Culture

La Feuille (en roue libre)

Publié le 03/11/2024 à 20:02 | Écrit par Iléon Tataniel | Temps de lecture : 02m34s

La citation du jour : « N’écoute pas les idoles … », France Gall 

A peine sorti de l’adolescence, j’avais deux auteurs culte : Blaise Cendras et Louis Ferdinand Céline. 

Frédéric Louis Sauser, dit Blaise Cendrars, avait perdu un bras pendant la Grande Guerre (citoyen suisse, il s’était engagé dans la Légion Etrangère). Picasso disait de lui : « Celui qui est revenu de la guerre avec un bras en plus » et quand il allait au théâtre un de ses amis lui tendait sa main pour qu’il puisse applaudir. Grand amateur de picrate, il se saoulait sur les bords de Seine avec son pote Amedeo (le Grand Modigliani) et les autres de la Ruche ou du Bateau Lavoir. 

Pendant la deuxième guerre, au début, il est correspondant de guerre chez les Britishs (Chez l’Armée Anglaise, Paris Corrêa 1940 – le livre sera pilonné par les Allemands), puis il se réfugie après la débâcle à Aix-en-Provence. 

Ceci dit, ça n’était pas un ange non plus le Blaise, il a abandonné femme (Fela Poznańska) et enfants pour vivre sa vie. Mort en 1961, il est enterré au cimetière des Batignolles. 

Miriam Gilou-Cendrars a écrit une biographie (honnête et pas trop complaisante) du papa. 

Louis Ferdinand Destouches dit Céline, était lui aussi grand blessé de guerre et réformé en 1915. Il est d’abord médecin, il écrira d’ailleurs une thèse remarquable : « La vie et l’oeuvre de Philippe Ignace Semmelweis » dans laquelle il dénonce la bêtise et la xénophobie et la bêtise des médecins viennois à l’égard d’un Hongrois. 

Considéré comme l’un des plus grands écrivains du XXème siècle, il se fourvoie sous l’occupation : antisémite et collaborateur ! « Je viens de publier un livre abominablement antisémite, je vous l'envoie. Je suis l'ennemi n°1 des juifs. » Condamné, puis gracié après la guerre, il meurt lui aussi en 1961 et est enterré à Meudon. 

Et tout ça pourquoi ? Ben pour en arriver au fait que si l’on peut admirer une œuvre, il faut se garder d’en admirer l’auteur systématiquement, sachant que par nature, nous avons (presque) tous une personnalité duale comme ce bon Abbé Pierre. Tout ça n’exclut pas l’amour des autres à condition de ne pas être dupe : et il n’y a rien pour moi rien de pire que l’omerta dans les familles en particulier. 

Petite Anecdote Familiale de la Seconde Guerre Mondiale ou l’"Omerta" dans les Familles 

L’un de mes oncles par alliance vivait en Corse dans un moulin isolé au bord de la mer. Grand buveur, il pêchait à l’explosif et faisait pour ses amis des soupes de poissons avec 50 kg de poissons de roche copieusement arrosées au vin maison. Un personnage quoi !
 Un jour que je lui rendais visite, il me demanda : 

« Tu restes diner et tu dors ici bien sûr ? 

- Je peux pas tonton, j’ai un rencard" 

- Tu as une petite ? Une continentale? 

Elle est allemande, tonton. »
 ... et lui qui n’avait que son certificat d’études se met à me parler allemand comme un vrai spountz !
 « Tu parles allemand tonton ??? »
 ... il m’entraina alors à l’écart...
 « Tu dis rien à Jacqueline (ma tante), mais j’ai fait le STO dans une ferme, tous les hommes étaient à la guerre... ça a été la plus belle période de ma vie … » 
 Pas collabo le tonton, mais un brin réaliste... Ah l’amoul (comme disent les Japonais) 




À propos de l'auteur(e) :

Iléon Tataniel

Producteur de salades (les textes) et penseur solitaire.


Géologue éclectique

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