Mode sombre

Emmanuel Macron propose de remplacer la Sécurité Sociale par une cagnotte Leetchi… La boutade du Gorafi remonte au 1er octobre 2019 : elle était donc prémonitoire. A moins que Gérald Darmanin ne s’en soit carrément inspiré pour proposer la mise en place d’une plateforme pour faire la quête.

Il y a moins d’une semaine, je recevais un mail d’Axelle Davezac, de la Fondation de France. Je ne sais pas trop pourquoi elle m’écrit. On a dû lui donner un peu  d’argent par le passé. Elle n’a pas non plus l’air de bien me connaitre non plus vu qu’elle commence par « Chère Madame, cher Monsieur ». Elle fait un « appel à la générosité pour répondre en urgence aux besoins des soignants, des chercheurs et des personnes vulnérables que la situation sanitaire fragilise de manière dangereuse ». Et elle m’assure que « les fonds collectés serviront à soutenir les actions de l’ensemble des acteurs de la recherche engagées dans la lutte contre l’épidémie : Institut Pasteur, INSERM, CNRS, INRAE, Universités, AP-HP, etc. » Je lui fais confiance à Axelle pour bien utiliser cet argent : elle a du coeur et c’est vraiment le moment de participer à cette grande cause qu’est la santé publique.

 

Mais je ne vais RIEN lui donner  à Axelle. Pas un sous, pas une pièce jaune. Parce que j’en ai marre qu’on vienne me demander quelques dizaines d’euros, alors que c’est par milliards qu’il faut investir, et vite, dans la santé publique, pour fabriquer des masques à la tonne avec le tissu des maillots de bain qu’on ne mettra pas si ça continue et transformer les moteurs des bagnoles dont on n’a pas besoin en ce moment en respirateurs artificiels.

Je paie des impôts pour ne pas avoir à me préoccuper chaque jour de savoir si je vais donner contre la mucoviscidose ou pour le dépistage du cancer du sein. J’en ai marre des quêtes de la Croix-Rouge et des débilités collectives du Téléthon. Les services de ce guignol de Darmanin sont là pour assurer des financements à ce qui en vaut le coup : ce n’est pas à moi d’enquêter pour savoir si tel ou tel laborantin du CNRS fait bien son boulot ou la sieste devant Candy Crush. L’État est là pour ça, non !? Et s’il faut des comités citoyens pour vérifier tout le bouzin de temps en temps, histoire d’éviter que tout ce beau monde fasse la fête à nos frais, d’accord ! 

Mais, Gérald, remballe ton idée débile. Elle est aussi stupide que le loto des chefs-d'oeuvres en péril de Stéphane Bern. L’argent que tu recherches s’appelle l’impôt. Il n’est pas question de générosité et de solidarité. Chacun paie sa part un point, c’est tout. Les grosses entreprises qui continuent à engranger plein pot (Amazon, Intermarché, Auchan, Carrefour, Leclerc, Bouygues, Apple…)  n’ont qu’à payer pour les petites qui dégustent. Mais pas sur la base du volontariat ! Elles n’ont qu’à payer ce qu’elles doivent : c’est déjà énorme. Alors par pitié, foutez-nous la paix avec vos collectes ! On a déjà assez d’argent à donner pour encore pouvoir accéder à une presse libre et indépendante. Là, d’accord, c’est un choix que je fais parce qu’il n’est décidément plus possible de faire confiance à France Inter ou France 2 qui vivent pourtant de ma redevance. Mais là, c’est une affaire de sensibilité politique. Et je n’ai décidément pas celle de Salamé ou Pujadas.

Mais pour savoir s’il faut sauver les productions essentielles au coin de ma rue, le coiffeur, le libraire ou le boulanger, c’est quand même de ton ressort, Gérald ! Et tu sais très bien où trouver l’argent public puisque c’est toi et ton système qui l’avez remis dans les poches de ceux qui ne savent plus quoi en faire.

Alors Axelle, adresse-toi au gouvernement et alerte l’opinion publique au lieu de m’envoyer ce courrier pour m’apitoyer et de faire de moi un « généreux donateur ». 

 

Mais comme un fait exprès, je reçois ce matin un mail de mon assurance : à croire que ces gens-là lisent mes conneries sur le net. Je vous laisse avec la lettre : j’ai aide aux devoirs avec des gamins confinés.

 

 

Pour mémoire...

 


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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