Mode sombre

Voici quelques liens pour trouver facilement de la musique libre sur internet en 2020.
Comme Lucien a un projet de radio libre en carriole, je lui ai fait remarquer qu’en 2020, on peut se passer complètement de la musique commerciale. Sauf que si tu ne le sais pas, ce ne sont pas les médias qui, à part de rares exceptions, ont tendance à invisibiliser la culture libre depuis des années, qui vont te le dire. En plus Hadopi a bien lavé les cerveaux en son temps. Je lui ai donc promis un petit récapitulatif et tant qu’à faire, autant le partager.
La musique libre, c’est quoi ? C’est celle qui n’est pas diffusée sous copyright, mais sous licences de libre diffusion : creative commons ou art libre, etc. Certaines sont plus ou moins restrictives. Exemple : on peut modifier ou pas le musique, en faire un usage commercial ou pas. Pour un simple utilisateur, ces subtilités n’ont pas besoin d’être détaillées, on retiendra juste que les licences libres autorisent et encourage le partage.
En France le site de référence c’est Dogmazic. Ethique jusqu’au bout des ongles, au point qu’il a d’ailleurs failli disparaître. Mais comme tout bien commun, il ne tient qu’à toi de le faire vivre. L’interface est peut-être moins plaisante que Soundcloud ou Bandcamp, mais passé les premiers pas, elle est bien fonctionnelle et permet d’accéder à plus de 55000 morceaux dans tous les styles musicaux. https://www.dogmazic.net/
Il y en a d’autres comme https://www.auboutdufil.com/ mais beaucoup sont des sites de « licensing » camouflés.
Ah oui, je précise parce que localement, celles et ceux qui me connaissent risquent d’avoir tendance à associer musique libre avec musique zarboïdes, oops, je voulais dire hors-norme, mais ce n’est que ma spécificité et c’est trompeur. La musique libre, c’est avant tout une musique de passionnéEs, faite par toutes et tous, pour toutes et tous, face à des marchandises commerciales musicales. Après dans ces marchandises, il y a des choses merveilleuses. Et donc si l’on peut trouver des choses aussi merveilleuses en libre, pourquoi ne pas faire un choix qui change le monde ?
Soutenir celles et ceux pour qui le partage est un mode de vie, n’est-ce pas faire vivre une belle utopie ?
En tous cas, ce serait dommage de passer à côté, juste par nostalgie d’une époque où on a découvert certaines musiques. De toute façon, dans la vie si on ne veut pas vivre avec des regrets, il vaut mieux essayer et se faire sa propre opinion.
Voilà le lien pour la recherche par styles sur Dogmazic :
https://play.dogmazic.net/albums.php?action=show&album=10139#browse.php?action=tag
Et sur ces websites qui sont en anglais :
https://www.soundshiva.net/genre/electronic
https://www.clongclongmoo.org/?s=triphop
https://radiofreealbemut.tumblr.com/search/rock

Radio Free Albemuth o r s n o r m e, si tu ne l’as pas deviné, c’est l’audioblog que j’anime. Il est spécialisé sur les musiques en « free download » (téléchargement gratuit) car sur Bandcamp, il y a aussi le « pay what you want » où l’on donne ce que l’on veut, zéro euros inclus. D’ailleurs, un petit paradoxe malgré ce qui est annoncé dessus, certaines des musiques sont sous copyright ! mais les musiciens autorisent leur partage. Cela ne me dérange pas tant que ça, vu que je fais parti, de la génération du Plunderphonic, la frange la plus radicale du copyleft : les copythiefs, les activistes qui, à la façon des situationnistes, militent pour le droit de sampler tout ce qui est diffusé dans la sphère publique. A l’origine, je souhaitais que chacun ajoute des musiques pour que ce soit comme un moteur de recherche manuel, mais hélas ! Tumblr a été revendu et s’est légèrement effondré...
Il y a tout de même plus de 600 publications sur le blog donc autant d’albums et EP, même si ce sont souvent mes coups de cœur donc... souvent expérimentaux, électro, postpunk, neofolk, triphop...
Après pour découvrir la musique libre, il faut prendre son temps pour trouver des trésors, un peu comme autrefois quand on flânait dans les bacs de disques. D’ailleurs, la pochette qui illustre l’article est celle d’un disque du groupe dont parle Hubert-Félix Thiéfaine dans la Vierge au Dodge 51 que j’ai eu la chance de trouver à l’A.L.C.G de Dole juste avant le confinement.
Mais qui cherche trouve ! Par exemple, pour le Hip-hop, un des artistes qui me semblent les plus intéressants sur Dogmazic, c’est Explicite. Voici son dernier album Furieusement Cool. Si tu allais en manifestation avant les dernières lois liberticides, tu devrais apprécier le Drum’n’ bass mâtiné de voix Raggamuffin de ¡NO PASARáN! sur l’album Seize the power ! , il propose même une reprise de Bella Ciao !
Si tu préfères méditer sur comment atteindre un monde meilleur et cherches de la musique plus planante, écoute les troubadours soniques ! https://hamfuggirecords.bandcamp.com/album/concept
Pour un plus grand choix, le mieux c’est de trouver un ou des netlabels qui diffusent les styles qui t’intéressent https://archive.org/details/netlabels
Si tu n’as pas trouvé ton bonheur, les compilations thématiques sont un peu comme des segments de radio internet. Sur le thème de la révolution, essaie : https://archive.org/details/Necktar2017Volume6
Sur le thème des origines de la musique :  https://camembertelectrique.bandcamp.com/album/origins-2
Un panorama de l’hexagone :  https://nostalgiedelaboue.bandcamp.com/album/rien-ni-personne-volume-ii-iii
Un des quinze épisodes sur le thème de Twin Peaks : https://indierockmag.bandcamp.com/album/irmxtp-part-i-i-had-the-strangest-dream-last-night-the-owls-were-silent
En parlant de webradio sur Shoutcast, il y en a un paquet :  https://directory.shoutcast.com/ mais on s’éloigne du libre, même si on reste dans le partage. Et dans ce cas, perso, ma radio contre-culturelle préférée, c’est Radio Mulot et si tu as un bon récepteur (mais elle s’écoute aussi en ligne), il y a radio BIP à Besançon.
Pour terminer dans ce qui n’est pas libre, mais passionné, il y a le logiciel de peer to peer soulseek qui a survécu et permet à beaucoup de musiciens de partager leurs œuvres.
Ce n’est qu’un aperçu rapide, bien loin d’être exhaustif, basé en partie sur ma propre expérience de la recherche et diffusion de musiques libres car j’aimerais bien prochainement compiler les ressources littéraires libres disponibles en ligne. C’est volontairement que je repousse en dernier les films et documentaires car ce sont les secteurs les moins développés du monde libre.
A propos du Coronavirus, il suffit de l’expérimenter pour constater que la musique impacte notre état physique et psychique. Et c’est justement une des failles béantes de ce système. Hier soir, je regardais « Sorry we miss You » de Ken Loach : quelle indécence a le gouvernement de prétendre lutter contre une maladie alors que c’est le système qu’il représente qui nous rend vulnérables ! L’impact de la pollution des grandes villes sur le système respiratoire a eu un rôle dans le décès des victimes... sans déconner ? Et quand tu es SDF, tu te confines comment ? Et le travailleur uberisé, il fait comment ? C’est difficile de se soigner quand on a pas le temps de dormir et quand on s’alimente difficilement… Et justement Ken Loach ne fait pas que révéler ce qui ne va pas, il montre aussi quand des alternatives ont fonctionné : « le vent se lève ».
Personnellement je suis convaincu que le système néo-libéral n’a absolument pas le bon logiciel pour faire face au Coronavirus. Exemple de base : l’alimentation. Plutôt que tabler sur les grandes surfaces, on devrait encourager les circuits courts et inciter la population, quand elle le peut, à tendre vers l’autonomie alimentaire : cultiver un potager, élever des poules. Au lieu de cela, c’est toujours l’infantilisation autoritaire, le conditionnement à la carotte et au bâton, en lieu et place de la moindre humanité. L’éducation qui formate des robots obéissants, mais dangereusement égarés dès qu’ils sortent des rails de leur programme. Quand la mesure de confinement a été mise en place, je me suis dit : tiens, c'est une situation inédite qui pourrait permettre de poursuivre l'élan de solidarité et de ressocialisation initiée par certainEs Gilets jaunes... Mais à peine cette pensée s'était formée que je frissonnais en me disant qu'à lopposé, le gouvernement avait dû avoir le même genre didée mais en version mal intentionnée : comment utiliser la situation à son profit.
Enfin quand on est confiné, la musique pour s’évader cela peut permettre aussi de découvrir des styles méconnus du grand public, tel le field recording, l’enregistrement d’environnements sonores naturels : https://archive.org/details/earsheltering093

Le premier soir du confinement je suis sorti dehors et depuis des années je n'avais pas entendu quelque chose d'aussi proche du silence. 
La musique est la bande son de nos vies, mais elle ne prend pleinement son sens que quand nous la partageons.
Alors n'oublie pas quand tu voyageras dans les musiques qui se trouvent sur internet que ce ne sont que des captations ou des compositions,
la musique n'est vraiment vivante que dans l'instant où elle se crée, par exemple lors de performances improvisées !

Cet article a été écrit par Robot Meyrat. Dole le 19 Mars 2020.
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À propos de l'auteur(e) :

Robot Meyrat

Éternel débutant, Chercheur de singularités, Créateur de chimères, Expérimentateur d’inédits. Inscrit dès la naissance à l’école de la Vie. Il m’arrive d’être drôle à mon insu. Je suis mon chemin. Résister au courant principal jusqu’à la Mort et au-delà.


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