Posture ou position?

Publié le 11/09/2022 à 00:00 | Écrit par Christophe Martin | Temps de lecture : 01m58s

La position est une situation, elle est par conséquent relative, géographique, temporelle ou sociale, ou les trois en même temps, c’est-à-dire historique. Me mettre dans une mauvaise position, c’est m’installer physiquement de telle manière que mon corps va rapidement m’envoyer des signaux douloureux. Si j’occupe une position sociale enviable, j’ai un poste avec des fonctions que d’autres aimeraient bien exercer à ma place et des avantages dont ils aimeraient bien profiter. En Formule 1, la pôle position est la première place qui n’est telle que parce que toutes les autres sont derrière. Prendre position, c’est soit s’établir physiquement quelque part (jargon militaire), soit se situer pour ou contre un avis (jargon militant). Rester sur ses positions, c’est ne pas changer d’avis. La posture est, quant à elle, une manière d’être dans une situation donnée, c’est une attitude à prendre dans certaines circonstances qui imposent un protocole particulier. On va donc adopter une posture pour occuper une position. C’est la distinction qu’opère Alain Viala de l’université d’Oxford. Dans la langue de la théorie de la médiation, on dira que la position est affaire de condition (déontologique) alors que la posture est affaire de comportement (axiologique). Être bien élevé, c’est adopter la posture adéquate, et j’irai jusqu’à dire idoine, dans la position donnée, la seconde s’imposant à la première. Ruer dans les brancards, c’est refuser la posture de circonstances et contester l’ordre des positions. La subordination est une position vis à vis d’une autorité, l’insubordination est le refus de cette autorité: c’est par conséquent une posture. La position est objective même si elle est relative et ne présage en rien de la posture. L’humilité ou l’arrogance sont des postures. La posture est par conséquent chargée d’affects en fonction de la subjectivité de l’observateur. L’insubordonné peut être humble ou arrogant dans son refus. Le subordonné peut lui-aussi être modeste ou orgueilleux. Posture et position sont donc indépendantes et c’est ainsi qu’Emmanuel Macron peut encore prendre une posture coloniale alors que la France n’est plus en position de force en Afrique. On pourra trouver son comportement déplacé ou adéquat selon qu’on est en phase avec la géopolitique contemporaine ou bêtement réactionnaire.

De notre correspondant lexical de presse, Jean-Léger Monny

Post-scriptum: tout cela, c’est bien beau, me diront certains lexicologues avertis, mais quand on est en mauvaise posture, ce n’est pas une attitude mais bien une situation. Et là je réponds: « ça vous emmerderait de faire vos mots croisés sans faire chier tout le monde? »




À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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