Gustave Brun, peintre, Dolois et socialiste
On n’a pas l’habitude de mélanger les pinceaux et la politique dans Libres Commères mais quand l’occasion se présente, pas question de bouder notre plaisir : je viens par hasard de tomber sur Gustave Brun, né le 23 novembre 1817 à Dole. Cet artiste peintre, initié très tôt à la peinture par Désiré Besson, fondateur et premier conservateur du musée de Dole, séjourne un temps à Paris mais revient rapidement dans sa ville natale. Socialiste déclaré à une époque où François Hollande n’avait pas encore de rond de serviette à la cantine de à l’Assemblée nationale, Brun prend ses habitudes au « Club des Carmélites » qui milite pour l’instruction du peuple, le maintien de la République et l’avènement des doctrines socialistes.
Cet engagement politique et sa résistance au coup d’Etat de décembre 1851 orchestré par le futur Napoléon III lui ont valu deux ans de prison.
Sa peinture témoigne des mœurs et de la société de son époque. « Ses peintures sont précises et les visages expressifs illustrent ainsi très exactement la misère de la campagne doloise et l’arrogance de la bourgeoisie de l’époque. » Et bing ! Bien envoyé mais je ne sais plus par qui.
Par testament, Brun lègue à Dole où il a passé l’essentiel de sa vie ses deux maisons et les tableaux présents dans son atelier afin que l’argent récolté soit distribué aux pauvres. Beau geste de la part d’un homme qui, malgré un métier pas toujours très rémunérateur et des idées socialistes, avait tout de même du bien immobilier. On ne sait pas s’il en tirait des loyers…
La toile qui illustre cet article s’intitule « Dieu prodigue ses biens à ceux qui font vœu d'être siens » date de 1874, est conservée au Musée des beaux-arts de Dole et prouve que le dit Brun avait l’humour caustique. Ça permet aussi de rappeler que le port de la soutane ne date pas d’hier et prouve un attachement inquiétant des actuels curés de la paroisse à des régimes qu’on aurait aimé savoir révolus.
Ceux qui désireraient pousser un peu plus loin avec Brun pourront toujours se pointer le dimanche 22 novembre à 15h00 au Musée des Beaux-Arts : une visite leur apportera d’autres renseignements. Elle porte également sur d’autres peintres locaux mais on n’est pas obligé de rester vu que l’entrée est libre et la sortie gratuite.
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À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.