Mode sombre

Enedis et son partenaire Otifrance, installateur de compteurs communicants Linky, m’ont encore envoyé un courrier pour qu’on prenne rendez-vous. Comme d’habitude, je ne vais pas répondre. Mon compteur fait partie des compteurs intelligents et je n’ai pas besoin qu’il cafte tout. Et je n’aime pas les façons de faire de ces gens, leurs manières d’essayer de me laisser croire que je suis bien con de ne pas me conformer aux normes en vigueur. Mais comment faire confiance à un groupe directement né des diktats européens et de l’effeuillage insidieux de notre souveraineté énergétique? Sans moi, les mecs! 

Sans moi non plus pour tous les protocoles informatiques à la con qu’on nous inflige au boulot (je suis dans la formation) pour pouvoir exhiber le label Qualiopi (Qualiopipo, non cul, oui!) et toucher les subventions de la Région accordées par des bureaucrates oiseux qui n’ont jamais mis les pieds devant une bande d’apprentis qu’on formate à la presse hydraulique pour qu’ils rentrent gentiment dans les cases de l’employabilité. Ras le bol de devoir passer par Teams et la dropbox de Microsoft pour un oui ou pour un non, présenter tous mes documents comme tout le monde avec le logo de la boite et les ranger gentiment dans un dossier pour que la direction puisse les consulter, voire même les utiliser à mon insu. Eh ben, voyons!

Et que dire de ce petit mot gentil de mon N+3 (désolé mais pour être qualifié de patron, il faut être au moins faire autorité!) : « afin d’agrémenter les fêtes de fin d’année, nous avons décidé d’octroyer une prime pouvoir d’achat (pas de charges) de 800 € à l’ensemble du personnel (aux conditions habituelles, ancienneté, temps de présence,…), j’espère que cela vous fait plaisir ! » Tu parles, Charles! Avec ce système de calcul, la prime se réduit pour moi à 291,77 €. Et il faudrait qu’on dise merci peut-être?! Une fois de plus, c’est le ton condescendant que j’aime pas et l’entourloupe technique du 13ème mois. On ne veut pas de cadeau de Noël, on ne veut pas être pris pour des cons et on veut décider de nos conditions de travail. 

Sans moi non plus devant toute cette débauche de tech sans grand intérêt sinon celui d’empêcher le tapoteur d’avoir deux minutes à lui face à son destin. Et je reste avec mon vieux téléphone à clapet et Samsung va continuer à tourner de l’oeil à chaque fois que je l’ouvre pour « passer un coup de bignou »: de la bonne cam’ à faire couler une multinationale, une petite merveille de durabilité.

Et je préfère passer pour un ringard grincheux que d’être obligé de travailler plus pour me payer des joujoux coûteux, chronophages et au final inutiles. 

A Noël, ma belle-fille m’a offert un taille-crayon en forme de faux-nez: elle, au moins, a compris qu’on ne m’aura pas à l’usure. On m’appelle pas Pépère pour rien.


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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