Non-évènement dolo-dolois
Fabrice Schlegel, le promoteur immobilier chantant, a annoncé ce jeudi 12 mai (il est vrai que nous sommes le vendredi 13 comme à chaque fois que le 1er du mois est un dimanche) qu’il ne serait pas candidat à la députation. Avec en exergue « Pour continuer à être libre… », son allocution Facebook est presque sobre mais je n’ai pu m’empêcher de noter quelques dérapages dont le tonitruant « hurluberlu » (sic) est coutumier. Passons sur l’usage pour le moins bizarre de l’adjectif profane et sur la traditionnelle critique poujadiste de la politique et de l’accaparement du pouvoir par la bourgeoisie (on a quand même l’impression qu’il dénonce la tambouille locale du clan Sermier sans oser citer de nom) pour nous concentrer sur cette longue sortie pour le moins sibylline (début à 0min42) : « J’ai décidé de ne pas me présenter, de n’emmerder personne, de me concentrer sur mes petites affaires, de ne penser qu’à moi, d’être égoïste, voilà, euh, ça va rassurer certains, d’un autre côté, c’est sûr que les gens d’extrême-gauche, euh, doivent être rassurés… de se dire qu’il y a 5% de chances qu’un énergumène comme moi soit élu, ça leur aurait donner des boutons et d’ailleurs c’est un peu grâce à eux si je ne me présente pas car quand je vois les résultats au niveau de la 3ème circonscription du Jura, quand je vois les résultats des élections présidentielles, ben, je me dis que plus de 50% des gens ont voté soit Mélenchon soit Macron, donc je me dis que ces gens-là ont peu de mémoire et qu’a priori la vaseline, ils aiment cela, les carottes, c’est pas râpé, donc voilà! » Fabrice Schlegel semble donc regretter que Marine Le Pen (ou peut-être Valérie Pécresse, qui sait?) ne soit pas à l’Élysée parce que les castors ont fait barrage. C’est marrant de constater que notre intervenant si fier de nous annoncer qu’il va conserver son franc-parler en ne s’engageant pas en politique utilise les mêmes propos biaisés pour ne pas dire vraiment ce que finalement il aimerait bien qu’on pense sans avoir quand même à le dire. Vous me suivez? Non. pas grave. Mais venons-en au coeur de ma remarque: l’extrême-gauche (j’imagine que c’est sa traduction de NUPES) aurait donc eu peur de sa candidature? Mais enfin, Monsieur Schlegel, à l’extrême-gauche, la candidature de Dominique Revoy est nettement plus inquiétante que la vôtre. A la NUPES, on se serait réjouit que vous veniez grossir les rangs des candidats de droite. Il y en a déjà cinq et on aurait adoré vous y voir. Soyons donc sérieux, mon ami, vous ne vous présentez pas parce qu’aucun parti ne vous investirait, parce que le clan Sermier vous craint bien plus que l’extrême-gauche ne vous calcule mais qu’il a de puissants arguments pour ne pas souhaiter votre candidature (pas besoin que je vous dessine un téléphone). Pas mal de vos amis auraient sans doute, tout autant qu’ils vous applaudissent aujourd’hui pour votre désistement, apprécié vous voir devenir une sorte de Coluche dolois de la droite radicale. Moi-même… nan, je déconne. Prenez soin de votre famille et de votre assiette locale.
À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.
Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès
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