Brèves d'école
PÉPÈRE VOUS EMMERDE.- En allant bosser, je passe devant une école primaire, Wilson sans doute. Des gamins descendent d’un bus et vous savez comme les gamins peuvent être cons lorsqu’ils descendent d’une bétaillère où on les a entassés. L’un d’eux me fait une sorte de grimace excitée à laquelle je réponds par une horreur du même acabit. J’adore faire des grimaces dans la rue et les occasions sont rares. Et puis alors que je poursuis mon chemin, un autre moutard mal embouché me lance : « Bonjour, Papy! » sur un ton que j’estime pour le moins provocateur. Je m’apprête à passer mon chemin, pas trop concerné, vu que mon petit-fils m’appelle Pépère quand j’entends l’un des petits camarades de l’effronté lui dire : « Oh, qu’est-ce que tu es méchant ! » Puis vers moi : « Monsieur, il vous a traité de papy! » Là-dessus, je m’arrête, me retourne et reviens sur mes pas. Je m’adresse au premier : « Des cornichons mort nés comme toi, j’en trouve des bocaux entiers au supermarché. » Puis je me tourne vers son copain, le mouchard : « En revanche, les modèles comme toi sont beaucoup plus rares mais vivent très vieux dès la naissance. » J’ai ensuite repris dignement mon chemin… pépère. CM
HARCÈLEMENT SCOLAIRE.- Imagine un peu : tu es une ado de 13 ans, tu es en cours de français, en troisième au Collège de Maizières-lès-Metz, dans la Moselle. On est le 22 janvier. Tu penses à ton père qui est emprisonné au Burkina Faso suite au dernier coup d’État et tu te demandes si… quand le CPE te réclame dans le bureau de la vie scolaire. On te met dans une salle à l’écart et quand on vient te chercher, c’est les gendarmes qui t’embarquent. Tu sais tout de suite que c’est parce que tu es « sans-papiers » mais tu croyais que dans l’école de la République, tu étais en sécurité. Ben non ! On doit t’expulser avec ta mère et ton frère en Belgique. Les gendarmes vont reconnaitre qu’ils n’avaient pas le droit de venir te chercher au collège. Mais maintenant que c’est fait, tu penses bien, qu’ils ne vont pas faire marche arrière. Leur ministre là-haut à Paris, celui qui a une tête de fayot de la classe et de mouchard de 42, a déjà décidé de rehausser le niveau minimum de français oral et écrit qu’on réclame aux migrants qui veulent obtenir une régularisation. Ça va pas faire l’affaire des femmes dont le niveau d’études est déjà plus bas que celui des hommes et qui n’ont pas toujours l’occasion d’apprendre la langue comme toi à l’école parce qu’elle sortent moins, parce qu’elles craignent les rafles et qu’elles doivent chercher de quoi nourrir les mômes et les hommes, et les habiller. Tu as peur, tu ne sais pas quoi faire, tu n’as que 13 ans. CM
À propos de l'auteur(e) :
La Rédac'
Donner la parole à ceux qui ne l'ont pas, voilà une noble cause ! Les articles de la Rédac' donnent le plus souvent la parole à des gens que l'on croise, des amis, des personnalités locales, des gens qui n'ont pas l'habitude d'écrire, mais que l'on veut entendre...