Mode sombre

Le Café Décintré n’est pas un café comme les autres parce que sinon le Miradole ne serait pas intéressé à son cas. Ce n’est même pas vraiment un café dans le sens où l’on n’y boit ni bière pression ni expresso. En revanche, on y prend son temps et celui de rencontrer des artistes de passage… Micro!

LE MIRADOLE.- Déjà, êtes-vous originaire de la région?

FLORENCE POUTHIER.- Je suis née dans le Doubs, près de Saint-Vit, puis j’ai bougé sur tout le Jura. Et je suis arrivée à Rainans il y a trois ans et demi.

LE MIRADOLE.- Et cette rencontre avec le lieu?

FLORENCE POUTHIER.- J’étais à la recherche d’une maison. J’ai eu deux coups de coeur. C’était le second et la propriétaire me l’a cédée parce que ça passait bien avec moi. Elle avait du mal à s’en détacher mais elle ne s’occupait pas du café.

LE MIRADOLE.- Et vous vous êtes aperçu tout de suite que c’était un ancien café?

FLORENCE POUTHIER.- Je le savais. De l’ancien café, il reste juste des portes comme des vitrines. Mais c’est tout ce qu’il y a. Même dans la salle de café, il n’y a pas de bar, il n’y a rien, il n’y a qu’un buffet de coin qui reste.

LE MIRADOLE.- Vous avez rapidement eu l’idée d’en faire quelque chose?

FLORENCE POUTHIER.- Au départ, je voulais y faire un garage. (rires)

LE MIRADOLE.- Un garage de réparation?

FLORENCE POUTHIER.- Non, un garage pour y mettre ma voiture. Et puis très rapidement comme j’aime beaucoup tout ce qui est lié à l’art et que je ne suis pas artiste, et puis que j’avais envie d’avoir un vrai projet de vie, ça a muri… progressivement tout de même. J’ai pas mal d’amis qui sont artistes-photographes. Ça a cheminé et l’année dernière ça a commencé à se poser dans ma tête, dans le disque dur et j’ai vu la possibilité de faire des expos éphémères parce que comme j’ai un autre emploi à côté, c’était difficile de le faire à temps plein. Et puis c’est un métier. Ça peut s’assimiler à une galerie, mais je n’ai pas la prétention de tenir une galerie. Je me suis entourée de personnes qui avaient déjà fait ça, d’artistes, et puis, cela a muri, j’ai créé du réseau avec des artistes et l’assos’ Le Café Décintré est née cette année.

LE MIRADOLE.- Le choix de Rainans, village un peu excentré par rapport à Dole… c’est un choix délibéré?

FLORENCE POUTHIER.- Ça part de trois raisons. La première, c’est que quand je suis arrivée à Rainans, j’ai eu un véritable accueil comme j’en vois rarement.

LE MIRADOLE.- De la part de qui?

FLORENCE POUTHIER.- Des voisins… je suis arrivée à la veille du Covid, c’était en 2019. C’est l’hiver qui arrivait aussi. Le maire m’a présenté pendant les voeux tout simplement. C’était tout simple mais c’était touchant. Je me sentais bien, quoi… Et puis, l’autre raison, c’est qu’effectivement, j’aime beaucoup les artistes qui ont beaucoup été fragilisés pendant le Covid, comme souvent la culture en règle générale quand il y a un coup dur. Et puis l’autre raison, c’est que je suis en recherche de poésie dans ce monde un peu de brutes (rires), j’aime bien les rencontres, j’aime bien les échanges. Alors je n’ai pas la prétention d’ouvrir une galerie mais je veux vraiment faire venir des artistes indépendants. Je ne veux pas être méchante mais ce ne sera pas des « artistes du dimanche ». Je veux qu’il y ait du lien avec le territoire. Le territoire, c’est le village, c’est la Franche-Comté, la Bourgogne-France-Comté, des lieux de rencontre, des rencontres plurielles, quelque chose d’humain et qu’on s’y sente bien. L’art, je le vois comme ça, c’est l’expression de ce qu’il y a dans les tripes des gens. Il n’y a pas de codes proprement dit, on est libre. J’ai la prétention de vouloir retrouver des moments comme ça dans mes expos.

LE MIRADOLE.- Qu’est-ce qui a motivé votre choix pour la première?

FLORENCE POUTHIER.- C’est des amis. Tous ceux qui viennent cette année, ce sont des amis. Les deux-là, Marrit Veenstra et Claude Benoitàlaguillaume, ils ont l’habitude d’avoir des projets communs. Ils font des expos tout seuls mais ils ont un point commun sur deux thèmes et comme ils m’ont soutenue au printemps dernier quand je cogitais, ils m’ont dit: « On essuie les plâtres », comme ils aiment bien l’écrire sur FaceBook. Ils ont décidé de partir sur l’idée du rapetassage.

LE MIRADOLE.- Autrement dit le raccommodage grossier et effectivement, ça matche bien. Et ils ont donc accepté de s’installer pour seulement trois jours…

FLORENCE POUTHIER.- Oui, de toutes façons, ceux qui viennent chez moi n’ont pas le melon.

LE MIRADOLE.- Et ils s’installent léger. On part sur dix, vingt, trente oeuvres…?

FLORENCE POUTHIER.- Ça dépend de la taille des oeuvres. Il y a cinquante mètres carrés de surface avec une hauteur de plafond de trois mètres. Ce sera toujours des binômes. Avec une thématique commune au moins sur quelques oeuvres.

LE MIRADOLE.- Et vous envisagez de faire se rencontrer des artistes pour exposer ensemble?

FLORENCE POUTHIER.- Si les artistes sont d’accord, oui. 

LE MIRADOLE.- C’est tout de même un risque, il faut se supporter trois jours. 

FLORENCE POUTHIER.- Trois jours, c’est le minimum syndical. La prochaine avec Philippe et Gaëlle, ce sera dix jours. Ça dépend des dispos des artistes. 

LE MIRADOLE.- C’est eux qui tiennent la boutique?

FLORENCE POUTHIER.- Ben, oui, moi, je bosse à côté.

LE MIRADOLE.- On est donc parti sur quatre rendez-vous par an, c’est déjà assez ambitieux et vous n’en tirerez aucun profit personnel?

FLORENCE POUTHIER.- Non, je veux simplement que le village soit perçu d’une autre façon en remerciement de l’accueil de ses habitants. Faire plaisir et puis aider les artistes. Je veux vivre mes rêves, voilà! Et ne pas simplement rêver ma vie.

Le photographe Claude Benoitàlaguillaume et la sculptrice sur textiles Marrit Veenstra seront à Le Café Décintré, 18 rue Mourey, Rainans, samedi 6, dimanche 7 et lundi 8 mai, de 10h00 à 19h00. L’entrée est libre. Les internautes pourront également découvrir Le Café Décintré et suivre son actualité sur Facebook Le Café Décintré et sur Instagram #lecafedecintre. 


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