Mode sombre

Pendant qu’Emmanuel Macron continue à affirmer tout et son contraire, à alterner le mensonge, le dédain et la provocation bien à l’abri de ses dorures blindées, que pense et que fait notre députée de la 3ème circonscription du Jura en ce début d’année ? Eh bien permettez-moi de vous dire que Justine Gruet taffe comme une malade… euh, c’est peut-être un peu abusé comme expression en fait… alors disons qu’elle trime dur pour défendre les intérêts de certains citoyens. Elle signe des amendements à tour de bras, elle prend fait et cause pour les apprentis victimes d’entreprises frauduleuses, les propriétaires victimes de leurs locataires dégoutants et les soignants libéraux victimes d’un manque de considération de leurs métiers. Sur ce dernier point, la députée jurassienne ne semble pas opposée au doublement des honoraires des médecins généralistes : elle l’a dit sur France 3 Franche-Comté en précisant que ça peut paraitre beaucoup à première vue mais que ça fait longtemps que la consultation n’a pas été revalorisée (plus de 5 ans en effet). Notez ça, les copains! Bon, Justine Gruet ne démérite pas mais elle ne fait pas d’éclats non plus. Ses interventions sont toujours policées, écrites et lues avec application (faudra travailler sur la prononciation de « transpartisanes » mais après avoir vu « Le Discours » au théâtre, ça devrait aller mieux), et ne font pas de vagues : elle est donc parfaite dans le rôle qu’on lui a confié. Pas sûr toutefois qu’on trouve, à pas feutrés et sans taper du poing sur la table, une solution pour les déserts médicaux et l’effondrement des hôpitaux publics. 

L’élue a également changé sa photo de profil FaceBook pour se mettre au milieu d’anciens combattants en chemisette: ça donne du dynamisme à un mandat, ce genre d’initiative! 

On sait également que Justine Gruet n’a pas soutenu la candidature d’Éric Ciotti à la tête des Républicains, ce qui ne l’a pas empêché d’être élu (on a un peu l’impression d’avoir la poisse au LR dolois, non!?) et qu’elle a rencontré Jean Léonetti le 12 janvier. Peut-être lui a-t-elle touché un mot du sort de la Sécu qu’Emmanuel Macron compte bien faire crever avant la fin de son quinquennat ? Nan, je déconne, mais c’est quand même l’avenir de la Sécurité Sociale d’Ambroise Croizat qui nous préoccupe ces jours-ci. Et là, LR ne joue pas plus franc jeu que le gouvernement. Borne, après Macron, a sorti des énormités mensongères, reprises en coeur par l’ensemble Renaissance et BFMTV, en faisant de fausses concessions au parti de Justine Gruet avec le coup de 64 ans au lieu des 65 annoncés aux voeux présidentiels et longtemps réclamés par Les Républicains eux-mêmes, et aussi quelques aménagements écrans pour soi-disant « alléger » le texte de l’exécutif. Personne n’est dupe: LR est du côté du capital qui cherche à mettre la main sur le pactole que représente la Sécu et des patrons à qui les contributions sociales donnent des boutons. Et pourtant, Justine Gruet a sûrement pu constater au cours de sa carrière de kinésithérapeute l’effet de la pénibilité du travail sur les corps. Enfin… on l’espère parce que c’est pas à l’Assemblée nationale qu’elle pourra le faire.

Alors que LR a déjà offert des gages à Élisabeth Borne et que le parti  de Ciotti cherche à se refaire la cerise, la droite faux-derche ne va pas manquer de nous faire croire qu’elle nous a fait gagner un an sur le plan initial de Macron avec quelques petits arrangements pour les petites retraites, les unijambistes et les victimes du rhume des foins. Justine Gruet nous tiendra-t-elle le même discours? Votera-t-elle un texte que Fillon et Pécresse auraient sûrement approuvé en l’état? Fait-elle partie des indécis qui, aux dernières nouvelles, ont la main qui tremble à cause des grondements de la rue ? Continuera-t-elle à soutenir « le droit à la retraite dès lors que les 43 années de travail ont été effectuées, même si l’âge légal n’est pas atteint », ce qui ferait d’elle une dissidente dans son propre parti ? S’abstiendra-t-elle pour « cultiver l’optimisme » dans son petit jardin? Pour l’instant, silence radio en attendant le texte définitif. C’est donc le moment idéal pour lui mettre un petit coup de pression dans la 3ème circo du Jura.


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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