Qamar 35586
Qamar Omar Maysara Hassan n’aura jamais l’occasion de dire son nom. Il porte le n*35586 dans la longue liste des morts de Gaza. Dans la colonne des âges, c’est inscrit 0 : c’était encore un bébé. Et nous étions une centaine ce samedi matin à Dole pour tout simplement exprimer notre horreur et notre révolte devant ces morts dont la liste s’allonge tous les jours. L’armée israélienne bombarde et affame la population gazaouie et à deux pas du marché où la vie poursuit son cours, nous étions ensemble parce que ça fait du bien de savoir qu’on n’est pas tout seul à avoir envie de hurler d’effroi ou de dégoût.
Les esprits chagrins, et il n’en manque pas, nous diront que ça ne sert à rien, qu’Israël et les États-unis s’en foutent, ou pire, qu’on est bien naïfs parce que le Hamas par ci et les Frères musulmans par là ! Eh ben voyons !
Ce midi, après avoir répété ce qu’on avait à dire sous les fenêtres du sous-préfet qui n’y peut mais sur la question palestinienne et la diplomatie française à ce sujet, on s’est dit « à bientôt » et j’ai fait un bout de chemin avec une commerçante que je n’avais jamais vue en manif. Je l’ai remerciée d’être venue parce que ce n’est jamais facile de se glisser dans un cortège protestataire dans une petite ville de province qui vote massivement pour Pascal Praud. Elle m’a dit tout simplement qu’elle nous avait entendus, qu’elle avait fermé la boutique parce qu’elle ne pouvait plus faire autrement, parce qu’il fallait faire quelque chose. Et elle est venue avec nous, pas par bonne ou mauvaise conscience, mais quelque part, pour aller mieux. Rien que pour ça, ça valait la peine de manifester ce matin.

À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.