Culture

Des peons de Haute Saône en plein Mexique

Publié le 19 mars 2025 à 18:52 | Écrit par
Christophe Martin
| Temps de lecture : 01m49s

Dans nos colonnes, on fait rarement la retape pour des évènements culturels, littéraires ou autres, mais les Amis des Belles Latines invitent ce vendredi une ethnologue (c’est pas si souvent qu’on en rencontre !) qui entretient les liens assez étroits qui existent entre Champlitte, charmante bourgade de Haute-Saône (47° 37′ 01″ nord, 5° 30′ 53″ est pour les aventuriers) et les communes mexicaines de Jicaltepec et San Rafael, sur les berges du Rio Filobobos, à l’est de Mexico City, non loin du Golfe du Mexique (20° 11′ 20″ nord, 96° 51′ 57″ ouest pour les puristes). Mais diantre, me direz-vous, quel est le rapport avec la cancoillotte ? 

Eh bien figurez-vous, qu’à partir de 1833, des paysans de Champlitte, dans le 70 donc, durement touchés par le phylloxéra et les gelées tardives qui frappaient la vigne, se sont mis à rêver d’un ailleurs un peu moins merdique. L’initiateur de cette colonie mexicaine, Stéphane Guénot a lu Charles Fourier, doubien de naissance (1772-1837), et il a rêvé de créer un phalanstère, c’est-à-dire une communauté socialiste utopique, agricole dans ce cas précis, dans le nouveau monde. En 1835, 120 migrants haut-saônois vont se laisser tenter par cette aventure qui connaitra pas mal d’épisodes tragiques : chambardements politiques, épidémie de fièvre jaune, catastrophes naturelles. Le rêve égalitariste qu’on avait vendu aux migrants n’est pas non plus tout à fait au rendez-vous, la théorie fouriériste ne rejoint pas la réalité du terrain et l’idéal y a laissé des plumes. Mais les colons ont résisté et leurs descendants ne lâchent pas la mémoire de Champlitte. Aurélie Dumain, qui est responsable scientifique des musées départementaux des arts populaires de Haute Saône, a réalisé au Mexique et avec le vidéaste Christophe Monterlos, un documentaire de 52 min « Cultiver l’esprit des ancêtres ». On le visionnera et elle répondra à nos questions. L’intérêt de cette soirée est donc double : ethno-paysanne avec la découverte d’une communauté agricole de l’autre côté de l’Atlantique et réalistico-politique avec un atterrissage forcé pour une utopie communautaire.

Soirée mexicaine, projection du documentaire et échanges avec Aurélie Dumain, médiathèque de l’Hôtel Dieu, vendredi 21 mars, 19h00, entrée libre.

Notre illustration : Benoit Huot, La maison des ancêtres, espace d'exposition "Rêves mexicains", Musée départemental Demard des Arts et traditions populaires de Champlitte, 2019, une photo prise par Michèle Carbonneaux



À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.

Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès
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