Quand Amnesty International reprend la propagande US
Mais pour qui roule Amnesty International? C’est la question que je me pose après avoir épluché son article de « décryptage » : « Comprendre ce qu’il se passe au Venezuela ». C’est un argumentaire violemment à charge contre Nicolas Maduro qui reprend dans une large mesure l’argumentaire anti-chaviste des Étatsuniens et de leur alliés. L’article parle notamment de l’expatriation massive des Vénézuéliens sans jamais remonter aux sources de la crise économique et à l’hostilité active des USA, hostilité qu’on ne peut comprendre sans évoquer l’impérialisme forcené de Washington sur toute l’Amérique latine. Or l’article d’Amnesty International ne mentionne même pas les États-Unis, et bien évidemment pas non plus son plein soutien à l’opposition d’extrême-droite et aux appels de cette dernière au soulèvement de l’armée et de la police contre le régime. L’article parle d’irrégularités électorales sans jamais préciser que pour chaque élection, le Venezuela accueille de nombreux observateurs étrangers et que les contrôles y sont beaucoup plus stricts qu’en France. Enfin Amnesty International s’offusque du silence du procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan : s’il ne dit rien, c’est peut-être qu’il a toutes les raisons de se taire. Quand l’ONG écrit que « le gouvernement vénézuélien réprime de longue date toute forme de dissidence », elle ferait bien d’aller enquêter sur le comportement de la bourgeoisie qui organise des pénuries ou sur les agents provocateurs discrètement financés par toux ceux qui ont intérêt à déstabiliser le régime de Maduro. Ce dernier n’est pas parfait, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, en partie parce qu’il est constamment sous pression extérieure et face à un processus de sapement interne, mais il est plus que temps de laisser les Vénézuéliens exercer leur souveraineté nationale et profiter des ressources du pays sans que le capitalisme international ne vienne pomper dans son sol. Je renvoie ceux que ça intéresse d’avoir un autre point de vue que celui de Washington à une série d’articles publiés sur Le Grand Soir et bien documentés (ce sont parfois des traductions) sur le Venezuela qui mérite bien mieux que les réquisitoires réducteurs d’une soi-disant organisation NON-gouvernementale qui peut toujours attendre un seul peso de ma part.
À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.
Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès
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