Politique

Pour une vraie police de caractère

Publié le 27/06/2020 à 12:48 | Écrit par Christophe Martin | Temps de lecture : 03m14s

Y a-t-il un seul français ravi dans l’Hexagone ? Après les hospitaliers, les cheminots, les retraités, les Gilets jaunes, les anti-racistes, les pompiers, les profs, les élèves, les hydroxychloroquinistes, les motards et les anti-glyphosate, voilà que les policiers viennent de poser leurs paires de menottes à terre pour protester. On aurait préféré qu’ils enlèvent leurs casques il y a quelques mois et on n’en serait peut-être pas là mais bon ! La police nationale manifestait donc en ce 12 juin. Les gendarmes sont des militaires et n’avaient pas le droit d’être à leurs côtés mais, on peut en être sûr, le coeur y était.

Durant la conférence de presse en plein air, pas très loin de l’Élysée, les Forces de l’Ordre ont clamé leur ras le bol d’être stigmatisées, abandonnées, trahies, soupçonnées de racisme foncier et déconsidérées par Emmanuel Macron lui-même. 

« On est venu dire au président Macron qu'il doit soutenir, respecter, considérer SA police (...) La police n'est pas raciste, la police est républicaine (...), elle ne choisit pas la couleur de la délinquance (...) et elle sauve des vies quelle que soit la couleur de la peau de l’individu », a pour l’occasion déclaré Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance à qui j’ai bien envie de dire : « Bienvenue au club… des méprisés de la macronie. » J’ajouterais bien que « SA » police est une expression très malencontreuse mais quand on a un ministre qui parle de « soupçons avérés » au lieu de preuves, on n’est plus à ça près. 

La police est donc au service de l’ordre républicain. C’est bien de nous le rappeler. On risquait un peu de l’oublier parce qu’il est de plus en plus difficile de parler d’ordre et de république dans cette incurie générale du côté du pouvoir. Tout le monde en a pris pour son grade, lors de cette conf’ de presse : Sybeth, Castaner, Mélenchon et même les « illuminés » qui rêvent d’un monde sans police. Je doute qu’on lise Lordon lors des réunions d’Alliance ou sur « FDO 22 unis » mais tout de même !

Le même Lordon reproche justement aux FDO de plus « protéger les institutions » que la population elle-même, l’État avant les Français, l’autorité plutôt que le peuple. A Besançon, on a entendu dernièrement en manif : « La police déteste tout le monde ! » Ça change un peu de l’inverse. Et puisqu’on est à Besac’, j’en profite pour rendre à Victor Hugo cette superbe antithèse : « Police partout, justice nulle part ». En 1851, l’auteur des Misérables sentait qu’il y avait de l’eau dans le gaz avec Louis-Napoléon Bonaparte qui n’allait pas tarder à s’emparer des pleins pouvoirs. 

Et c’est bien là où on en est, mon cher Vanhemelryck ! Vous réclamez des moyens pour juguler la délinquance ? Une justice plus sévère ? On peut vous comprendre. Mais de quels moyens parlez-vous et contre qui ? Vous ne manquez pas de LBD et de lacrymo, me semble-t-il… pour tirer dans le tas quand ça revendique ! L’Élysée ne vous respecte pas plus que la rue qu’on vous demande de tenir ou les quartiers chauds avec lesquels vous êtes en froid. 

La police traverse une grave crise de respect. « Tout le monde déteste la police » sauf ma copine Martine qui se sent en sécurité dans ses bras. Il faut dire qu’elle se sentirait en sécurité dans les bras du président, la malheureuse ! Mais que la police commence par se respecter elle-même ! Elle ne veut pas qu’on la soupçonne de racisme et de brutalité ? Qu’elle fasse le ménage dans les comicos et Renaud reviendra lui faire des bisous. 

Il faudra aussi que les policiers prennent conscience que le pouvoir macronien leur demandera de plus en plus de faire régner la peur dans la population parce que c’est la seule arme qui lui reste pour maintenir un semblant d’ordre. Si la police ne choisit pas la couleur de la délinquance, elle ferait bien de ne pas fermer les yeux sur toutes les dérives en col blanc dans les couloirs du palais. C’est le service de la justice qui fait l’honneur de la police, pas la considération d’un esprit égaré.

Christophe Martin




À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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