Humeur

L’audace et la prudence…

Publié le 27/03/2020 à 02:42 | Écrit par La Rédac' | Temps de lecture : 02m10s

« Nous sommes en guerre », a martelé Freluquet et de visiter la tranchée de Mulhouse tel Clemenceau ... sans la prestance ni la moustache. Sauf qu’au front, on manque d’uniformes, de mortiers et de brancards...

C’est que Freluquet ne croyait pas à la guerre. Plastronnant au théâtre, en promenade, il ignora les avertissements. Il organisa même des élections... Voilà longtemps, comme ses prédécesseurs, qu’il avait réduit, pour des raisons de gros sous, les crédits à ses armées, comptant sur l’Union pour s’entraider en cas de malheur… Notre pays sans défense se prit le fléau de plein fouet. Et dans l’Union, chacun tira la couverture à soi.

A la guerre, les généraux sont à l’abri et laissent le petit peuple ferrailler dans la gadoue. Après les médailles et les compliments, le populaire sera invité aux sacrifices pour redresser le pays : congés payés, travail le dimanche, 35 heures, autant de luxes qu’il ne pourra plus se permettre en ces temps douloureux de baisse de la sainte croissance… et que Freluquet fit passer prestement dans la loi à la faveur de l’état de siège.

Il advint pourtant qu’un scientifique mit au point une arme qui pouvait faire reculer l’ennemi et réduire les morts au champ d’honneur. Hélas, Freluquet et ses conseillers, acoquinés avec les marchands de mortiers, refusèrent d’adopter cette arme bon marché sous peine de sacrifier leurs bénéfices. Ils invoquèrent la « prudence », le besoin de tester l’engin et le « principe de précaution ».

Peu leur chaut quelques milliers supplémentaires de gueux enterrés ! Le chômage s’en trouvera soulagé et tous ces vieux inutiles ne seront plus pensionnés... Sauf que l’ingénieux scientifique mit sa trouvaille à l’œuvre sans s’occuper des blablateurs encostardés. Il fut rejoint par d’autres, ici et ailleurs.

Le peuple des tranchées, commença aussi à se rebiffer et demanda au Freluquet s’il n’eût pas été plus judicieux d’exercer sa « prudence » à préparer la guerre, le matériel, les espaces, les soldats et à se soucier du pays au lieu de parader. Ainsi, gouverner serait prévoir et l’écervelé n’avait rien prévu.

Réduit à lui-même, le petit peuple s’organisa avec les moyens du bord, tentant de contenir l’ennemi et surtout, désobéissant aux stupidités d’un état-major incompétent et criminel.

Les récalcitrants, sans doute, vont s’enhardir : ouvriers reprenant les usines de masques, celles de respirateurs, de médicaments, de tests, privés offrant les lits, maires ou hôpitaux commandant le matériel directement aux fournisseurs, patrons refusant d’envoyer leurs employés au front… Présentement la mutinerie continue d’enfler.

C’est cette audace qui nous aidera à moins mourir jusqu’à ce que les rescapés viennent brûler les palais de ses chefs faillis et déshonorés. La guerre parfois se retourne contre ses fauteurs. Le prix du sang et des larmes.

 

L’irrévérencieuse




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