On écrase bien les cyclistes
Le rassemblement du samedi 19 octobre à Dole a oscillé entre recueillement ému et colère contenue. Le discours prononcé par Thomas Gaillard, le président de Dolàvélo, reflète tellement bien ce que la soixantaine de manifestants ressentaient qu’on lui a demandé de nous le passer. Le voici donc: il est divisé en trois parties car il a prononcé en trois lieux:
PLACE GRÉVY
Ce qui nous réunit aujourd'hui, c'est la tragique accident qui s'est déroulé à Paris mardi soir. Un conducteur de SUV a écrasé un cycliste, Paul, militant vélo de 27 ans, suite à une altercation. Nous sommes touchés en tant que cyclistes évidemment mais en tant qu'humain surtout.
Ce qui est arrivé à Paris, aurait très bien pu nous arriver à Dole. Ayant pratiqué le vélotaf cet été durant 4 semaines, j'ai frôlé l'accident à 3 reprises et à chaque fois, cela était dû à un défaut de priorité de la part de l’automobiliste. Les nombreuses remontées des adhérents de l'association Dolàvélo font fréquemment état de l'insécurité que connaissent les cyclistes dans leur déplacement quotidien du fait du manque de compréhension entre chacun des usagers de la route et du manque d'aménagements sécurisés...
Nous parsèmerons donc cette courte marche de quelques exemples.
Pour commencer, prenons l'avenue de Northwich : Si on écoute la population générale des usagers de l'automobile, le cycliste est toujours fautif, on ne remet jamais en question les défauts d'aménagement des municipalités. Pour un cycliste du quotidien, l'aménagement zone de rencontre avenue Northwich était vraiment le minimum qu'il pouvait attendre. Nous avons encore rencontré les services de la ville cette semaine pour leur rappeler notre volonté de voir des vélos marqués au sol sur cette avenue et une sécurisation des intersections. Une minute de silence sera faite rue de Besançon. (« Libérez les cyclistes enfermés dans leurs voitures », slogan scandé autour de la place Grévy)
RUE DE BESANÇON
De nombreuses altercations ont été recensées sur cette rue de Besançon dans le passé. La municipalité a alors pris un arrêté interdisant le contre-sens cycliste contre l'avis de nos adhérents et de l'ancien président de l'association il y a 2 ans. Cette zone de rencontre a alors perdu de sa philosophie mais pas de sa dangerosité. Pour ma part, je me suis déjà fait doublé par des automobilistes malintentionnés et inconscients dans le sens de circulation. Ils passaient alors sur le trottoir pour ce faire : une aberration! Et le 20 est rarement respecté !
Pour rappel, un piéton pourrait cheminer sur la chaussée de la place Grévy jusqu'à l'entrée de la voie piétonne sans s'arrêter. L'automobiliste devrait alors rester derrière lui sans moufter... c'est le code de la route!
Nous plaidons auprès de la municipalité pour une signalisation plus explicite encore à l'entrée de ces zones et par le biais, pourquoi pas, de flyers. Nous oeuvrons également pour le retrait pur et simple de cet arrêté.
Car, selon nous, c'est une question de vivre-ensemble et de partage de la route. Un cycliste n'est pas qu'un touriste qui a le temps de faire des tours et des détours, c'est aussi une personne qui consomme, va à l'école... bref qui fait ses déplacements au quotidien.
Pour une vision plus globale, l'association défend la ville à 30 avec des axes structurants à 50 (muni d'aménagements sécurisés et continus) et un hyper centre en zone de rencontre. Cela permettra de rendre la ville vraiment cyclable et vivable! Quand on est en ville, on n’est pas sur une piste de rallye! Tout puissant dans sa voiture-bolide, on se sent invincible, se moquant des autres usagers... Face à un cycliste, cela peut vite être le cas comme l'exemple de mardi soir. Je vous propose la minute de silence pour tous les cyclistes décédés suite à un accident de la route (225 cette année en France) avec une pensée particulière pour Paul évidemment...
PLACE DE LA SOUS-PRÉFECTURE
Contrairement à l'appel national, nous avons choisi la sous-préfecture comme point de ralliement final pour plusieurs raisons.
La première car nous avons lancé l'appel suite à la demande de plusieurs adhérents avant le national.
La deuxième c'est l'histoire de Jules qui s'est fait tabasser dans la rue adjacente en 2022, suite à une altercation violente avec un automobiliste qui se croyait dans son bon droit. Le cycliste sait qu'il peut remonter la rue grâce au "sauf vélo" placé sous le panneau de sens interdit, l'automobiliste ne le sait pas car le panneau est un sens unique (sans vélo en face) et il n'y a aucun marquage au sol. Ce sont des remontées que nous faisons régulièrement à la ville.
La troisième raison est le vote du budget à l'assemblée qui prévoirait de passer à 0 le financement du vélo en 2025. Une décision politique en totale contradiction avec les engagements pris par le Gouvernement en mai 2023 dans le cadre du Plan Vélo 2023-2027.
Les acteurs du vélo avaient salué la publication de ce plan qui promettait un investissement à hauteur de 1,25 milliard d’euros sur 2023-2027 pour doubler le nombre de pistes cyclables en France. Cela a plutôt bien marché en 2023 mais depuis… Transition écologique, sécurité routière, santé : les investissements qui ne sont pas réalisés aujourd’hui pour le vélo se paieront le double demain.
Alors si nous voulons éviter ce genre d'évènement, j'en appelle solennellement aux différentes strates, collectivités et État de prendre réellement en considération ce besoin de ville cyclable.
Chers cyclistes, nous sommes vos relais, n'hésitez pas à nous faire vos remontées de terrain afin que nous puissions défendre nos intérêts. J'en profite pour vous signaler qu'au printemps une nouvelle campagne du baromètre des villes cyclables se déroulera, il est important que nous répondions au maximum afin de faire bouger la cause en faveur du partage de la route, de la bonne place accordée à la bicyclette. Je vous remercie tous d'être venus ce matin.
À propos de l'auteur(e) :
La Rédac'
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