Société

Des cons, des robots et nous autres

Publié le 13 mars 2025 à 18:02 | Écrit par
Christophe Martin
| Temps de lecture : 04m11s

Les robots, ça n’ose rien et c’est même à ça qu’on les reconnait. A l’inverse, les cons débordent d’imagination pour faire chier le peuple. Jamais là où on les attend, imprévisibles comme la foudre pour frapper où on n’a vraiment pas besoin d’eux, sinon, on n’est pas cons, on prendrait nos précautions. 

Les gros cons du moment sont suprématistes, prédateurs, cornucopiens et technosolutionnistes. Bon, je reprends plus lentement. 

Suprématiste, le con est persuadé que lui et son clan, sa race ou sa classe sont faits pour dominer le reste de l’humanité qu’il préfère baptiser ressources humaines s’il a bac+5 ou main d’oeuvre s’il recrute au nerf de boeuf. 

En général, Dieu l’a contacté en visio pour lui dire tout le bien qu’il pense de lui, pour lui intimer de faire fructifier son capital par le travail des autres, voire de rayer un pays de la carte et d’éradiquer le peuple qui vivait entre ses frontières. Parfois God place un pauvre type sur un toit avec un fusil tordu pour relayer l’info. Souvent le con en profite pour envahir le Groenland et y creuser très profond. Ça, c’est le côté prédateur. Les cons n’hésitent d’ailleurs pas à se prendre pour des aigles, des faucons ou des buses. C’est parce que les termes extractiviste et impérialiste sont difficiles à dessiner sur un drapeau autrement que par une pelleteuse ou un bulldozer.

Cornucopien, ça vient de la corne d’abondance et de l’idée que les richesses naturelles sont infinies et qu’y a qu’à se servir. Bizarrement, le cornucopien n’est pas partageur. Y a qu’à se servir mais y en n’aura pas pour tout le monde !

Et le technosolutionniste prend la relève : si la Terre vient à s’épuiser, y aura toujours une solution technique et sophistiquée pour aller exploiter des météorites ou coloniser des exoplanètes à des années-lumière de l’arrêt de bus le plus proche. 

Et là, vous vous dites, il est con, Martin : les nazis étaient athées et n’ont jamais imaginé quitter la Terre ! C’est vrai, il aurait fallu leur laisser un peu de temps mais par chance, les Alliés, Soviétiques en tête, leur ont grillé la politesse. En 1945 donc, fin officielle de l’ère nazie en Europe, mais pas de l’impérialisme qui va se taper l’incruste un peu partout sur la planète au nom du profit d’une infime minorité, une oligarchie qui va se dépêcher de faire croire au reste de l’humanité que la richesse profitera à tout un chacun, peut-être pas à parts égales mais tout de même.

Le con, tout comme le colon, est une espèce invasive : il se répand partout où il peut, campe dès qu’il peut planter son distributeur automatique. En plein conscience de sa supériorité technologique, le con improvise, il innove, il surprend. Pas toujours à bon escient et même mal à propos. Il tend le bras vers Mars, pollue le ciel étoilé et tout l’Internet et se rêve en Tamerlan 4.0. En fait, non, parce que le con n’a aucune idée de qui est Tamerlan. Optons donc pour CyberAdolf.

Et les robots dans tout ça ? Eh bien, les robots n’inventent rien de bien nouveau mais rendent possible ce qu’osent sans retenue imaginer les cons. Ils matérialisent leurs pires délires hégémoniques, totalitaires et mégalomaniaques avec des inventions très ingénieuses mais pas toujours très utiles pourvu que ça se vende. Les cons et les robots sont donc faits pour s’entendre. L’immense majorité des robots ont d’ailleurs des rêves à la con, des rêves d’intelligence artificielle et de moutons électriques.

J’espère que vous ne vous serez reconnus ni d’un côté ni de l’autre et que comme nous autres, vous êtes bien en peine quoi faire face à ce déferlement  de technoploucs à l’échelle industrielle. Parce que malgré le tableau peu reluisant que j’ai pu vous en dresser, le con séduit, se pose comme modèle et donne envie de lui ressembler. Pas physiquement bien sûr : personne ne désire avoir la tronche de Bezos, Zuckerberg ou Musk. Mais des milliards de consommateurs rêvent de posséder un smartphone à 3000 balles, une Tesla à plus de 100 000, une immense villa connectée totalement « carbon free », un casque de réalité virtuelle, un jacuzzi qui fait rajeunir, une soucoupe volante pour aller passer le weekend sur Pandora, un androïde sympa toujours prêt à rendre service. Comment ne pas vouloir être l’un de ceux-là ? Comment résister à la tentation techno bling bling ? Que proposer pour rivaliser avec cette technologie aguichante et putaclic ?

Eh bien, sur le papier, Libres Commères vous offrait le mois dernier un fantastique dessin photocopiable de Léandre, les mots croisés de Brok et Shnok qui vous auront fait gagner un point de Qi et Chris Proll vous aura probablement sauvé du suicide, du scrolling ou de Cnews. Chaque article de ce numéro, lu en entier, a renforcé vos défenses immunitaires contre le mirage néolibéral.

Sur le site, Lucien a fait des miracles. Librescommeres.fr est encore plus agréable à parcourir. On a envie de passer sa vie à dévorer les plus de 1000 articles en archives et à feuilleter les 54 PDF dans Délivres Commères. Et j’ai gardé le meilleur pour la fin : le site est aujourd’hui muni d’un agenda. Finies les semaines à ne plus quoi savoir faire de votre existence : tout ce qui vaut le coup d’être tenté est à portée de clic. Alors, elle est pas belle la révolution technocommère ?



À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.

Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès
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