Politique

Un député comme Ruffin ?

Publié le 29/05/2020 à 14:23 | Écrit par Christophe Martin | Temps de lecture : 03m43s

François Ruffin s’est un peu énervé en commission truc muche, à l’Assemblée Nationale. Ce n’est pas la première fois. Et on le comprend. Les députés, En Marche ou pas d’ailleurs, méritent une bonne paire de calottes lorsque la bouche en cul de poule, certains de ces bénis oui oui réclament que le député picard tempère ses propos alors qu’ils viennent de le prendre pour un con en vidant sa proposition de loi de sa substance. Et on s’étonne ensuite qu’il sorte de ses gonds. Y a vraiment de quoi face à ces bouffons surpayés !

La cause de Ruffin est juste mais il aurait dû ruser. On maltraite les employé(e)s du nettoyage alors qu’il suffirait que les députés fassent leur boulot seulement à partir de 14h00 et terminent tard dans la nuit pour que les agents d’entretien bossent le matin, tranquilles, 3 heures par matin, 5 matinées par semaine, pour 1500 euros net par mois. Et hop, le tour est joué.

Les rois de la calculette vont m’objecter que ça fait du 25 euros de l’heure (mon calcul ne comprend pas les congés payés parce qu’à 1500 boules par mois en région parisienne, faut pas compter partir dans la Creuse pour une semaine). Et de penser secrètement que c’est cher payé pour des femmes de ménage… Bon allez jeter un coup d’oeil ici et vous verrez que cela n’a rien d’exagéré… en proportion de ce que touchent les super-compétents qui nous phagocytent les lois ou qui accueillent les visiteurs. Et je ne vous parle pas encore de l’indemnisation des députés. D’autres le font pour moi.

Je fais de l’antiparlementarisme primaire ? Evidemment. Je l’assume et je le prouve. La démocratie représentative est une mascarade et je le répète assez souvent. Tout ce qu’il y a d’économiquement important se décide en commission à Bruxelles ou à Berlin, chez nos zamis zallemands. Le parlement français ne fait qu’entériner des broutilles qui concernent notre code du travail et nos libertés qu’il dézingue joyeusement. Macron fait des moulinets mais pas le poids face à Merkel qui localement lui confie le sale boulot pour lequel il a été embauché : empêcher de penser et faire taire les 90% de la population que l’Union européenne entube joyeusement. Et ça marche puisque de plus en plus de Français feraient confiance à l’euro, cause pourtant de bon nombre de nos déboires.

Ce qu’a tenté François Ruffin est louable mais ce n’est plus là que ça se passe. La politique française est une vaste comédie à laquelle participent allègrement tous nos parlementaires. Lisez Emmanuel Todd : c’est édifiant.

Prenons Jean-Marie Sermier dont la lettre au premier ministre a eu un effet fracassant. Le 20 mai, il prend sa plume entre une permanence téléphonique hebdomadaire et une distribution de masques dans les boites aux lettres pour demander une petite faveur au premier ministre et nous voilà en zone verte ! Quelle force de frappe ! Dès le 29 avril, il avait posé une question de la plus haute importance à Edouard Philippe sur l’installation des conseils municipaux élus au premier tour et hop, le chef de l’exécutif lui répond que bien sûr, c’est une excellente question et qu’il a tout à fait eu raison de l’avoir posée. Et que voilà !

On retrouve plus récemment la signature de Jean-Marie Sermier dans une proposition de loi « visant à rendre non identifiables les forces de l’ordre lors de la diffusion d’images dans l’espace médiatique ». Une belle initiative d’Éric Ciotti dont la clairvoyance en matière de sécurité n’est plus à démonter. Quoi ? J’ai écrit démonter ? Non, c’est démontrer qu’il fallait lire. Je rappelle que Jean-Marie Sermier, encore maire de Dole, avait permis l’armement des policiers municipaux et l’installation de la vidéo-surveillance qui assurent une quiétude sans fanfare à notre bonne ville de Dole. J’en profite pour fustiger au passage celles et ceux qui ironisent sur les réseaux sociaux à propos de la forte capacité de travail et de cumul de l’élu. Permettez-moi de me livrer à un rapide calcul : à raison de 10 heures de travail par jour sans aucun jour de congé (70 heures par semaine) au tarif horaire de 25 euros (tarifs que nous appliquions aux techniciennes de surface), on obtient pour un élu très moyen (parlementaire et adjoint municipal) un salaire de 7500 euros par mois. Voilà donc la preuve (à quelques euros près) qu’on peut augmenter les femmes de ménage de l’Assemblée nationale. A ce tarif-là, on trouvera sans doute des hommes à se présenter. Et je demande en plus, la gratuité des transports en commun comme cela se fait pour les députés qui prennent le train.

Je ne peux donc que conseiller à François Ruffin de s’aligner sur la conduite du député jurassien pour se préparer des jours heureux à la retraite. 

Dans un prochain épisode, nous aborderons la question suivante : « comment s’asseoir confortablement sur ses scrupules quand on est sénatrice (Jura oblige) ». 




À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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