Salle d'attente géante
Nous sommes en salle d'attente. Tous. On ne sait qui est le médecin ni même si c'est un médecin. Ce qu'on sait est que ça ne sera plus pareil tout bientôt. Alors on suppose, on se fait peur, on fait comme si, on espère. On a tous une pointe d'amertume devant le retard pris. Certains, de plus en plus, votent pour des cons. Souvent même des cons méchants. Partout dans le monde il y a une montée de l’extrême-droite, comme si le suicide était la solution. On a abandonné. On n'y croit plus. La gauche française se déchire autour des accusations de violences, psychologiques ou non, faites aux femmes. Pendant ce temps-là on ne débat plus, c'est pratique. Bayou aurait fait des trucs qu'on n'arrive pas trop à définir, aucune plainte déposée, mais une portevoix du capitalisme verdâtre moralisateur a dit sur un plateau de télé que c'était mal. Pendant ce temps-là, on risque de se prendre une bombe nucléaire sur la gueule, la terre n'a jamais été si chaude, le racisme et la misère sociale explosent... c'est la course à la petite phrase, pour rien. Macron a gagné sur ce point-là. Mélenchon est sur Tiktok, chez Léa Salamé dès sa première émission, la gauche déploie son vide.
Et nous, on attend. Coincés entre des connards périurbains qui ne pensent qu'à l'essence en crachant sur les notions écologiques élémentaires et des racistes décomplexés, on dérive. Il n'y a plus aucun espoir dans la politique, on le sait tous, on fait semblant.
Ce toubib a intérêt à être bon pour nous remobiliser. On voit tous le manège de Macron qui n'a plus besoin de faire quoique ce soit pour que ça fonctionne. Le mondial de football est un désastre, comme à chaque fois, mais cette fois-ci on sent bien qu'on se fout ouvertement de notre gueule, le mal-être est partout. Offrez des livres aux gens, bordel.
La porte s'ouvre, à notre grande surprise ce n'est pas un médecin qui arrive. Pas de blouse blanche, on est pourtant si habitués à être guidés par un scientifique expert médical.
C'est un docteur tout de même. Un sacré même, car il est docteur en psychologie. Il nous écoute. Verdict : la France est dépressive.
Alors, qu'est ce qu'on fait?
À propos de l'auteur(e) :
Benjamin Alison
Né un jeudi, Benjamin ne pouvait faire autrement que de parler. Alors il est devenu comédien. Et puis il aime les courses de chevaux de trot. Parce que c'est élégant et parce que dans la vie il est souvent trop lui aussi. Un jour, il croise un vendeur du journal "libres commères" dans la rue. C'est le début d'un amour pour ce petit journal et pour les rouflaquettes. Aujourd'hui il parle de lui à la troisième personne dans une biographie romancée. Demain il sait qu'il mangera des pâtes.
Comédien
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