Brèves éclaircies en fin de journée
PSEUDOS À GOGO.- Elle se nomme Clarissa Ward, c’est son vrai nom, elle opère sur CNN comme… disons comme présentatrice-phare, on parle parfois de grand reporter, elle n’a pas froid aux yeux, elle est toujours bien peignée, elle rentre dans les prisons du régime de Bachar Al-Assad en Syrie, elle tombe sur une couverture à même le sol. Sous la couverture, oh surprise ! un homme. Ça tombe bien parce qu’il n’y avait vraiment plus personne dans cette prison désertée. Alors cet homme abandonné, c’est une véritable aubaine. La caméra ne s’arrête pas de filmer. On remarque bien que le rescapé n’a pas l’air en mauvais état, ni trop amaigri ni trop mal habillé et que sa barbe ne semble pas hirsute. Il prétend pourtant avoir été tabassé pendant plusieurs semaines. Clarissa ne demande qu’à le croire. Les télés du monde entier aussi. Les tortionnaires de Bachar n’ont vraiment pas abimé notre prisonnier. Il dit qu’il s’appelle Adil Hurbal, ou peut-être Adel Gharbal. On trouve tout de même qu’il serre un peu longtemps la main de Clarissa, qu’il s’épanche un peu trop sur son épaule, c’est bizarre, suspect, ce n’est pas dans les habitudes des Syriens. Mais bon, c’est poignant devant la caméra. Le public adore. Gharbal part avec les hommes du Croissant rouge. Pas de soin d’urgence. Pas de visite médicale. Pas de constat de mauvais traitement. Pas très professionnel, ça, les gars! On le relâche dans la nature, en le confiant à un proche, on le retrouve à Homs où il essaie de faire croire à des bobards. Clarissa découvre enfin qu’Adil s’appelle en réalité Salama Mohammad Salama (SMS), que c’est une ordure particulièrement corrompue du régime déchu et qu’il s’est retrouvé dans la taule après un règlement de compte avec un autre ripoux plus gradé. Clarissa clame partout qu’elle est de bonne foi. On la croit sur parole. Elle gardera sa carte de journaliste avec une mention spéciale : jobard de première classe. La classe américaine.
SARKOZY AU PILORI.- J’avais pris un peu d’avance l’autre jour en annonçant à une collègue que Nicolas Sarkozy portait un bracelet électronique après sa condamnation et que c’était un scandale de l’accueillir à Notre-Dame pour les cérémonies de réouverture de la cambuse. Je ne me trompais que de quelques jours. Il nous restera à surveiller le petit septuagénaire, à bien s’assurer qu’il ne touchera pas sa retraite durant sa peine, qu’il ne bénéficiera d’aucun passe-droit, que ses visites seront règlementées, qu’il n’aura aucun rapport sexuel avec son épouse qui devra faire chambre à part si ce n’est déjà le cas, qu’on le réveillera à 6h30 tous les matins et qu’on coupera les lumières à 20h00 tous les soirs, qu’on l’obligera à avoir un poster de Khadafi punaisé au plafond au-dessus de son lit qu’il fera tout seul comme un grand, bref on lui pourrira la vie autant que possible.
À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.
Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès
Retrouvez tous les articles de Christophe Martin