?

LE MIRADOLE.- Tu retapais des corps…

MICHEL GERBOD.- On laisse c’est bon!!! Après je suis entré dans le syndicat, à la CGT (avec Héléne qui est décédée depuis et qui avait tout donné pour les agents) et mon Fifi, le secrétaire du syndicat. Même si je suis plutôt un humaniste qu’un syndicaliste. Ça me permet de faire partie des représentants du personnel.

LE MIRADOLE.- Tu ne t’es pas syndiqué tout de suite?

MICHEL GERBOD.- Non, j’ai attendu dix ans. Il y avait des trucs qui ne m’allaient pas mais j’y suis entré en me disant : il faut que je fasse quelque chose. Si tu veux être représentant du personnel, il faut que tu sois dans un syndicat, pas le choix. Comme je disais au directeur M. Mamie (le dernier directeur HUMAIN!!!) vous pouvez me mettre n’importe quelle étiquette, je suis là pour le soignant et le patient. Si on pouvait faire un syndicat humaniste sans mettre de nom dessus, j’aurais pris tout de suite ma carte. J’ai choisi la couleur rouge parce que je suis un peu plus rouge de colère. Je ne suis pas un vrai cégétiste de formation. Je suis un peu un électron libre (grâce à Fifi qui me drive) comme un Ruffin chez les Insoumis comme tu disais au début, il me plait lui!!!

LE MIRADOLE.- On ne t’encarte pas, toi?

MICHEL GERBOD.- Voilà, je suis dans cette optique-là, mais c’est pas facile et on peut essayer de te faire la peau! J’en resterai là si tu veux bien!!

LE MIRADOLE.- Et donc tu as vu la situation se dégrader relativement vite…

MICHEL GERBOD.- Ouais, les dix dernières années. Depuis 2010. Les années Sarko Flamby, Bachelot,Touraine citées avant, oui la T2A nous a fait du mal. Et puis il fallait commencer à supprimer des postes et fermer des lits, être rentable. En fin de compte, ils veulent que le privé s’agrandisse tandis que nous, on rapetisse: 110 postes et 70 lits supprimés à Dole en 4 ans, merci M.Luigi et les politiques  : Wambst Sermier…tu comprends, la mitraillette au dessus de ma tête maintenant, si je suis renversé en moto, faites une enquête comme pour Coluche!

LE MIRADOLE.- En 2010, c’est encore une municipalité de «  gauche  » à Dole ?

MICHEL GERBOD.- Ben oui! Avec Monsieur Wambst qui était venu et nous avait bien défendus au début, et après, il nous a fait une «  hollandaise  » comme les autres  !!

LE MIRADOLE.- Donc c’est bien un socialiste ! Mais si on précise un peu les choses…

MICHEL GERBOD.- A chaque élection municipale,  ils annonçaient qu’ils allaient réunir la polyclinique avec l’hôpital pour faire des économies. Ils s’en sont servis pour chaque élection Municipale (et encore aujourd’hui,  l’Hôpital c’est une bonne pub),. Nous, on savait très bien qu’ils n’allaient jamais revenir là-dessus…

LE MIRADOLE.- Pour ramener la polyclinique vers l’hôpital et pas le contraire.

MICHEL GERBOD.- Oui, oui, et pas le contraire. On devait déménager le bloc à la polyclinique,  refaire le bloc à l’hôpital pour que la polyclinique remonte, après quoi du flan, Mais on a bien vu qu’ils nous endormaient, ils sont forts pour faire rêver la population ces politiques!!   

LE MIRADOLE.- C’était donc de l’enfumage Sermier, Gagnoux…

MICHEL GERBOD.- Pour te dire, L’ARS (NDLR: Agence Régionale de la Santé) avait donné 2,2 millions à la polyclinique pour préparer le déménagement. Et, ils ne sont jamais remontés. Mon collègue envoyait des courriers partout, à la ministre, à l’ARS. On a couru aux fesses du directeur de l’ARS, de Messieurs. Sermier et Gagnoux et puis, les 2,2 millions sont revenus par miracle. Et la municipalité a dit : c’est grâce à nous. Non, non, c’est grâce à deux cégétistes gaulois de merde. Eux, ils s’octroient seulement le boulot qu’on a fait. Je l’ai encore dit au directeur actuel qui disait qu’on n’a pas d'argent au CHSCT: « On a ramené 2,2 millions de la polyclinique. Il faudrait peut-être s’en servir." Et là, il ne dit rien.

LE MIRADOLE.- Les 2,2 millions, ils sont en caisse ?

MICHEL GERBOD.- La polyclinique doit rembourser petit à petit y parait. Mais là, ça a été racheté, donc on ne sait plus encore comment ça va marcher. Ça va peut-être bien s’endormir. Il faudrait des personnes comme « Edwige » Plenel de Médiapart ou Florence Aubenas pour le Monde qui suivent ce truc parce que nous, on en laisse du temps. Parce qu’il faut qu’on s’occupe du personnel qui est souvent HS parce que nous maintenant,  on n’est DRH, psychologue et syndicaliste. Donc, c’est un peu dur.

LE MIRADOLE.- Tu es souvent au téléphone à gérer des cas difficiles?

MICHEL GERBOD.- Oui, on entend de sacrés trucs et il faut gérer ça en même temps que mon boulot. Alors là, j’ai repris un peu plus de syndicat parce que sur le terrain, c’est difficile de faire les deux. L’hiver dernier, on a travaillé comme des merdes avec des gens sur les brancards qui décompensent, d’autres qui meurent, ou qui partent mourir à Besançon. J’avais vu un de mes collègues à Besançon qui m’avait dit : « Maintenant, j’ai 100 décès de plus mais c’est 100 décès de chez toi à la morgue, c’est marrant je n’arrive plus à rentrer en contact avec lui depuis. On nous a court-circuités!!!

LE MIRADOLE.- On les décompte ici et ils atterrissent là-bas.

MICHEL GERBOD.- Nous, on tourne toujours à 400 décès a peu près à l’année, mais il ne faut pas oublier que les gens partent à Besançon mais ils ne reviennent pas tout le temps. Apres, on dit qu’ils sont morts parce qu’ils sont vieux. Moi, je dis qu’ils sont morts parce qu’ils n’ont pas eu les soins tout de suite au bon moment. Une personne âgée, si elle n’a pas tout de suite les soins, elle décompense plus vite qu’une personne de 60 ans. A 80-90 ans, il faut qu’elles aient tout de suite les perfs etc…ce n’est pas la faute des soignants mais des moyens que l’on a plus  !  !!  

LE MIRADOLE.- Je me suis laissé dire quand je suis allé pour mes coliques néphrétiques, que si on est un homme politique local, on a des chances de ne pas attendre du tout. Tu fais partie du Comité de défense des hôpitaux publics de Dole?

MICHEL GERBOD.- Je n’irai pas sur ce terrain glissant… et je n’en dirai pas plus, c’est toi qui l’as entendu… Oui je fais bien partie du vrai comité de défense!

LE MIRADOLE.- Le comité municipal, tu veux dire?

MICHEL GERBOD.- Non, le vrai comité de soutien de l’hôpital bénévole est pour moi celui avec Laurence Bernier et Axel Fricke qui font du bon boulot; l’autre, je n’en dirai pas plus non plus!!! et oui, j’ai une mitraillette au dessus de ma p’tite tête.

LE MIRADOLE.- Est-ce grâce à ce comité, les choses vont un peu dans le bon sens?

MICHEL GERBOD.- Non, y a rien qui avance, on est contre un mur ; ils ont supprimé la réanimation, le service de cardio de soins intensifs et ils vont faire un centre de réadaptation en cardiologie. C’est bien, les gens de cardio partent à Besançon, ils ont bien le temps d’arriver. Parce qu’il faut savoir que la nuit, il n’y a plus qu’une ligne SMUR, si elle est prise à Dole, normalement, c’est Besançon qui nous dépanne mais si elle est prise aussi et s’il ne fait pas beau, l’hélicoptère ne peut pas voler. Donc, ça veut dire que s’il y a deux arrêts cardiaques en même temps, un de 90 ans et un de 70 ans, ils envoient celui de 70 ans. Il y a une sélection humaine. C’est un peu la sélection par l’âge comme dirait un chirurgien que je ne nommerai pas, on joue avec la vie des gens quand même et pour les régulateurs à Besançon, ça devient invivable aussi!!! 

LE MIRADOLE.- Tu as l’impression qu’on ne vous écoute pas?

MICHEL GERBOD.- On n’a plus de moyens. Il y a quinze ans, un grand syndicaliste m’avait montré une carte de France. Dessus, il y avait Champagnole qui était rayé, Saint-Claude, Lons, Dole qui étaient rayés. En fin de compte, tout était programmé. Je me rappelle que j’avais rigolé en disant : ah, ce n’est pas possible. Ça n’arrivera pas. Comme je venais du privé, je voyais qu’ils gaspillaient et qu’il fallait faire quelque chose. Mais là, depuis, dix ans, il faut arrêter. Hé bien, là, ils continuent parce qu’ils ont un objectif, c’est de fermer les hôpitaux périphériques pour favoriser les cliniques. La polyclinique à Dole a été rachetée et ils ont des chirurgiens. A Besançon, la polyclinique de Franche-Comté et la clinique Saint-Vincent ont elles aussi maintenant des urgences. On voit qu’à Dijon, il s’est monté 24 blocs en privé. En 15 ans de travail, ils ont tué Champagnole, Saint-Claude et ils sont en train de tuer Dole et Lons. Voilà et à Saint-Claude depuis cet hiver, les femmes accouchent dans les ambulances le long de la route… attention les Doloises!!! 

LE MIRADOLE.- C’est vrai. On en est à quatre. Et tu penses que c’est un plan, ces suppressions?

MICHEL GERBOD.- Oui, c’est un plan bien orchestré par ces politiques de ces dernières années 

LE MIRADOLE.- Mais on fait passer ça sur le compte de l’amélioration des soins…

MICHEL GERBOD.- Si tu as la carte bleue, tu seras bien soigné. Sinon, ce sera la roulette russe suivant les médecins car chez les médecins, tu as tout et n’importe quoi maintenant et eux aussi n’en peuvent plus dans le public!!!

LE MIRADOLE.- On recrute, non?

MICHEL GERBOD.- Oui, il y en a plein de noms de toubibs, ils viennent de Besançon, un jour, deux jours par semaine. Ils nous endorment en fait. En 2025, à Dole, il faudra bien se dire attention et oui les gens… A Dole, les chirurgiens n’en peuvent plus ils vont partir en retraite et pas de relève programmée!  

LE MIRADOLE.- L’ancien directeur Luigi est parti sur Besançon. Il a fait le boulot qu’il avait à faire à Dole en cinq ans. D’après toi, ces types-là sont commandités pour faire disparaitre les petits établissements?

MICHEL GERBOD.- Ce sont des snippers. Luigi a accompli sa mission. C’est un politique, pour moi, qui parle bien, un bon anesthésiste qui endort bien tout le monde!!!  On appelle ça le «  Lean management  ». C’est ce qu’il a mis en place sur Dole avec d’autres personnes que je citerai pas non plus. Ça s’est fait à l’époque en premier dans les usines Ford contre le gaspillage et ils l’ont mis en place dans les hôpitaux. On a fait des réunions avec Prudhomme (NDLR: Christophe Prudhomme, porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France) et Pelloux (NDLR: Patrick Pelloux, président de l'Association des  médecins urgentistes de France) sur Paris et dans le Jura, et Prudhomme nous a dit que ce n’était pas fini et qu’on était reparti sur un programme de 15 ou 25 ans encore. On ne peut pas y croire comme moi, je ne pouvais pas croire il y a 15 ans en arrière que Champagnole, Saint-Claude, Lons ou Dole allaient mourir à petit feu. C’est une continuité. Ils vont essayer de détruire l’hôpital de Besançon, faut pas rêver. A Besançon, ils ont déjà perdu leur R: c’était un CHRU. C’est Dijon qui a pris le R. L’hôpital régional est donc à Dijon. Il y aura toujours des petites structures. Tu auras la chance ou pas qu’il y ait des bons médecins et courageux ce jour-là.

LE MIRADOLE.- Le plan, c’est donc…

MICHEL GERBOD.- Réduire Besançon, réduire Dijon pour que les structures privées s’agrandissent et le but final, parce qu’il y en a un énorme, c’est de faire un hôpital grande région à Lyon avec 100 000 universitaires. On ne peut pas le croire, mais ils sont en route. Ils sont en Marche même je dirais. Attention j’ai rigolé nos p’tits hôpitaux locaux ils y sont arrivés!!! et oui l’argent!!! alors attention!!!

LE MIRADOLE.- En fait, c’est depuis que tu es rentré qu’ils cassent tout!?

MICHEL GERBOD.- On m’a toujours traité de menteur. Mais je garde depuis 2014 tous les articles. Quand je serai en retraite, je pense que je ferai un beau petit bouquin pour un peu citer les personnes qui ont détruit tout ça. Des gens qui étaient bien au début, que j’ai connus et qui, en fin de compte, ont marché dans la combine. Il faudrait quelqu’un comme Florence Aubenas qui avait fait semblant d’être de la famille pour rentrer aux Opalines. Elles avaient fait un bel article dans le Monde et puis c’est grâce à elle que ça a bougé dans les EHPAD et grâce à Anne-So, notre députée européenne, une fille courageuse aussi, ainsi que ses collègues des Opalines.

LE MIRADOLE.- Mais ton discours, on l’entend un peu. On a essayé avec le comité de soutien d’alerter un peu sur ce qui se passe. Est-ce que tu crois que les gens se rendent compte de ce qui se passe vraiment ?  

MICHEL GERBOD.- Certaines oui, mais ils ont peur. Quand il y a quelqu’un qui est malade, on n’ose pas dire les choses. L’hôpital est malade mais les gens ne se rendent pas compte. Ils croient que c’est toujours pareil alors que pour nous, sur le terrain, ce n’est pas pareil. Je te parlerai du glissement de tâches. C’est pour le brancardier, pour l’ASH (NDLR : agent des services hospitaliers), c’est pour l’aide-soignant, pour l’infirmière, pour le médecin, pour les administratifs, etc.…. A Dole, on fait tout et n’importe quoi. On n’a plus notre fonction initiale. Un brancardier à Besançon, c’est un brancardier. Et il a la même paye que moi. Il a quatre horaires. Nous on en a dix, douze. Ils nous usent. Ils usent tout le monde. Personne n’en peut plus. Alors qu’on était une belle une équipe de copains, ils ont réussi à nous dézinguer aussi et pareil dans les services de soins, comme elles sont courageuses nos soignantes, BONDIOU!!!

LE MIRADOLE.- C’est partout en France dans les villes de la taille de Dole et Lons?

MICHEL GERBOD.- Oui, et même dans les  grands hôpitaux. A Besançon, là, ils ne rigolent plus. Parce que eux, c’est l’étape d’après. A mon niveau, je ne suis plus brancardier, je suis brancardier, coursier, aide-soignant, infirmier, psy, homme de sécurité, homme d’incendie, morgue …. Ça fait beaucoup. Des fois, j’ai deux téléphones dans ma poche parce qu’il faut prendre deux postes en même temps. Faut que je sois en radio, à la morgue et que je fasse des fois les IRM. Le téléphone sonne tout le temps. Il m’est arrivé d’avoir plus de 70 coups de fil dans la journée (10 par heure) J’ai noté: je mets des barres à chaque fois que le téléphone sonne. Psychologiquement, c’est usant. On a toujours deux ou trois informations dans la tête. J’ai 57 ans. Je n’y arrive plus. Les jeunes que l’on forme en pratiquement une semaine, c’est impossible qu’ils sachent tout ce que je sais depuis 25 ans que j’y suis. Même moi, je n’arrive plus à me souvenir parfois. Comment veux-tu qu’ils apprennent ? C’est impossible. Il est passé dix ou douze brancardiers en un an et demi. C’est du jamais vu. Il faut se poser les vraies questions, pourquoi ils ne restent pas  !! Pourquoi on ne trouve plus d’aides soignantes ? Pourquoi on ne trouve plus d’infirmières ? Parce qu’avant, une infirmière était uniquement en cardio, en pneumo, en chir (NDLR: chirurgie). Maintenant elles peuvent aller de chir en cardio, de cardio en pneumo et de pneumo en chir. Du moment qu’il y a une croix sur un planning, c’est bon. Il faut une croix, pas une professionnelle. Alors, il y a forcément des erreurs, des incidents. Le boulot d’une infirmière de cardio, ce n’est pas celui d’une infirmière de chir. On dit: oh, mais ils apprennent tout à l’école. Ils n’ont plus la même formation non plus: ils ont Internet. Et puis il faut tout tracer sur ordinateur, tout ce temps perdu et pris sur le relationnel avec le patient. Une personne âgée, si on lui parle pas et si on ne fait pas de relationnel, elle plonge. Moi, je le redis, le relationnel fait 70-80%. C’est sûr qu’il faut les soins mais le médecin est plus sur les papiers et sur l’ordinateur qu’à causer avec le patient. On n’a plus ce temps-là. Tiens, un exemple tout con. Un jour, j’ai un collègue qui me dit: il y a une centenaire qui est sur le scan, tu la ramèneras. La mamie, je la remmène. Elle a cent ans. Elle est en pleine forme. Je la remets dans son lit et je me dis: tiens, je vais encore passer 20 minutes avec vous, j’ai plus de brancardage à faire. On discute. Au moment de partir, elle me dit : Monsieur, je peux vous dire quelque chose? Eh bien, vous êtes la première personne qui me parle de la journée. Je lui ai dit: vous voyez si j’étais venu vous chercher à 8h00 ce matin, je n’aurais pas eu le temps de vous donner ces 20 minutes. On aurait causé dans les couloirs, puis je vous aurais dit au revoir madame, bonne journée et je serais vite reparti chercher un autre patient. Elle avait toute sa tête. Il faut garder ça. Mais si tu ne fais pas le relationnel, elle va faire plonger la mamie et on pourrait tous en raconter des tonnes mais on ferme les yeux.

LE MIRADOLE.- Est-ce que tu crois qu’on peut encore inverser la tendance?

MICHEL GERBOD.- J’y crois toujours. on voit là qu’il y a 1200 médecins qui ont démissionné prof. Thines (neuro) à Besancon, Dr Duffay (urgentiste) à Lons… pour les avoir côtoyés, ce sont des mecs formidables, ils en ont eux!!! Et ça, c’est beau. Eh bien, pourquoi certains de Dole ne démissionnent pas de leurs tâches administratives ? C’est ça que je ne comprends pas. Si les médecins nous aident et sont avec nous, on y arrivera. Ils sont en grande difficulté eux aussi parce que je les connais mais ils ne le font pas. Ils se plaignent, ils voient bien que le personnel ne va pas bien je ne sais pas pourquoi? c’est une énigme!!! C’est ENSEMBLE que l’on y arrivera… mais ENSEMBLE… BONDIOU!!!

LE MIRADOLE.- Et pourtant… mais c’est 1200 médecins, ça représente quelle proportion?

MICHEL GERBOD.- C’est beaucoup quand même. Je pense que c’est surtout dans les grandes villes et la région parisienne: ils n’y arrivent plus du tout. Il y a un mouvement mais on n’est pas écoutés. Ils filent des primes à droite, à gauche. Et ils divisent tout le monde parce que ça crée de la jalousie. Aux urgences exemple, les infirmières, les aides-soignantes et les ASH, les femmes de ménage en quelque sorte, touchent 100 euros de prime de risque Nous, brancardiers, parce qu’on n’est pas tout le temps aux urgences, on n’a que 30 euros. Mais qui est-ce qu’on appelle lorsqu’il y a quelque chose. C’est nous les brancardiers. Ça fait 25 ans que nous risquons notre vie aux urgences, je l’ai déjà risquée plus d’une fois, on a sauvé des gens, des collègues m’ont sauvé. Je suis content que l’ASH ait 100 euros, elle les mérite aussi, mais nous on a 30 euros, et qui est-ce qui prend le risque? Qui a fait grève? C’est Lons-le-Saunier et Besançon. A Dole, les urgences n’ont pas fait grève en soutien: ils ont eu 100 euros comme tout le monde.  Je n’ai rien contre eux mais ils n’ont pas bougé. Ils font un boulot magnifique aux urgences de Dole, oui, ce n’est pas simple, mais il y a un moment où il ne faut pas oublier les autres qui travaillent dans l’hôpital, tout le monde souffre à l’heure actuelle… tous les services!!! Et il y a quoi au bout? LE PATIENT!!! Et en ce moment, c’est un PATIENT (le soignant) qui soigne un PATIENT (le vrai!!!) ou un CLIENT (qui doit rapporter!). Bon, je pourrais en raconter encore et encore… A bon entendeur salut et merci de m’avoir lu même s’il parait que je suis un menteur et fier de l’être!!! On aimerait tellement être des menteurs, hein!? Mon Fifi, heureusement que tu es là, toi aussi, j’ai une grosse pensée pour notre Hélène qui a donné de son temps et qui en est sûrement  tombée malade juste après sa retraite pour son combat !!! Ainsi que pour Nathalie, enseignante militante partie récemment et qui nous manque sur les manifs. Bon, je sais, je ne suis pas parfait…mais j’suis pas trop mal. Et comme je vous le dis souvent, VOUS, les soignantes de l’hôpital de Dole! Vous êtes MERVEILLEUSES!!! et MERCI et ça aussi, on ne vous le dira jamais assez.

 

 

 


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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