Cueco est dans le journal
J’aime pas trop les visites de presse. Car je suis poli. Et je reste jusqu’au bout. Alors que les collègues savent se débiner discrètement. Mario M. était un spécialiste de la visite express. Il venait et disparaissait sans qu’on puisse savoir à quel moment il s’était éclipsé, s’il s’était égaré dans une autre salle ou s’il n’était jamais venu. Moi, j’ose pas partir. Je reste jusqu’à ce que j’en ai vraiment marre.
Pour Cueco, je suis resté. Sans en avoir marre. Pas parce que Cueco est le génie du siècle. Mais parce que ses fils sont sympas, drôles et qu’ils étaient là, et que les commissaires d’expo ont fait un beau boulot. D’ailleurs, je vous renvoie au prospectus « Cueco, journal d’un peintre » à l’entrée du Musée des Beaux-Arts de Dole. Il est gratuit comme l’entrée. Ceux qui ont un peu plus de moyens peuvent aussi s’offrir le somptueux catalogue pour 30 balles. Voilà pour l’expertise.
Comme ses fils, Cueco attire la sympathie. Je l’ai découvert avec les Malassis dont j’aime bien le projet collectif. J’ai aussi découvert que son fils cadet David Cueco était un mec sympa. Il est restaurateur. Comme il est aussi rondouillard que son père, je n’ai pas tout de suite compris qu’il s’agissait de tableaux. Son frère Palo l’ainé est dans la musique et nettement moins bavard.
Cueco père semble fuir la virtuosité. Il dessine et peint sans se croire sorti de la cuisse de Jupiter. Il s’inspire des arts graphiques populaires. Sa peinture ne prend pas la tête. Il gâche volontiers une toile pour pas qu’on sache qu’il peint très bien. Il peint les chiens comme personne. Et les pommes de terre. Y a des trucs drôles. Quelques références aux grands maîtres du répertoire. On n’est pas obligé de le savoir pour se balader tranquille dans l’expo.
J’ai flashé sur La Meute, une toile de 1977. Assez loin de mes préoccupations politiques habituelles. Mais avec ce je ne sais quoi qui touche à la grâce.
N’oubliez pas non plus le troisième étage du musée. J’ai eu l’impression de débarquer dans un grand magasin de sport dans les années 70. Je ne l’ai dit à personne avant vous.
Bref rendez-vous au Musée des Beaux-Arts de Dole. C’est gratuit parce que c’est nos impôts qui paient. Et y a de quoi passer un bon moment… malgré les cons.
À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.
Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès
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