Confinement, comédies cultes et sociologie légère
Les confinements, que ce soit celui du printemps ou celui de cet automne, ont pu et peuvent nous faire redécouvrir des comédies cultes qui ont, pour certaines d’entre elles, une analyse à délivrer. Petit tour d’horizon très personnel et retour dans les années 1990…
Cette décennie, la dernière du XXème siècle, voit un certain nombre de films sortir, notamment des comédies. Ces comédies distrayantes fournissent également des analyses sur la société ou sur certains sujets d’époque.
Etienne Chatiliez réalise trois comédies de ce genre : La vie est un long fleuve tranquille (1988), Tatie Danielle (1990) et Tanguy (2001). La première traite des différences sociales entre les Groseille, famille exclue de la société et vivant de façon bohème, et les Le Quesnoy, famille catholique très rangée, qui vont être amenés à se côtoyer à la suite d’un échange de bébés. Dans Tatie Danielle, le réalisateur filme une vieille femme aigrie n’ayant plus goût à vivre, se retranchant dans des petites phrases acides et méchantes, malmenant son entourage, mais aussi une amitié intergénérationnelle avec sa jeune gouvernante, interprétée par Isabelle Nanty. Enfin, dans le film Tanguy, le réalisateur filme André Dussollier et Sabine Azéma en parents excédés par la présence de leur fils dans le foyer familial, alors que celui-ci a presque 30 ans. En trois comédies, le réalisateur a abordé ces sujets sous forme majeure, et d’autres de façon mineure : le conservatisme de Tatie Danielle affronte le progressisme de ses petits-neveux ou l’amour pousse une sage-femme à échanger les bébés dans La Vie est un long fleuve tranquille.
Les Nuls tourneront en 1994 une comédie complètement déjantée, avec un casting fou et une Carioca inoubliable : il s'agit bien évidemment de La Cité de la peur. Dans ce film culte, on cherche sans cesse à parodier les films d’horreur douteux à coups de références cinématographiques (Terminator, Pretty Woman, Basic Instinct,…). Ce film a bizarrement un message à faire passer : la critique du festival de Cannes, des vedettes et de l’emballement des critiques pour certains films qui ne cassent pas trois pattes à un canard.
On ne peut pas les oublier si on parle de comédie et des années 1990 : les Inconnus. En trio, ils avaient réalisé et interprété Les Trois Frères (1995). Une comédie allumée traitant de la famille et de la condition sociale avec trois frères que tout oppose : un « raté » au grand cœur, un coureur de jupons coincé dans une belle-famille ennuyante et un cadre « chébran » et intégré mais subissant des remarques racistes du fait de sa couleur de peau. Ce film cultive l’union malgré les différences. Avec seulement Bernard Campan et Didier Bourdon, le film Le Pari traite du tabagisme d’une façon comique, à contre-courant de la société de l’époque qui fumait librement.
Un sujet tabou revient dans les comédies des années 1990, c’est l’homosexualité. En pleine médiatisation du SIDA et de toutes les rumeurs qui s’en suivent, Pédale douce sort dans les salles, avec Patrick Timsit, Richard Berry, Fanny Ardant, Michèle Laroque et Jacques Gamblin, et imite les clichés pour mieux les dénoncer. L’année d’avant, dans Gazon Maudit en 1995, Josiane Balasko interprète une lesbienne reprenant tous les clichés à son compte, dans un ménage à trois avec Alain Chabat et Victoria Abril.
Quelques films à voir en perspective alors.
Alexandre Job.
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