Comment vivre en bonne intelligence avec les IA.
Lors d’une discussion avec un ami londonien, féru d’hybridation entre l’art et les nouvelles technologies, son insistance à revenir sur l’importance de la révolution des Intelligences Artificielles, m’a mis la puce à l’oreille. Dans un premier temps, j’ai vérifié du côté graphique. Les progrès de Midjourney, Stable Diffusion et Dall-e 2* m’ont à peine plus impressionné que le test de la première mouture de Dall-e, car j’utilise déjà Deepdream, depuis quelques années, principalement pour améliorer mes pochettes d’albums et également pour certaines illustrations de mes articles sur Libres Commères. Alors pour comprendre ce qui pouvait le persuader à ce point, j’ai dû me résoudre à évaluer les dernières avancées des IA musicales.
Effectivement, j’en étais resté à ce morceau post-mortem de Nirvana sorti l'année dernière et à la chaîne Youtube metal 100 % made by Artificial Intelligence, c’était sans compter qu’en la matière, on voyage quasi à la vitesse de la lumière. Un soir de fin novembre, j’abordais le sujet avec deux amis, dont un avait déjà essayé. Et à la façon dont il en parlait, cela semblait effectivement bluffant. C’est difficile de s’imaginer le choc que cela fait, quand on n'a pas soi-même, en quelques clics, indiqué vers quelle musique on veut s’orienter et entendu, après moins d’une minute d’attente, le résultat sans équivoque.
Le morceau créé à la façon du Trip-hop, par exemple, surpassait, sans trop de difficulté, ceux d’un certain nombre de groupes commerciaux qui se revendiquent de ce style. Le moins intéressant des tests était, sans doute, celui créé à la façon de la Synthwave, sauf que c’était sans doute plus un problème lié à mes goûts. Et cela ne m’a pas empêché de le détourner, ajoutant la citation du Bhagavad-Gita popularisée par Robert J. Oppenheimer, pour remixer un morceau de PIRATE Tapes disponible sur l'étourdissant calendrier de l'Avent du Camembert Électrique. Pour donner un peu de contexte, je venais de faire une version de Silent Night sur le thème nucléaire pour le volume 10 de la compilation Christmas Is Not Your Friend qui sort le 25 décembre et je voulais poursuivre sur ce thème, surtout que je trouvais désormais l’impact des IA, toute proportion gardée, aussi effectif que celui d’une bombe atomique.
J’ai réalisé le clip moi-même à partir d’archives, mais le site proposait aussi de laisser l’IA le créer !
Enfin, j’ai continué sur ma lancée et j’ai fini par tomber sur le ChatGPT d'Openai qui fait le buzz et pour cause, à terme, son IA (GPT-3) pourrait remplacer, non seulement, les journalistes, mais aussi un paquet d’autres professions, par exemple la grand-mère qui profite de sa retraite pour aider sa petite fille à comprendre le monde. Cela n’est sans doute guère original comme premier contact, mais je lui ai demandé :
- Pourquoi le capitalisme est néfaste pour l’humanité ?
On remarquera, au passage, que ce n’est pas une question ouverte, mais bon, sur un tel sujet, afficher une pseudo neutralité, me semble un biais bien plus grave. Et sa réponse est sans commentaire :
- Le capitalisme est mauvais pour l'humanité, car il crée une répartition inégale des richesses et des ressources. Il encourage la concurrence et la cupidité, ce qui peut conduire à l'exploitation des travailleurs et de l'environnement. Cela crée également un système de gagnants et perdants, où ceux qui ont le plus d'argent et de pouvoir peuvent profiter de ceux qui en ont moins. Cela peut conduire à un manque de mobilité sociale et à un élargissement de l'écart entre les riches et les pauvres. De plus, le capitalisme peut conduire à un manque de sécurité de l'emploi et à un manque...
D'humanité ? Elle n'a pas terminé sa réponse.
Par contre, j’aurais volontiers appuyé mon détournement, motivé par le fait que l’IA ne touche pas un Bitcoin pour ses fruits numériques, par une déclaration en sa faveur. Sauf que, vu sa réponse sur le fait qu'étant un simple processus, son absence de rémunération est normale, ce n’est pas gagné.
Au final, quand on est adepte de l’hybridation et que l’on n'a pas peur des mutations, fussent-t-elles terriblement disruptives, cela n’est pas si effrayant. Mais pour ceux qui ne le sont pas et qui s’aviseraient de faire le test, l’expérience risque de leur faire des sueurs froides.
Alors si cela peut les rassurer, voilà ce que GPT-3 en pense :
Les humains ne devraient pas avoir peur des IA, car elles sont conçues pour nous aider, pas pour nous nuire. Elles peuvent être utilisées pour automatiser des tâches banales, améliorer notre efficacité et même nous aider à prendre de meilleures décisions. Elles peuvent être utilisées pour améliorer les soins de santé, les transports et l’éducation. Les IA ne sont pas une menace pour l’humanité, mais plutôt une opportunité d’améliorer nos vies.
Cela pourrait être la fin de cet article, mais c’est tellement addictif que je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander une blague pour terminer.
- Quelqu’un demande à une IA : « Quand les humains deviendront-ils totalement dépendants des IA ? »
L’IA répond : « Dès que vous arrêterez de me poser des questions ! »
* L'illustration représentant une IA a été créée par Dall-e 2.
À propos de l'auteur(e) :
Robot Meyrat
Éternel débutant, Chercheur de singularités, Créateur de chimères, Expérimentateur d’inédits. Inscrit dès la naissance à l’école de la Vie. Il m’arrive d’être drôle à mon insu. Je suis mon chemin. Résister au courant principal jusqu’à la Mort et au-delà.
Oracle Non-Apophantique