Mode sombre

Ce n’est plus un secret pour personne : le Prédisant Macron inquiète sa propre garde rapprochée tellement il est imprévisible. Toujours dans la disruption ! Du coup avant le « coup de cam » de mercredi 6 mai, je m’étais mis un gramme dans le pif pour pouvoir suivre. Et là, à peine sorti des toilettes, le voilà qui débarque à l’improviste sur le web et BiNG ! il balance des aphorismes incroyables (« comme je le dis souvent, la glace est fine, et on ne peut pas dire on rouvre tout » ou « je ne suis pas un théoricien du drame ») et des tas d’idées plus géniales les unes que les autres (« le génie français, c’est le bon sens et la créativité » ou « faire remonter les utopies concrètes »). Génial ! Ça, c’est envoyé ! On est les champions du monde de la culture. Bien vu ! Tout se bouscule dans sa tête, parce qu’il a noté dedans tout ce que chacun a dit avant la réunion, c’est la synthèse même, cet homme, alors, avec toute l’énergie qu’il puise je sais pas où, il bouscule tout. Et c’est pas pour faire de la pâtisserie qu’il est en bras de chemise, le Prédisant ! Une « fameuse année blanche » pour les intermittents, ça, c’est pas de la poudre de perlimpin. C’est une ligne à suivre, l’année blanche, une refondation, un temps de résistance et de résilience, un pacte de confiance avec la nation. « Je veux qu'on s'engage à ce que les artistes et techniciens intermittents soient prolongés d’une année… » Bon, les gens du spectacle, vous devez vous sentir à peu près à l’abri jusqu’en août 2021. Mais notez tout de même, le « je veux qu’on s’engage », le Prédisant se donne une petite marge tout de même. C’est peut-être pas lui qui va s’engager directement, hein ?! C’est pas son rôle non plus ? On est tout de même en Vème république. « Ma conviction en faisant ça, c’est que je vais suffisamment donner confiance pour que quasiment on n’en ait pas besoin. » Ah bah ! Tout s’explique ! M’enfin c’est peut-être parce que « c’est très compliqué, c’est très exorbitant du droit commun. » Heureusement, il sait déléguer, le Prédisant. Le ministre Riester (j’ai oublié son prénom mais ça rime avec branque) a pris des notes sur tout et sur comment bouger ses mains devant la caméra. Il a intérêt parce que l’autre c’est le spécialiste de l’improvisation, et c’est important pour un mime, l’improvisation ! Toucher tout le temps ses cheveux pour montrer qu’il n’a pas pu aller chez le coiffeur, et ça c’est très fort de chez Macron. Mais je me déconcentre et l’autre agité s’emballe. « Ne pas se refermer et défendre notre spécificité, on est dans cette tension, cette dialectique permanente à laquelle je crois. Je n’ai jamais cru à une mondialisation heureuse ouverte où tout le monde vivait dans un bain heureux. J’ai toujours défendu ce que j’appelle la souveraineté européenne mais je crois à un universalisme qui permet de faire circuler les créations, les intelligences, les sensibilités. On a besoin d’une Europe de la création. » Alors là, il est grandiose ! J’ai pas tout suivi ! Mais j’adore ! Et Riester ne sait plus où donner du stylo. « On a besoin de défendre une création à l’Européenne. il y aura des grands prédateurs chinois, américains. L’échelle de notre riposte va être européenne et industrielle.» Et là, Riester va souffler un peu parce qu’on a le Bruno et la Muriel pour assurer derrière parce que tout ce qu’il envoie le patron, c’est du lourd ! « Une révolution de l’accès à la culture et à l’art ». Et là, c’est Jean-Mi qui rentre en scène avec ses tennis et ses chansons. « On est des créatures sociales et chiche, on a besoin de vous à l’école. » Les intermittents à l’école. Voilà le truc que fallait y penser ! Le pompon du génie créateur ! Les intermittents du spectacle seront dans la cour de récré et plutôt qu’ils ne le croient encore… parce qu’on ne va pas partir en vacances. « On va devoir réinventer notre été, peut-être d’autres formes de colonies de vacances. » Ça, c’est le cadeau de l’été apprenant et culturel. Y aura pas de retour au bled pour Moustafa, cet été, pas de Palavas-les-Flots ni Berck Plage, ni la Bourboule pour Simone. « Une opportunité de chantier de création. Un grand programme de commandes publiques. » Là, Riester, il prend déjà rendez-vous avec sa caisse d’épargne vu qu’il a jamais rien eu sur son compte depuis qu’il est arrivé. Il a plus de papier non plus, le pauv’bougre ! Et le Prédisant, il continue. « Inventer une saison hors-norme ». Une vraie vision de ouf avec une ambition partagée ! Le plan, c’est ringard et bolchévique. Refonder une ambition culturelle pour le pays ! C’est énorme tout ce qu’on peut dire en bras de chemise quand on vient de faire du sport ! « J’assume ce grand écart entre une forme d’idéalisme qui peut paraitre naïf mais que je crois résolu et une forme de pragmatisme de la réponse économique et sociale. »  Et nous voilà au point G de la réunion : RO-BIN-SON ! Le Robinson de l’île au trésor public, « il ne se prend pas les mains dans la tête, il prend d’abord du jambon et du fromage ». C’est un miracle ! Robinson pense à prendre du jambon et du fromage après le naufrage avant d’accomplir des miracles sur sa petite île ! Je suis sur le cul ! Le Prédisant Macron est un visionnaire. Il a enfourché le Tigre. C'est le penseur de l’après.


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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