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N’oublions pas Julian Assange

Publié le 02/01/2021 à 21:23 | Écrit par Christophe Martin | Temps de lecture : 02m49s

Quand on a commencé contre les premières attaques du gouvernement contre le service public, à l’automne 2017, j’avais sorti un de ces cartons à la con dont j’ai le secret. « Libérez France Inter ». Et j’avais inscrit de l’autre côté « N’oublions pas Assange ». Dans la manif de Dole, tout le monde ne connaissait pas Assange. Julian Assange . Mais tout le monde commençait à être sérieusement au courant pour France Inter. C’était encore avant les Gilets Jaunes mais la matinale était déjà un désastre de désinformation (c’est un autre mot pour propagande gouvernementale) et depuis, Julian Assange a été arraché à son refuge londonien, l’ambassade d’Equateur. 

Je vous passe les détails et je vous renvoie au Canard réfractaire qui a consacré cinq émissions assez courtes à Assange et Wikileaks. On y apprend tout ce qu’il y a à savoir pour être révolté contre la machine infernale mise au service des intérêts de l’impérialisme US. Notez bien que j’ai pas dit les Etats-Uniens car je suis amateur de contre-culture américaine, celle que je vais chercher à New-York et en Californie, mais qui ne s’impose pas insidieusement à moi comme une manipulation d’Edward Bernays.

Julian Assange et Wikileaks ont mis sur pied un Libres Commères 4.0 puissance 10. Non, je déconne mais Assange est un modèle de journalisme d’investigation, non pas pour ses enquêtes à proprement parler, mais pour le nouveau mode de diffusion de l’information que Wikileaks a inauguré. Bavures sanglantes en Irak et en Afghanistan, écoute de la NSA (et Hollande s’est écrasé devant Obama), torture à Guantanamo toujours pas fermé aux dernières nouvelles, pour ne citer que les morceaux les plus glorieux de l’histoire de Wikileaks.

Si vous lisez l’anglais, allez-y faire un tour. C’est pas de la came toute fraiche pré-mâchée pour les touristes de l’info mais on comprend pourquoi la CIA et toutes les forces de l’impérialisme US sont aux trousses d’Assange et entendent bien lui faire payer cher le défi qu’il a lancé aux journalistes du monde entier. Wikileaks permet en effet à tous les lanceurs d’alerte de trouver un site de diffusion qui protègent leur anonymat. Quand on sait ce qui arrive à ceux qui ouvrent trop grand leur gueule contre le système avec des fuites top secret, on mesure l’intérêt d’un tel site. Tout proportion gardée et avec la modestie sans limite de vos serviteurs, c’est un peu ce qu’on tente de faire ici. Ça prend du temps et comme on n’est pas habitué à rendre public ce qui foire dans le système, les dessous de table, les hypocrisies des notables et les mensonges du régime, on n’a pas tous les jours un scoop.

Le 4 janvier 2021, le Royaume-Uni doit se prononcer sur l’extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis où l’attend un procès truqué et inédit : ce serait la première fois qu’un pays se permettrait de juger un étranger qui n’a jamais mis les pieds sur son territoire et qui n’a commis aucun délit à son encontre (c’est du journalisme, pas de l’espionnage) mais qui risquerait la bagatelle de 175 ans de taule. Y a pas trop d’illusion à se faire sur la lâcheté des autorités britanniques et européennes, sur le silence des médias français et internationaux qui ont lâché le filon Wikileaks quand ils ont compris la patate chaude que représentent les fuites du site, sur la de plus en plus hypothétique intervention de Dupond-Moretti. 

Reste sans doute à ne pas lâcher Assange. Il est loin des préoccupations de pas mal d’entre nous mais son courage mérite une attention particulière en ces temps où on veut nous faire penser tous pareil et où le fait de poser une question est mal vu.




À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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