Société

Vélo et confinement : on en perd les pédales !

Publié le 26/04/2020 à 19:42 | Écrit par La Rédac' | Temps de lecture : 04m29s

Rassurez-vous, je vais vous faire grâce de l’idée saugrenue qu’a eue une ministre d’oser proposer de faire un Tour de France à huis clos ! On peut dire que Roxane Maracineau, cette ancienne championne de natation ne se sent pas comme un poisson dans l’eau quand il s’agit de cyclisme !

Non, ce dont je souhaite parler dans cet article, c’est le sort réservé au déplacement cycliste quotidien à l’occasion du confinement. On entend tout et son contraire tout simplement parce que l’état de droit n’est pas respecté.

Ce qui n’est pas interdit est par définition autorisé ! Si nous nous référons au décret du 23 mars 2020, article 3 et 5ème point, il n’est nullement question d’interdiction d’utilisation du vélo dans le cadre du déplacement, bref dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre.

Pour rappel, le texte indique : « 5° Déplacements brefs, dans la limite d'une heure quotidienne et dans un rayon maximal d'un kilomètre autour du domicile, liés soit à l'activité physique individuelle des personnes, à l'exclusion de toute pratique sportive collective et de toute proximité avec d'autres personnes »

Du coup, comment interpréter les propos du coordinateur interministériel pour le développement de l’usage du vélo Thierry du Crest, qui précise dans un message posté sur un réseau social que la pratique du vélo en tant que « moyen de déplacement » est autorisée, et qu’elle est interdite lorsqu’il s’agit « d’une activité physique ». 

Faisant quelques recherches sur les diverses publications du ministère, je tombe sur cette affiche :

 

 

Avec pour commentaire que la pratique du vélo loisir est proscrite exceptée pour les enfants quand ils sont accompagnés par un adulte à pied (alors cela, c’est encore moins indiqué dans le décret…) et que le vélo est en revanche autorisé pour les déplacements  dits « utiles » (travail, course, santé...)

Face à de telles inepties, les internautes réagissent (et ils ont raison !) en se demandant si désormais une publication Facebook, un message sur un réseau social quelconque ou tout simplement un propos tenu à la télé faisaient loi ! Ils interrogent même le ministère pour savoir sur quel texte de loi  cela se base. Aucune réponse ne leur est apportée !

Il faut dire que la crise sanitaire actuelle a permis au gouvernement de s’illustrer tant sur son incompétence que sur ses incohérences. La pratique du vélo en pâtit malheureusement alors que d’autres pays  profitent de cette période pour le valoriser car au niveau distanciation sociale, il n’y a pas mieux… En plus, ce sentiment de liberté qu’on ressent en donnant quelques coups de pédales n’a pas de prix ! 

Alors, certains parleront de l’inconscience d’aller se promener à vélo à moins d’une heure et moins d’un kilomètre de chez soi « car vous vous rendez compte si vous devez aller à l’hôpital qui est déjà saturé » et dans le même temps, ils se presseront en grande surface ou au magasin de bricolage pour se promener et choper le virus à défaut de prendre l’air. D’ailleurs, si nous voulons parler de possibles accidents, n’est-il pas dangereux de bricoler ? On pourra me parler de dangerosité, quand on permettra plutôt aux gens d’acheter un bon bouquin dans une librairie ou d’emprunter des documents culturels en médiathèque. Peut-être est-il volontaire que les gens ne réfléchissent pas et se lavent le cerveau à la sauce BFM ou TF1 !

Autre incohérence : j’ai un copain qui travaille à 25 km de chez lui. Il prend donc son vélo car il en a le droit et il aurait tort de s’en priver vu le temps clément que nous avons depuis le début du confinement. A l’occasion d’un arrêté préfectoral du Jura du 3 avril 2020, il lui était interdit d’emprunter les pistes cyclables. Il était alors obligé de rouler sur la route, parfois sur des portions dangereuses. Heureusement, l’arrêté pris suite à la poursuite du confinement le 15 avril apporte la précision suivante concernant l’interdiction : « Toutefois les déplacements dans ces lieux (dont les pistes cyclables) sont possibles quand ils sont conformes aux motifs listés sur l’attestation dérogatoire de déplacement qui permet notamment une sortie quotidienne d’une heure dans un rayon d’un kilomètre du domicile ».

Du coup, pour revenir à mon déplacement bref à vélo, ma précieuse soupape quotidienne dans ce moment difficile à passer, j’en ai clairement le droit même si les personnes qui m’arrêteront peuvent prétendre le contraire grâce au flou entretenu de la voix même des représentants de l’état et des médias. Alors que j’ai été arrêté la semaine dernière par la police qui m’a indiqué cette interdiction, une dame m’a raconté qu’elle est allée demander directement en mairie et qu’il lui a été précisé qu’elle avait le droit dans ce cadre également. Je suis aussi surpris d’avoir entendu à mon passage, une personne qui, depuis sa fenêtre, sans savoir d’où je venais, qui j’étais et où j’allais, me lancer un : « Mais le vélo est interdit, Monsieur ! ». On vit donc un drôle de moment et le lavage de cerveau fonctionne a priori sur certains !

Sinon, pour moins me prendre la tête et au final plus risquer d’être contaminé, je peux avoir envie d’aller faire des courses de première nécessité, ce qui m’enlève alors  la notion et de temps et de distance…Vous voyez que vous aussi maintenant vous perdez les pédales !

Je remercie l’association lédonienne de promotion de déplacement quotidien en vélo : Vélo Qui Rit, qui nous informe régulièrement des évolutions législatives et nous montre les initiatives de promotion développées dans de nombreux pays dans ce contexte très particulier. Et je regrette que son pendant dolois Dolàvélo ne soit pas aussi actif durant cette période de doute sur l’utilisation de nos chères bicyclettes.

 

Thomas Gaillard

 




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