Mode sombre

Ils sont quatre, ils n’ont rien à voir mais pas mal de choses à montrer, ils viennent des quatre coins d’une France pourtant pas très carrée, ils se sont trouvés dans le cadre d'une résidence de création collective d'ateliers centrés sur la coopération, ils sont devenus conférenciers gesticulants, ils sont sortis et ils vont présenter leur conférence gesticulée respective à Dole la Bienheureuse.

Mais diantre, qu'est-ce donc que cela, une conférence gesticulée ? Eh bien disons que c’est pas vraiment une conférence mais c’est pas non plus du théâtre. C’est pas du mime mais le gesticulant n’est pas non plus les bras dans le plâtre. Ça mélange l’info chaude que le conférencier a vécu et l’info froide qui tient plus du journalisme et de l’histoire. Ça tient du one-man-show et de l’intelligence collective. Ça sent l’agit’ prop et l’éducation pop. C’est Franck Lepage qui avait lancé l’affaire en 2005 avec le collectif L’Ardeur. Le coco est connu pour avoir la dent dure contre les hypocrisies culturelles et politiques. Pas mal d’autres lui ont depuis emboité le pas.

Delphine Pratini a passé dix-huit années à faire l’assistante sociale à la Sécu. Elle a rencontré des salariés de l’industrie, des services à la personne, du commerce, des hôpitaux et de pas mal d’autres domaines d’activité, elle les a assistés alors qu’ils étaient en arrêt de travail, elle a partagé des tranches de la vie de ces gens abîmés par la maladie, les accidents du travail ou l’épuisement professionnel. Delphine Pratini semble donc toute indiquée pour nous poser la question fatidique: « le travail, c’est la santé ? »

Une réflexion qui ne manquera pas d’humour ni de peps, de sociologie et d’histoire de la sécu, ce qui ravira les fans de Bernard Friot, à condition qu’ils aient au moins 12 ans. En même temps, les fans à Friot sont généralement majeurs.

Jeudi 28 octobre à 18h00 Delphine Pratini "Le travail, c'est la santé ? 

Ce même jour à 20h30, Marie Louvet jouera les exorcistes dans "Folie du monde, sors de ce corps ! » De Descartes à Fantômette, en passant par De Gaulle, Galilée, Edgar Morin ou Bruno Latour, cette femme s’interroge sur la possibilité de coopérer avec soi-même ? Avec l'autre ? Avec le vivant et le monde ? La vie peut-elle être tolérable ? Ce spectacle est annoncé comme « inadapté à un jeune public » et il dure 105 minutes. Ceci explique peut-être cela.

Le vendredi 29 octobre à 18h00, ce sera donc le lendemain du jour d’avant et Tifen Ducharne tirera la sonnette d’alarme dans "Libérés, délivrés ? Alertez nos bébés ! ». Elle annonce cash: « J’ai décidé de défendre un droit fondamental pour les enfants : le droit de rêver, la liberté d’imaginer. » Ça parlera donc de parentalité. Aussi, il n’est pas interdit d’y amener des mômes s’ils sont capables de se tenir tranquilles pendant 1h30.

Et à 20h30, on terminera avec le seul homme du quatuor, Christophe Abramovsky qui ne se gênera pas pour clamer que « le travail est un sport collectif » qui comme son nom l’indique traitera de la manière de lutter contre la souffrance au travail. Est-ce là une fatalité, Marie-Chantal ?

Ce spectacle politique et satirique se présente comme un match de rugby entre le Capital et le Travail et le gesticulant m’a l’air bien en jambes. On y croisera une aide-soignante, un maçon bossu, un ouvrier de l’automobile, des réparateurs de pare-brise, un inspecteur de l’Education Nationale, des experts en risques psychosociaux et Margaret Thatcher. Faudra compter deux heures et on recommande d’être en âge de bosser (16 ans).

L’offre est donc appétissante mais tout cela reste à la carte. De plus, l’entrée est libre parce qu’on est à la librairie Passerelle et la participation est également libre mais consciente au chapeau. « Si je vais au ciné à tarif plein,  c'est 9 €, à un concert de Tartenpion au Zenith à Dijon c'est entre 30 et 40 €, à un spectacle de rue organisé par une association subventionnée c'est 8€. Selon mes moyens et la reconnaissance du travail des artistes, ça me permet de donner une valeur à cette participation libre et consciente. » Voilà, c’est dit! Prévoyez donc ce qu’il faut.

Ça se passe sous la librairie Passerelle, place de la Sous-pref à Dole. La Bobine n’est toujours pas ouverte mais elle fait le ménage ! 


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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