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Où sont passés les jeunes?

Publié le 10/01/2025 à 14:02 | Écrit par La Rédac' | Temps de lecture : 02m53s

Une question fait le siège de notre esprit depuis plusieurs semaines: pourquoi les manifestations doloises de soutien à la Palestine semblent-elles si peu mobiliser, et surtout ne concerner que des personnes "d'un âge certain", retraitées pour l'essentiel? C'était encore frappant samedi dernier… Les aînés qui se mobilisent pour la paix au Moyen-Orient ont peut-être le souvenir encore douloureux des méfaits sur toute une génération de la guerre de décolonisation en Algérie, ce qui les rend hypersensibles au drame palestinien…? Quant à ceux que l'on nomme socialement "les actifs" (pauvre Bernard Friot qui s'insurge pourtant à juste titre devant cette distinction parfaitement injuste !), ils se comptaient samedi encore sur les doigts de la main. Sans doute la plupart d'entre eux se sentent-ils écrasés par la lourde gestion du quotidien qui laisse peu d'espace au souci du monde… Est-ce cela? Mais les jeunes, actifs ou pas, étaient tout bonnement absents (il est bien entendu qu'il ne s'agit pas de généraliser, car bien des jeunes des métropoles crient haut et fort leur désaccord)… Pourquoi donc cette absence notable? Pouvez-vous m'aider à comprendre… ? Pour mieux convaincre autour de nous évidemment!

Les mobilisations sur thématiques sociales, des gilets jaunes à la réforme des retraites ou à la colère des agriculteurs, ont pourtant suscité une adhésion manifeste dans notre région, c'est certain. Sans être impressionnants, les cortèges ont tout de même été honorables… J'ai peine à croire que ceux-là même qui protestaient contre les injustices sociales soient indifférents aux injustices du monde, et tout particulièrement au sort inqualifiable réservé aux Palestiniens! Alors, comment expliquer la tiédeur apparente pour cette cause? Les pratiques génocidaires ne méritent-elles pas, autant que le "pouvoir d'achat", que l'on clame haut et fort sa révolte et son dégoût devant des comportements barbares qui ne devraient souffrir aucune justification? 

Pourquoi notamment les jeunes (lycéens, étudiants, apprentis…) de notre petit bout de terre, capables de se lever face au changement climatique et pour la protection de la nature, ne le font-ils pas pour soutenir la jeunesse décimée de Palestine? Pourquoi? Ont-ils vu ce qui a été fait à cette terre qui fut naguère un verger? Croient-ils que trier sagement nos déchets compensera la pollution irrémédiable due aux tonnes de bombes répandues sur terre, dans l'air et dans la mer?

Sont-ils victimes de la manipulation médiatique qui distille à propos du Moyen-Orient la vision, pervertie par l'appétit de puissance et de domination, des maîtres du monde qui veulent simplement préserver leur accès aux richesses de l'Eurasie? Sont-ils dans l'ignorance des faits historiques qui attestent depuis longtemps l'intolérable violence coloniale? Sont-ils perméables à l'arabophobie rampante de notre société? Craignent-ils les violences d'État qui ont accueilli depuis quelques années les protestations populaires?  Sont-ils tenus à l'écart du monde par une "gamesociety" qui les invite à fuir le réel? Vont-ils tout simplement psychologiquement trop mal, comme le soulignent beaucoup de pédagogues et de soignants, à l'idée d'un avenir dont ils n'attendent que méfaits et abandon? Sont-ils indifférents ou seulement persuadés de leur impuissance?

Il faut bien dire qu'on peut à bon droit se questionner sur la portée de ces mobilisations et comprendre la lassitude des protestataires devant l'inefficacité des manifestations tant de soutien que de dénonciation. Certes nous crions souvent dans le désert, d'autant que nos dirigeants nous opposent leur implacable surdité volontaire! Mais si le proverbe dit "Calomniez, il en restera toujours quelque chose", nous rétorquons "Dénoncez, il en restera toujours quelque chose"! Et justement, les gens âgés savent d'expérience que les résistances populaires - contre la guerre du Viet Nam, contre la colonisation, contre les discriminations ou, en 68, contre le modèle autoritaire…-, ont souvent finalement eu gain de cause! C'est pourquoi ils tiennent bon, contre vents et marées! C'est dans leur culture! Alors venez quand même les rejoindre!

Avez-vous d'autres hypothèses? Ou tout simplement une autre perception?

La tribu Passiflore.




À propos de l'auteur(e) :

La Rédac'

Donner la parole à ceux qui ne l'ont pas, voilà une noble cause ! Les articles de la Rédac' donnent le plus souvent la parole à des gens que l'on croise, des amis, des personnalités locales, des gens qui n'ont pas l'habitude d'écrire, mais que l'on veut entendre...


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