A nos jeunes amis identitaires égarés
En feuilletant le Ch'ni, journal ami et antifa, je découvre en ce 14 juillet l'existence d'Hélix Dijon, une « communauté militante et enracinée implantée en Bourgogne » selon son profil Instagram. S'y ajoute un commentaire un chouïa moins folklorique « ⚡ Jeunesse alternative, identitaire, nationaliste ⚡ ». C'est encadré par deux éclairs qui, mis côte à côte, ne font pas que rappeler les orages qui frappent régulièrement les coteaux bourguignons et les toitures de ces magnifiques châteaux multicentenaires. Hélix est un groupuscule d'extrême droite et à la limite, on peut ne pas en vouloir à la dizaine de péquins qui le composent. Mais ces sombres lurons organisent très prochainement une soirée dont l'affiche (voir ci-dessous) a fait rugir en moi le coq francophile qui anime mon panthéon intérieur. L'affiche d'invitation ne cache pas ses orientations caucasiennes : jeune macho blond gonflé à l'hélium (désolé, les gars, j'ai pas pu résister) et doré au chalumeau. Jusque là tout va bien. Goebbels serait aux anges d'autant que l'inscription sur la planche de surf est en allemand ( Ausländer Raus : étrangers, dehors !). Sauf que l'invasion germaine, ce n'était pas non plus très nationaliste. Mais ça commence à vraiment déraper avec la planche savonneuse justement, dont les origines péruviennes et hawaïennes, et l'importation franchement yankees, font un peu tache dans l'ambiance folquiche (mot-valise maison entre volk et quiche) de nos amis bourguigno-identitaires. Qu'est-ce que vient foutre la culture de la plage, des cocotiers et de la vague dans une communauté enracinée en Bourgogne ? Y a plus d'un paramètre qui m'échappe. Vous ajoutez à cela tout le globish (anglais mondialisé) qui traîne sur cette affiche et vous avez un pur produit de la propagande insidieuse étasunienne (soft power US pour les non-francophones). Honnêtement pour de jeunes identitaires même suprématistes blancs, je trouve le concept d' « eurodance techno house » pour le moins suspect, à moins que ça ne soit le côté alternatif qui me passe au-dessus.
Notre illustration d'en-tête : Charles le Téméraire à son retour de Suisse.

À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.