La révolution, c’est pour bientôt ?
« Les crises sont une chance si on sait bien les saisir », a dit ce matin (nous sommes le 3 avril) Bruno Latour sur France Inter. Bruno Latour à la matinale de France Inter…? Ça vous réconcilierait presqu’avec la chaine si le journaliste Demorand n’était pas aussi con, hargneux et si ouvertement au service du régime. Réfléchir à la suite, c’est la préoccupation que le sociologue de 73 ans partage avec Marie, nettement plus jeune mais avec les mêmes préoccupations pour la planète, qui signe pour la première fois dans Libres Commères. Comme quoi les grands esprits du renouveau se rencontrent chez nous… bon, d’accord, je pousse un peu, mais on m’avait demandé de faire flamber le lancement, non ?!
La Rédac’
Une question s’impose régulièrement à mon esprit, de façon exacerbée depuis le début du confinement. Je me permets d’écrire quelques lignes sur le sujet parce qu’il m’est permis de penser que certains lecteurs de Libres Commères se posent la même, et peut-être que mes réflexions peuvent leur être utiles.
Comme je suis bien au chaud chez mes parents, dans une maison de bourgeois où je n’ai ni à souffrir de la solitude, ni de l’ennui, ni de la claustrophobie d’un appart de CROUS de 9m2, mon obsession est la suivante : comment faire la révolution ?
On y est, là, clairement, de tout mon optimisme, je le constate : on n'aura jamais une meilleure occasion de renverser le système. La crise du climat et de la biodiversité est engagée, mais pas encore aussi inéluctable qu’elle le sera dans quelques années. Le Covid-19 est relativement peu virulent par rapport à ce que le permafrost pourrait libérer par exemple. En cela, ce virus constitue un très bon « entraînement ». La population a le temps de réfléchir au sens du poste qu’elle n’a plus à tenir, des achats qu’elle ne peut plus réaliser. Elle a le temps de préciser les liens entre la colère qu’elle entretient contre un gouvernement qui profite du confinement pour revenir toujours plus sur les acquis sociaux et l’effondrement d’une économie virtuelle qui touchera bientôt l’économie réelle.
C’est donc maintenant ou jamais que je m’agite pour trouver LA solution pour soulever les masses, et vite, car il n’y a que quelques semaines pour embraser la colère afin qu’elle explose à la sortie de cette crise sanitaire !
Belle déclaration d'intentions, me direz-vous… Je ne suis ni philosophe, ni professeure, je n’ai pas de pouvoir politique ou d’influence particulière, je n’ai pas beaucoup d’argent…
J’ai mis quelques jours à comprendre que cette recherche d’une solution unique et décisive était vaine, non pas parce que je n’ai pas l’intelligence de trouver une solution, ou pas le pouvoir de la mettre en place, mais parce que la solution décisive n’est certainement pas unique ! La solution est collective et nous devons démultiplier les façons de dire pourquoi il faut changer et les manières de proposer l’après, sans s’inquiéter de si ce que l’on a dit a déjà été dit, sans s'inquiéter de si l’on est le mieux placé ou le meilleur pour parler d’un sujet, de si on le dit assez bien. Il faut embrasser la diversité de nos singularités à transmettre le message, car elles sont autant de voix nécessaires au chœur.
La conférence, la vidéo, l’article, le post Facebook, la chanson, le blocage, l’exemple, la manif... qui mettra le feu aux poudres a peu de chances d'y parvenir parce que ce sera l’œuvre la plus qualitative parmi toutes les dénonciations du système. Il est plus probable qu’elle le fera par chance, parce que le moment sera venu, que ce sera le témoignage-bascule pour la majorité qui aura été abreuvée de cette multiplicité de témoignages préalables. Je dis donc, provoquons cette chance en augmentant les probabilités, écrivons, parlons, faisons des vidéo-conférences, passons par nos cercles proches, créons, réfléchissons, en fonction de nos capacités et de nos contacts sans jamais croire que c’est vain parce que c’est incomplet, imparfait, invisible. À nous tous, nous serons complets, aussi parfaits que l’on puisse l’être, visibles.
Marie
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