Mode sombre

La France frappe des mains à la fenêtre. Youpi ! La France allume des bougies au son des cloches. Youpla ! A la demande des évêques et des bedeaux…? Et pourquoi pas une petite prière festive pour apaiser la colère de Dieu ? Encore heureux que ce ne soit pas les évangélistes qui nous appellent à une hola générale sur le toit. 

A défaut d’être efficaces, les casserolades des Gilets jaunes ont au moins le mérite d’être sincères : elles rappellent les « baroufadas » des dernières manifs contre le régime. Je ne suis sans doute pas le seul à ronger mon frein sans même pouvoir sortir avec une pancarte et gueuler un bon coup pour pas péter les plombs devant mon écran. Mais y a pas pléthore d’agitateurs dans ma rue ni même dans toute la ville ! Je crois bien que je les connais tous , ceux qui ruent dans les brancards ! Et les flics connaissent trop bien leur tronche pour qu’ils puissent prétendre qu’ils vont faire un tour de rond-point, histoire de se maintenir en forme. 

Et pendant ce temps-là, Dole, ici, Dole, docile, et indolente, plus que jamais plongée dans sa torpeur ! « Dans ces circonstances, toute polémique est simplement pitoyable. Cherchez des solutions plutôt que de savoir "c'est la faute à qui?"... Souvent le silence est -comme toujours- le plus sage ! SO-LI-DA-RI-TE !!! », conseille Jérôme Coutrot jamais très prompt à critiquer le régime en place et dont la prudence me fait penser à celle d’un tramway. Sauf quand il tacle son propre camp déjà à terre après des élections baclées. Même si, pour tout dire, on s’en fout un peu.

Ces jours-ci, Stéphane Haslé, monsieur café-philo, publie un beau texte dont on ne peut que partager l’analyse marxisante et anti-macronienne. Rien de très nouveau mais ça fait du bien de l’entendre, même sur un ton docte et académique. Et puis ça change des blagues de papier toilette ou de tous ces « Remplissons Facebook de musique, pour rompre la monotonie des selfies, de la politique et des mauvaises nouvelles. » Cette invitation-là me fait penser aux pages de la PQR locale où on vous propose des idées pour « occuper votre mercredi, votre week-end » et maintenant toute votre semaine. Mais à ce rythme-là, on va finir le confinement dans un plan guimauve, à faire des mots-fléchés en sirotant du destop !

Heureusement que Nougarede pète un plomb de temps en temps ( on ne sait pas toujours pourquoi sinon que quelque part on le fait chier ! ) et que Michel Passarelli pousse des gueulantes en majuscules. Alors à mon tour de le faire:

ON RESTE CHEZ NOUS PARCE QUE DES TOUBIBS COMPÉTENTS NOUS LE DEMANDENT EN ATTENDANT MIEUX. 

Mais que ça ne nous empêche pas de rester bien remontés comme des coucous (j’ai pas écrit couscous!) qu’on empêche de pondre. On ne cède en rien à Castaner et ces comicos. On ne va pas manquer une occas’ de la ramener sur le web contre l’ignominie et le cynisme de ce régime de bananes. Mais faut pas se contenter de se payer la tête de Pénicaud et la bite à Griveaux ! Faut pointer toutes les petites crasses d’une bourgeoisie calculatrice qui prépare déjà l’après-corona. Ceux qui appellent au calme ont tout à perdre et ne détestent pas voir les condés verbaliser à tour de bras ! Ô les bien-pensants qui ne se sont pas bougé le cul quand la rue braillait pour ses vieux, ses malades, ses services publics, sa dignité, et tout ça au nom de la solidarité, la vraie ! Alors on soutient sincèrement nos camarades de l’hôpital, et on gueule aussi à leur place parce qu’ils ne vont pas forcément avoir le temps de le faire eux-mêmes ces jours-ci ! Que les tièdes et les résignés se changent les idées par la culture et les niaiseries, ça les regarde ! Mais y a mieux à faire que de passer le temps et de vaguement songer au sens de la vie en se triturant la nouille ! On a un monde à refaire après le désastre ! Pour nous et avec nos enfants !


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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